Transformers Devastation

Transformers Devastation

Un jeu vidéo, c’est une vision, c’est un projet, et c’est une œuvre. Platinum Games est un studio excellent sur lequel je suis abondamment revenu il y a peu, et a eu en son sein Mikami ainsi que Kamiya en même temps durant ses débuts, alors que le créateur de Bayonetta et Devil May Cry est encore membre de la boîte. Si je tiens à le rappeler en ce début de critique, c’est pour envoyer un message clair à la presse qui a osé qualifier ce titre ici-présent de correct, voire de recommandable. Vous n’en avez simplement pas le droit. Si Transformers Devastation est un jeu à conseiller, alors c’est la porte ouverte à de nombreux foutages de gueule, et son statut de jeu budget n’excuse rien.

 

Alors dans les premiers instants, on se dit « Ah bah voilà un jeu qu’il va être bon !  » . En effet, l’esthétique reprend trait pour trait les graphismes des dessins animés d’origines, ceux qui voulaient vous faire acheter des jouets et qui étaient très mauvais… les jouets comme le dessin animé. Enfin, j’enfonce une porte ouverte, mais si je continue, elle va me revenir dans la gueule avec une foule de nostalgique et je serais bien dans la merde. Toujours est-il que si vous faites partie de ceux qui trouvaient les dessins animés d’époque très… charmant, eh bien vous serez aux anges avec la patte visuelle de ce titre, et c’est déjà bien de faire du fan service dans un jeu à licence ; c’est une délicate attention.

Tout comme c’est toujours bien de voir qu’il y a eu un grand soin sur le gameplay. En calquant son système de jeu sur Bayonetta, le réalisateur Kenji Saito fait son exécutant, et le fait bien. Une fois qu’on se bat, on voit avec plaisir le personnage se mouvoir avec fluidité ; beaucoup de belles animations, combos, et autres joyeusetés qui renvoient directement aux réussites de Bayonetta. Le tout en soixante images seconde mon bon monsieur, et on remercie les développeurs pour cette délicate attention. On les remercie aussi pour un grand nombre d’équipements permettant de personnaliser son style de jeu de manière assez importante, de quoi pousser la rejouabilité en théorie, surtout qu’il y a cinq personnages jouables tous très différents.

Seulement voilà, Transformers Devastation dure cinq heures pour un run. Vous trouvez ça court ? Sachez qu’il recycle à loisir les environnements… ainsi que les boss et les ennemis. C’est ballot, hein ? Le jeu délaie tant sa sauce dans ce qui ressemble à une urgence de développement qu’on en vient à se dire (… à raison) que si cela n’avait pas été fait, le jeu n’aurait pas excédé les trois heures de durée de vie. Malaise. Malaise, surtout quand à bien y regarder, si le système de combat est une jolie réussite dont peu se féliciter Kamiya… pardon Kenji Saito, on a un peu plus de mal à laisser passer des phases de plateformes poussives, des phases de courses ahurissantes d’imprécision, et… oh mon dieu, cette phase inutile de rail shooter, doublée d’une section où le jeu se transforme en jeu d’action en vue de dessus.

Le cancer Platinum Games dans tous ses états. Il y a même un seul et unique QTE à la fin du jeu, comme un dernier troll pour les frustrés de Bayonetta. Sans doute une manière de dire « Hehe, on a retenu la leçon ! Y avait pas de QTE dans tout le reste du jeu !  » . Ouais, c’est bien marrant les gars, fantastique. Maintenant, on aurait aimé un jeu avec un vrai contenu aussi ; cinq heures de jeu, avec les séquences pour rallonger artificiellement la durée de vie comprises, cinématiques inclues, ça ne vous pose pas un petit problème ? Le pire, c’est que le jeu pousse le vice à tenter vainement de nous faire rester avec des collectibles franchement pathétiques, et une chasse au loot passant par des énigmes pour abrutis, ainsi que de « l’exploration  » dans des couloirs labyrinthiques. Franchement, les gars ? Allez bien vous faire mettre dans tout le sens de la longueur, parce que vous avez vendu cinquante balles un jeu qui n’en vaut pas plus de vingt euros. Fait amusant, Legend Of Korra a été vivement critiqué à son époque (… et à raison) pour les mêmes défauts et les mêmes qualités, sauf qu’il était vendu quinze balles, et c’est là toute la différence.

On pourra citer le système de craft aléatoire d’améliorations pour le personnage, assez hypnotique pour vous faire revenir entre deux missions, histoire d’influer sur les statistiques du personnage. Ou encore le système d’amélioration des armes qui vient booster les capacités de vos équipements favoris, enrichissant les combats. Parlons-en d’ailleurs : j’ai dit qu’ils étaient bons, mais j’ai omis de vous dire que j’ai commencé le jeu en difficile avant de redescendre en normal. Pourquoi ? Pas parce que les IA sont plus performantes, juste parce que ces sacs à PV de boss sont déjà longs à tuer en normal, en difficile, il faut facilement frapper sans relâche sur eux pendant cinq bonnes minutes pour en voir le bout, et ce dès le premier boss.

C’est infect. On a vraiment du mal à l’accepter venant d’un système de combat aussi réussi, surtout lorsqu’on se retrouve à affronter quatre fois les mêmes boss tout le long du jeu. On pourra aussi s’alarmer du level design qui brille par son absence de recherche, ou même de maîtrise avec beaucoup de séquences où l’on se demande si on n’est pas face à un jeu en alpha. Malheureusement, non. Et si les débuts du jeu sont agréables, après une heure, le mythe s’effondre totalement, au point de laisser place à un final enchaînant des combats lourdingues en arène dans un rush narratif (… parce que oui, il y a une histoire, mais restons poli) aberrant qui nous laisse bouche-bée. Et une fois qu’on a fini le jeu, on se rend compte qu’en ne jouant qu’avec un seul personnage sur les cinq, on n’est pas au niveau maximum, et qu’il reste quatre d’entre eux à faire leveller pour avoir tous les succès, ainsi que débloquer toutes les missions défis qui consistent en des arènes avec des contraintes, comble du recyclage.

Tu sais quoi Activision ? Je t’emmerde. Tu sais quoi Platinum ? La prochaine fois quand tu fais de la commande, veille à ne pas faire d’une base solide une soupe délayée à l’extrême histoire de faire durer un jeu, qui est au final pas loin du supplice passée la première heure agréable, les deux suivantes passables, et les deux dernières affreusement répétitives. Avec moins de dix ennemis, deux environnements, le tout répété à l’excès pour faire semblant d’avoir un contenu décent alors qu’il n’y a rien dans ton jeu (… si ce n’est du loot pour faire illusion trois secondes), on est en droit de se demander si on n’est pas ouvertement en train de se foutre de notre gueule.

 

Cinq heures plus tard pas forcément folichonnes, il y a de quoi s’inquiéter pour la direction que prend Platinum Games, surtout après l’annulation de Scalebound. On rêve que Nier Automata soit autrement plus réussi, mais à force de vouloir avoir de quoi remplir son frigo à la fin du mois quel qu’en soit le prix, le studio d’excellence en vient à dégoûter ses plus fervents défenseurs. Toujours aussi expert lorsqu’il s’agit de faire des beaux combats, Platinum se repose sur des acquis solides, qui masquent difficilement des développements courts pour des projets qui ne sont ni plus ni moins que des commandes effectuées sans idées et sans panache. Un conseil Kenji Saito : n’écris pas sur ton CV que tu es l’auteur de ce titre…

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A propos de l'auteur : Marcheur

Enfant attardé de Kreia et d’Alfred de Musset. Pense que tout est narration, et répète sans cesse qu’il donne tout en dansant comme un ouf

3 Commentaires sur “Transformers Devastation”

  1. Toupilitou dit :

    Laisses-moi te dire que je connais quelqu’un qui t’a jeté une malédiction thaïlandaise bien corsée pour avoir osé baver sur le dessin-animé Transformers

  2. Marcheur dit :

    Il a le droit d’avoir la nostalgie pour un stupide dessin animé cheapos fait pour vendre des jouets cheapos… Moi j’aimais bien Code Lyoko, chacun sa merde :p

  3. Toupilitou dit :

    Eh bin, on peut dire que tu m’auras fait découvrir un sacré nanard avec Code Lyoko ^^

    Bon sinon, on m’a chargé de te transmettre un message : « tu es déjà mort, mais tu ne le sais pas encore ! »
    (… bah ouais, on a les références qu’on peut )


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