The Council – Épisode 1 : The Mad Ones
En voilà un jeu que j’attendais avec impatience et pour lequel je trépignais dans l’attente de le retourner dans tous les sens. The Council est une histoire interactive, en 3D avec une vue à la troisième personne, hybridée avec des éléments de RPG. Pour ceux à qui ça parle, cela m’a surtout fait furieusement penser à une murder party : un huis-clos avec des personnages hauts en couleurs autour d’une intrigante disparition, sur fond d’événements occultes et le tout emballé dans une ambiance complotiste à souhait. Quand bien même le format se rapproche d’un Telltale, les bordelais de Big Bad Wolf se permettent, avec ce premier épisode, d’envoyer quelques bonnes pelletées de terre sur une formule déjà bien mortifère. Pourquoi ? C’est d’ailleurs ce que nous allons voir ensemble dans une critique où j’esquive avec brio le spoil. C’est parti !
L’histoire démarre autour d’un événement en 1792 nous présentant deux protagonistes : notre avatar, Louis De Richet et sa mère, Sarah. Premier contact qui ne va finalement avoir que peu d’incidence (bien que je n’en ai pas encore la certitude), mais qui nous montre déjà que môman n’est pas du genre à perdre son sang froid, même si la situation ne paraît de prime abord que peu engageante. Au-delà de la figure maternelle, Sarah De Richet est également une spécialiste des arts occultes, ainsi que la dirigeante de la branche française d’une organisation secrète, tout en étant de toute évidence notre mentor. À l’issue de cet événement qui nous laisse faire face aux premières conséquences d’un choix dès les premières minutes de jeu, notre avatar se retrouve quelques mois plus tard sur une île perdue aux abords de la Grande Bretagne, après avoir reçu l’invitation d’un certain Lord Mortimer. Ce dernier nous a signalé par la même occasion la mystérieuse disparition de notre mère. Ambiance.
À peine les pieds posés sur le ponton de débarquement de l’île, nous rencontrons deux individus. Tout d’abord, Emily Hillsborrow, une duchesse britannique considérée comme la diplomate favorite de la reine, le genre à sans cesse vous feinter en répondant à une question par une question et qui cherche toujours à vous faire dire bien plus que les miettes qu’elle estimera utile de vous jeter. La duchesse, portant une robe avec un décolleté que l’on pourrait largement qualifier de généreux, échange quelques mots avec un cardinal, Giuseppe Piaggi, le légat du pape de l’époque, Pie VI. D’un naturel relativement avenant, bien qu’il faille tout de même l’appeler « votre éminence « , il cherche avant tout à représenter les intérêts d’une église catholique bien mal en point en France après la Révolution Française et sa sanglante déchristianisation.
Après avoir échangé quelques banalités qui vous donnent pourtant un aperçu de la pratique de la langue de bois, Emily finit par vous poser une question sur votre passé, ce qui vous donne l’occasion de choisir une spécialisation parmi trois disponibles : la diplomatie, les arts occultes ou l’investigation. Dans chacune de ces spécialités, l’on retrouve cinq compétences dans lesquelles il est possible de répartir nos premiers points. À noter qu’il est tout à fait envisageable d’augmenter une compétence ne faisant pas partie de notre spécialité, mais son utilisation aura un coût supérieur en points d’efforts. Nous disposons d’un certain montant de ces points, se réinitialisant à chaque fin de chapitre, tandis que l’utilisation des compétences lors des phases de confrontation (j’y reviendrai) en consommera un certain montant. Le seul moyen de récupérer quelques points est de bouffer de la gelée royale, que l’on trouve un peu partout si l’on est assez curieux pour chercher. Sachant que si l’on parvient à trouver quatre fragments d’ambre, nous gagnerons un point d’effort supplémentaire.
On retrouve également trois autres types de consommables : l’élixir d’or qui nous débarrasse de toute altération négative, la croix de Malte qui dévoile temporairement les faiblesses et immunités de nos interlocuteurs et l’eau de Mélisse qui rendra gratuite en points d’effort toute utilisation de compétence. En effet, certains dialogues sont (ou paraissent) anodins, tandis que d’autres ont plus d’impact et prennent la forme d’une Confrontation, qui est finalement une joute verbale. Lors de ce dialogue, si nous échouons pendant une étape, nous sommes affublés d’une altération mentale car nous sommes pris en défaut, déstabilisés. Cela arrive lorsque nous utilisons une compétence alors que notre interlocuteur y est immunisé ; par exemple, avec la description que je vous en ai faite, vous imaginerez aisément qu’il vous sera extrêmement complexe de taquiner Emily sur un terrain politique.
Et pour ma pomme, en tout cas vis-à-vis d’elle, ce fut compliqué car lors de mon premier run, j’ai choisi de rentrer dans le costard d’un diplomate intègre et propre sur lui, ne comptant que sur ses connaissances de politique et d’étiquette pour démasquer les faux-semblants. Que voulez-vous, je cherchais avant tout le challenge : lorsque vous êtes un petit poisson au milieu des requins, le défi n’en est que plus grand ! Pour autant, mon expérience de diplomate ne sera pas forcément la même que celle d’un autre joueur ayant choisi d’incarner un diplomate ; la palette est large et comme dit plus haut, nous ne sommes pas enfermés dans une spécialité. Ainsi, il est tout à fait possible d’incarner le diplomate de vos rêves, quelle que soit la frontière de son éthique. Et au-delà des dialogues dans lesquels vous récolterez des informations (ou en laisserez échapper plus ou moins volontairement), vous serez régulièrement confrontés à des bifurcations dans le scénario parmi deux choix disponibles.
Pour vous donner un exemple concret, je vais vous parler du premier d’entre eux, après la rencontre avec un autre illustre personnage : Georges Washington, alors qu’il est lancé dans un deuxième mandat. Après quelques échanges au coin d’un feu de cheminée, nous avons la possibilité de nous poser dans un petit salon cosy ou de rester avec le président des États-Unis pour parler davantage avec lui. À partir de là, deux joueurs choisissant chacun une action différente aura une expérience différente de son voisin. Mais cela ne s’arrête pas là, puisque nous n’aurons d’ailleurs pas le même degré d’information, ni ne ferons les mêmes connaissances. Notre but étant de retrouver notre mère, à nous de faire les choix que nous estimerons utiles à la progression de notre enquête. Nous aurons un choix à fort impact scénaristique comme celui-ci à chaque chapitre de chaque épisode. Mais j’ai envie de dire que là où ils ont fait fort, c’est que là aussi deux joueurs ayant fait le même choix impactant n’auront pas forcément la même expérience, ni le même degré d’information ; sans une compétence requise, nous pourrions passer à côté d’un élément important… Je n’ai plus assez de mains pour applaudir la prouesse !
Chaque chapitre est également rythmé par des visions que nous avons par moment. Visions qui semblent être une forme de prescience. Même si je n’en ai pas la certitude, il semblerait que cette prescience se réfère à des événements proches dans le temps et dont les scènes sont pour le moins troublantes. Et lorsque cela arrive, l’ami Louis est pris de vertiges en pissant du nez. Pourquoi ? Comment ? Le mystère est encore entier, mais cela sera fort probablement révélé dans les prochains épisodes. D’ailleurs, tout ce qui nous entoure est auréolé de mystère, que ce soit les serviteurs, tous masqués, tous avec le même timbre de voix, tous serviles en apparence alors qu’ils semblent surtout être étroitement liés à l’intrigant Lord Mortimer qui n’aura de cesse de se laisser désirer.
Son manoir aurait d’ailleurs de quoi faire rougir le Louvre, tant les tableaux et autres œuvres d’art tapissent les murs, nous offrant ainsi un visuel très chargé, mais qui ne nous laisse que rarement indifférent. J’ai d’ailleurs en partie trouvé la raison pour laquelle un tableau pas encore peint dans l’histoire, Saturne dévorant son fils, se retrouvait accroché à un mur de ce manoir. Ce genre d’Inception de mystères ravira ceux qui sont à la recherche de petits détails historiques. D’ailleurs, à l’occasion d’un deuxième run où j’ai incarné un spécialiste des sciences occultes un peu trop fouineur et aventureux sur les bords, j’ai réalisé que j’étais vraiment passé à côté de tout un autre ensemble de tableaux. Encore une fois, malgré le fait que l’aventure se déroule dans un huis-clos, deux joueurs ne verront pas forcément la même chose.
Ce deuxième run a été pour moi un sacré coup de fouet et je ne m’attendais pas à vivre tant de péripéties qui différaient de mon premier try. J’étais parti du même point de départ, j’ai fait d’autres choix, je n’ai pas avancé de la même manière dans mon enquête, et je me suis pris un coup de boule virtuel sur la fin, qui là encore, n’avait rien à voir avec mon finish initial. Je n’ai bien évidemment pas encore la certitude que cette deuxième situation de fin d’épisode serait survenue sans les choix que j’avais effectué, mais disons que ma situation était nettement plus inconfortable. J’ai donc choisi de faire un troisième run dans l’optique d’y faire d’autres choix narratifs et de spécialisation. Ainsi, j’ai enfilé la casquette du détective un poil manipulateur sur les bords. Une fois de plus : l’expérience fut différente malgré des similitudes, j’ai vécu certaines situations que j’avais auparavant esquivé et fait certains choix que je m’imagine regretter plus tard dans les prochains épisodes.
À noter qu’à chaque fin de chapitre, un écran nous résume nos réussites, nos échecs, ainsi qu’une liste d’événements que l’on pourrait potentiellement avoir manqué. Tout ceci a une incidence sur le nombre de points d’expérience que l’on acquiert, un gain de niveau offrant la possibilité de répartir quatre points dans les compétences. Au bout d’un certain nombre de runs, on sait toutefois précisément comment maximiser le tout et cela m’est même arrivé de gagner deux niveaux en un seul chapitre. Une fois ces points attribués, le jeu nous laisse la possibilité de choisir un livre parmi tous ceux que l’on pourrait avoir trouvé en explorant le manoir, et cela nous fait gagner un point supplémentaire dans la compétence correspondante. Il faut tout de même savoir que chaque compétence s’étale sur plusieurs niveaux, et plus l’on grimpe et plus le coût en nombre de points de compétence est élevé pour passer un niveau supplémentaire.
Je n’ai parlé que de trois protagonistes, mais on en retrouvera d’autres, avec des personnalités aussi bien travaillées que celles des premiers rencontrés, chacun ayant des objectifs et des ambitions, ainsi qu’une raison justifiant leur présence dans cet endroit isolé. Je veux dire, entre un Jacques Péru, juge borgne du tribunal révolutionnaire en France, et Johann Christoph Von Wöllner, le ministre Prusse des cultes, il y a un gouffre d’étiquette. Mais, qui sait, peut-être trouveront-ils plus tard des points d’accord au milieu de leurs différences, ou peut-être même que nous saurons exploiter ces différences afin de mener à bien notre enquête. Je dois avouer qu’à ce stade, j’ai surtout davantage de questions en tête qu’avant d’avoir commencé à jouer, tandis que mes certitudes ne sont finalement que des hypothèses. Et tout cela sans compter le fait que tous les personnages ne se sont pas encore dévoilés…
Vous l’aurez compris, je me suis vraiment éclaté avec ce premier épisode bien fourni et couillu. Le plus gros défaut de ce jeu est finalement d’être au format épisodique avec un intervalle de deux mois entre chaque épisode ; de quoi refroidir les ardeurs des plus impatients. Big Bad Wolf va probablement devoir attendre la release de tous les épisodes avant de pouvoir récolter pleinement les fruits de leur petit bijou. Pour le reste, rendez-vous en Mai pour le deuxième épisode, où je pourrai continuer à vivre le aventures de mes trois Louis De Richet ; m’est avis que certains d’entre eux sont tout de même vachement mieux lotis que d’autres…
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A propos de l'auteur : Toupilitou
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Le jeu est tentant de par son côté RPG mais il y a un sale problème avec son modèle économique : le season pass obligé. C’est franchement dommage de ne pas proposer l’option de prendre les épisodes chacun à part. Là on est forcés de s’engager pour toute la saison avant même que l’hypothétique deuxième épisode ne soit sorti. Bon, perso, je vais attendre la fin de la saison de toute façon mais j’ai déjà vraiment du mal avec son bizness model…
Si je ne m’abuse on peut prendre le premier épisode indépendamment non ?
En tout cas ça me donne bien envie mais j’ai déjà pas mal de jeux à essayer même pas à faire donc bon voilà.
J’ai déjà connu (et toi aussi) bien plus sale comme modèle économique, d’autant plus qu’ils ne proposent pas d’acheter de la gelée royale en micro-transactions
Là, jusqu’à preuve du contraire, tu payes le jeu, et les nouveaux épisodes se téléchargent automatiquement une fois dispos, sans que t’aies à débourser davantage. Donc, pas de season pass. A la limite, si on devait comparer le modèle économique, on pourrait dire que c’est un early access qui aura 4 grosses MAJ.
Après, on est d’accord : j’aurais clairement voulu l’avoir en un bloc.
Tu me donnes trop envie !!!
Mais je résisterai, et j’attendrai que tous les épisodes soient sortis.
Car je n’aurai pas la patience d’attendre deux mois entre chaque épisode. D’autant plus si on joue plusieurs runs, où je finirai par m’emmêler les pinceaux.
Y a un petit côté « Livre dont vous êtes le héros » dans cette approche. Ca me tente aussi .
Il est franchement bien fait. Le petit côté RPG avec des compétences et des traits est finalement un plus dans ce genre de jeu. Cela augmente les approches et les choix suivant la voie choisie. J’ai fini le premier épisode et je vais le recommencer afin de tenter une approche très différente et en suivre les conséquences.
Bravo à Big bad wolf pour avoir dépoussiéré le genre.
Épisode 2 prévu pour le 15/05 » />
Yeepeeh…
va falloir que je refasse une partie dès le début, j’ai déja oublié mes choix
pas grave, c’est très bien fait et j’espère que les épisodes suivants seront aussi bons
Je passe juste pour dire qu’en ce moment le jeu est à 22.50 € sur One au lieu de 30, et cela jusqu’au 14 mai, avec un paquet d’autres jeux Focus d’ailleurs.
Bon, et bien ceci n’est plus un jeu Focus désormais…
Bah jusqu’à preuve du contraire, si ^^
Le rachat de Cyanide par Bigben Interactive ne va pas forcément entrainer un transfert de licences. Focus a mis des billes dans le projet, et je les vois mal s’asseoir dessus » />
Edit : ah bah si, finalement, il semblerait que ce soit bien le cas
Ouais, Big Ben a direct communiqué sur les licences qu’ils récupèrent avec cet achat, et ils ont cités The council, comme quoi il n’y a pas que nous qui avons remarqués les qualités et le potentiel du titre.
Qu’ils fassent en sorte que The Council sorte en entier, ce sera déjà un bon début
On est d’accord, d’ailleurs j’avais limite la CB à la main prêt à acheter le jeu en profitant de la promo sur One quand j’ai vu cette nouvelle, du coup je l’ai rangé bien sagement dans mon portefeuille ^^
C’est marrant comme ça peut refroidir une fois qu’on se rend compte que la boite du puzzle qu’on allait acheter est déjà ouverte, et qu’on commence à avoir un doute sur le fait d’avoir toutes les pièces^^
Du coup, comme beaucoup, dès que je vois « Chapitre 1 », « Prologue », « Episode 1 » ou tout ce qui ressemble à de l’épisodique, je zappe.
Je peux noter son nom si ça a l’air bien, mais quand je joue à un jeu, j’y vais complètement. Attendre un temps indéterminé (et parfois infini) pour avoir la suite, c’est pas mon style. Tu as oublié l’histoire, le feeling, et tu essaies de te remettre à niveau pour te reprendre un « à suivre » dès que t’es de nouveau chaud.
Je comprends le point de vue du développeur, mais en tant que joueur, c’est une horreur.
Alors, après vérif, le jeu reste Focus jusqu’à la fin.
Seule l’IP appartient à Cyanide (… et donc maintenant à Bigben), et ils pourront éventuellement faire une suite sans un véto de Focus.
C’est ce qui semble le plus « logique » même si au final, j’ai du mal à voir quelqu’un faire la promo de quelque chose en sachant pertinemment que ça ne sera plus eux qui en profiteront dans peu de temps…
Tout mon soutien à Big Bad Wolf, ça risque de ne pas être facile à gérer cette situation » />
Et quid du prochain PCM, le développement n’a pas commencé au moment du rachat, et Focus a dû participer (à moins qu’ils ne gèrent que l’édition pure, à savoir la sortie et la promo), donc le jeu aura quel logo sur la jaquette ? Y a pas à dire, c’est quand même un beau bordel, ils auraient voulu choisir le pire timing pour ce rachat qu’ils auraient eu du mal à trouver mieux ^^
Je me demande comment cela justement va se passer pour tout leurs projets en cours, que ce soit du coté focus ou cyanide….quel cirque.
Sinon, pas encore fait le nouvel épisode mais bon j’ai trop aimé la première partie pour ne pas y retourner d’ici peu » />