Hand of Fate

Hand of Fate

De nos jours, une chose est sûre : les jeux hybrides ont la cote. Beaucoup de studios tentent de mélanger les genres pour rendre leur jeu atypique, mais le cocktail n’est pas toujours miraculeux. Qu’en est-il de Hand of Fate, développé par les australiens de Defiant Development ? En effet, ce dernier a choisi de mixer allègrement pas moins de quatre genres : Roguelike, jeu de cartes, livres dont vous êtes le héros et beat’em all. Mes chers gobelins, je vais tenter de vous éclairer sur la chose. Allez, c’est parti !

 

J’ai connu des hommes, mais jamais des comme vous

Parfois, il y a dans la vie des coïncidences heureuses, même si elles ne sont pas toujours si imprévues que ça. Les joueurs veulent relever des défis, affronter des épreuves et se lancer dans des conflits risqués où ils pourront tester les limites de leurs avatars. Et d’emblée, au lancement du jeu, vous serez accueilli par votre meilleur ennemi, celui que vous aimerez détester : le Maître du Jeu. Ce dernier, dans la plupart des RPG, représentant du développeur, est quasiment toujours en retrait et est bien souvent réduit à une simple voix off ou via d’autres mécaniques plus subtiles. Defiant Development en a décidé autrement, puisque ce dernier est précisément au centre du jeu, prenant l’apparence d’un sorcier enturbanné assis en face de vous. Vous voilà directement dans l’ambiance. Et voici donc que notre marionnettiste en chef prend forme ; autant vous le dire tout de suite, le bougre est sacrément caustique.

À la manière d’un livre dont vous êtes le héros, le Maître du Jeu, enfin personnifié, va vous guider, vous proposer des choix et bien évidemment se moquer de vous sans vergogne dès que vous trébucherez. Ici, point de création de personnage, de répartition de points de compétence et compagnie. Vous serez d’emblée dans la peau d’un aventurier fauché, à la coiffure punk, armé simplement d’une hachette et d’un bouclier en bois, et ne disposant que de quelques provisions et piécettes. Lorsque vous démarrez, vous disposez d’un deck imposé, ce dernier évoluant en fonction des différents runs que vous effectuerez, mais j’y reviendrai plus tard. Le Maître du Jeu mélange alors les cartes et en dispose un certain nombre faces cachées sur la table. Le joueur, incarné pendant cette phase par une figurine, doit se déplacer de carte en carte, rencontre après rencontre, mais uniquement dans quatre directions (nord, sud, est, ouest), les déplacements en diagonale n’étant pas permis. Chacun de ces déplacements consomme un slot de nourriture, ajoute cinq points de vie si ceux-ci ne sont pas au maximum (sur une base de 100 points de vie, qui peut être supérieure) et dévoile la face cachée de la carte où il est positionné. Par contre, si votre slot de nourriture est vide, vous perdrez dix points de vie à chaque déplacement.

 

C’est ça la puissance intellectuelle. Bac +2, les enfants !

Il existe différentes catégories de cartes : celles d’équipement (armes / armures / bijoux / artefacts), celles de rencontres et d’événements ou bien encore de bénédictions / malédictions. Des événements surviennent donc aléatoirement et vous permettront d’effectuer des choix ayant souvent des conséquences (positives ou négatives) cruciales sur la suite des événements ; à la manière d’un livre dont vous êtes le héros, être charitable ne sera pas forcément sans risques et être égoïste ne vous épargnera pas quelques soucis. Certains défis provoqueront des actions dont la réussite dépendra du hasard ; vous devrez en effet en choisir une parmi quatre cartes faces cachées (échec critique, échec, réussite, réussite critique). Bien évidemment, en fonction des événements et selon la puissance de votre deck, vous pourrez très bien avoir trois cartes d’échec critique, avec une seule et unique carte de réussite. Le tout étant selon le bon vouloir sadique de notre chère Némésis à la voix délicieusement onctueuse. Ces défis, s’ils sont réussis, permettront au joueur d’obtenir quelques bonus ou nouvelles cartes afin de compléter comme il se doit son deck. Un élément de bonus aussi gratifiant que permettant de briser une certaine répétitivité, inhérente à ce genre de jeux.

Là où les développeurs de Defiant Develomment font fort, c’est en ayant inséré des phases d’action pures et dures, là où on s’attendait à jouer pépère en cliquouillant par-ci par-là. Il existe donc des phases de combat, où notre personnage et son équipement prennent vie afin d’affronter des créatures dont le type et le nombre sont gérés plus ou moins aléatoirement en fonction du Maître du Jeu. À partir de là, dans des environnements relativement réduits façon arènes, mais jolis et variés, à vous de maîtriser le système de combos, blocages, contre-attaques, esquives, attaques spéciales. Dès lors qu’une créature vous attaque, un symbole apparaît juste au-dessus d’elle ; vert lorsqu’il est possible de contre-attaquer, rouge lorsque l’attaque ne peut être qu’esquivée. Ces phases, très beat’em all, demanderont de plus en plus d’exigence de la part du joueur au fur et à mesure de son avancée ; autant il est possible de rouler sur tout ce qui bouge au début, autant vers la fin, sans un équipement adéquat, la moindre erreur peut se payer chèrement. Et au-delà de tout ça, il est vrai qu’il est toujours plaisant de voir se matérialiser notre avatar avec son équipement, ainsi que les différents types d’ennemis.

 

Bon ben lui, il va m’prendre la tête

Dans le mode histoire, votre avatar devra parcourir trois séries d’aventures, ponctuées par des adversaires en rapport avec le boss que vous devrez affronter lors de la quatrième et dernière série. Au fur et à mesure de l’affrontement de ces boss, votre équipement de départ évoluera, histoire que vous ne commenciez pas tel le péquenaud de base. Ce sera à vous de définir les équipements et événements que vous pourrez potentiellement rencontrer à travers la gestion de votre deck. Par contre, les équipements et attaques spéciales accumulés lors d’un run seront déséquipés lors du prochain parcours. À vous de gérer votre deck afin d’avoir les chances de retomber sur LE super marteau de la mort qui tue trouvé par le plus grand des hasards. Allez, comme je suis de bonne humeur, je vais vous filer un petit tips : au démarrage, vous tomberez forcément sur un événement vous permettant de looter une arme. Plus vous ajouterez d’armes dans votre deck, moins vous aurez de chance de tomber sur la super arme. En ne laissant que cette arme, il ne vous restera alors plus qu’à combler votre deck avec d’autres types de cartes. Pour autant, ce cher Maître du Jeu se réserve la possibilité d’insérer aléatoirement des événements, des rencontres, ou bien encore des malédictions, pour votre plus grand déplaisir.

Mais, même si vous échouez, les remarques sarcastiques et / ou motivantes du sadique en chef toucheront au but puisqu’elles vous pousseront toujours à revenir inlassablement tenter votre chance face à une bonne dose de hasard : « Allez, encore un dernier p’tit run !« . Cet aspect aléatoire ne plaira clairement pas à tout le monde, mais tout ne repose pas évidemment là-dessus. Les combats feront appel à votre habileté, que ce soit à la manette ou au clavier / souris – pour avoir utilisé ces derniers, je dois dire qu’ils sont relativement bien gérés. Tandis que la gestion du deck monopolisera quelques-uns de vos neurones, puisque son élaboration vous permettra de déjouer certains pièges du Maître du Jeu. Toutes ces variations de phases amènent du rythme à l’ensemble et donnent un tout savoureux et addictif. Une fois toutes les séries de boss vaincues – comptez une dizaine d’heures si vous n’avez pas de moufles à la place des mains –, vous aurez toujours la possibilité de continuer à vous amuser via le mode « infini« . Comme son nom l’indique si bien, vous parcourrez indéfiniment des séries d’aventures avec une part d’aléatoire supplémentaire – car sans possibilité de gérer votre deck, puisque toutes les cartes seront déjà intégrées – jusqu’à votre mort, qui est de toute façon inéluctable. Je recommande néanmoins de consommer ce mode par petites sessions afin d’éviter l’overdose.

 

Classe, man ! Top of the pop

Côté graphismes, lorsque vous êtes en face à face avec le sorcier et sa table composée de quelques éléments ésotériques, ainsi que d’une araignée baladeuse, l’atmosphère est mystique, mettant immédiatement le joueur dans l’ambiance. Au-delà des mouvements de courtier du Maître du Jeu, l’octopode amène de son côté un peu de vie à l’ensemble, évitant l’aspect statique du jeu de plateau. Surviennent ensuite les phases d’événements, façon visuels des livres dont vous êtes le héros, où vous avez en général le choix parmi deux ou trois possibilités. Puis, vient enfin la phase de combat où le tout est relativement plaisant à voir, d’autant plus avec la matérialisation de votre avatar et de son équipement, ainsi que des ennemis. Vous n’en prendrez certes pas plein la rétine avec les effets générés par le moteur Unity, mais cela donne un rendu final clairement agréable. À noter tout de même qu’il y a quelques chutes de framerate à chaque phase de transition, sans que cela soit réellement problématique.

Au-delà de ça, pendant les combats, le positionnement de la caméra n’est pas forcément optimal, vous coupant une partie de la visibilité de la zone ; cela peut parfois être problématique dès lors qu’il y a des pièges à esquiver ou bien encore des attaques à distance à éviter. Enfin, côté son, le narrateur est admirablement bien doublé en anglais – le tout étant intégralement sous-titré en français – et il donne vraiment corps à l’expérience. Mais maintenant que j’y pense, la musique est très discrète ; présente en arrière-plan pour l’habillage, mais elle ne vous marquera pas vraiment. En revanche, bien qu’il existe un contexte narratif relativement fort, je déplore l’absence d’une trame scénaristique à proprement parler, ce qui aurait été un réel plus. Quoi qu’il en soit, le côté fun de ce jeu n’est clairement pas à chercher à travers un scénario. Enfin, il n’existe pas de mode multijoueur, mais en l’état je ne vois pas trop comment il pourrait être mis en place.

 

En mélangeant autant de genres de jeux, on pourrait légitimement se dire que les développeurs vont automatiquement pondre une usine à gaz. Mais, en réalité, avec Hand of Fate le fantasme des joueurs de jeux de plateau et de cartes prend enfin consistance. Sans être exempt de légers défauts, il s’agit d’un très bon jeu apéritif, simple et rapide à prendre en main, à picorer une heure par-ci une heure par-là, de temps en temps afin de ne pas trop nourrir votre masochisme. En effet, sans le délicieux sadisme du narrateur et Maître du Jeu, Hand of Fate n’aurait clairement pas la même saveur.

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A propos de l'auteur : Toupilitou

Loutre hyperactive et webmaster de https://loutrage.fr

Un commentaire sur “Hand of Fate”

  1. redd dit :

    Je proteste.
    Hands of Fate, c’est le nom de « legend of Kyrandia 3 ».
    Na


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