Northgard
Version presse fournie par ICO Partners
Tiens, des vikings… Tiens, de la stratégie en temps réel… Tiens, des animations qui me rappellent ces bons vieux Settlers… Ce petit Northgard, un peu sorti de nulle part en ce qui me concerne puisque je fais la nique à l’actualité, a des airs de grand. Parfois même des airs de petit con prétentieux qui semble avoir tout compris à ses influences, les avoir parfaitement digérées et en avoir tiré le meilleur parti. Sa trogne d’outsider barbu m’amène à me questionner sur la place réelle d’un « grand petit » jeu comme lui dans le paysage vidéoludique actuel. Ai-je eu le nez creux en humant le bon jeu de derrière les fagots ? Les vikings ont-ils toujours la cote après une indigestion de Skyrim ? Un tien vaut-il mieux que deux tu l’auras ?
Northgard vous emmène en plein territoire viking, au milieu des forêts, des montagnes et des océans, là où de nombreux clans se font la guerre pour réclamer leur place de leader sur l’échiquier local. Le décor n’a rien de terriblement exotique, mais tout est mis en œuvre pour asseoir un univers solide et respectueux de l’imagerie viking populaire. Les Valkyries parcourent la lande entre les cerfs et les ours, les Draugars circulent au milieu des pierres sacrées, le froid mordant des hivers rend la survie éprouvante… On se plaît à observer toute cette vie en mouvement au gré des saisons, d’autant plus qu’on a le sentiment de modifier le monde au fur et à mesure que la partie avance. Au cœur de cette sauvagerie glaciale, un clan règnera et amènera son peuple à la victoire, selon que l’on choisira les armes, la sagesse, le commerce, ou la renommée. Les routes qui mènent à la victoire sont nombreuses et vous demanderont une bonne lisibilité des événements pour appréhender les tactiques ennemies et savoir gérer avec justesse vos objectifs.
Dans sa partie solo, Northgard propose une campagne intéressante car les objectifs varient d’un chapitre à l’autre et évitent le piège de la redite. Chose amusante pour peaufiner sa maîtrise de leader viking : il est tout à fait possible de reprendre un chapitre déjà bouclé pour y accomplir des objectifs secondaires qui pimentent sérieusement le challenge (atteindre tant de renommée, finir son objectif principal en un temps donné…). L’enchaînement des missions est plutôt bien foutu et la difficulté est bien dosée : on passe rapidement du tutoriel aux missions traditionnelles avec une courbe de progression bien sentie. Le jeu reste délicat contre l’IA qui sait faire preuve d’une juste dose d’agressivité et s’adapte bien aux choix des joueurs ; quel bonheur de venir gentiment titiller un adversaire et voir un autre l’achever. Ça s’appelle foutre la merde, et c’est tout à fait possible dans Northgard. De son côté, le scénario, passable, n’est qu’une excuse pour parcourir des chapitres aux objectifs variés qui vous demanderont d’aller arracher la victoire de telle ou telle façon. Une manière agréable de se détacher un temps du cœur du jeu, à savoir le multijoueur et l’escarmouche.
Le voilà, LE mode de jeu escarmouche ! C’est l’option qui ravira bon nombre de stratèges, malgré un léger manque d’options pour personnaliser ses parties (enfin rien d’impardonnable). Quoi qu’il en soit, les réfractaires au multijoueur sauront trouver là de quoi sustenter leur soif de jeu avec une IA décente, des variations de jeu qui renouvellent l’expérience, et une durée de partie correcte : ni trop longues, ni trop courtes, les sessions de jeu permettent au joueur occasionnel de trouver son compte et aux fans de stratégie d’optimiser leurs rotations et de parfaire l’évolution de leur clan. Car chaque clan est différent des autres et propose un arbre de talent qui incite le joueur à aller chercher la victoire dans telle ou telle direction.
Chacun des six clans (loup, corbeau, cerf, bélier, ours, sanglier) dispose de forces et de faiblesses dans une logique ludique assez traditionnelle : que l’on soit guerrier, commerçant ou tenancier de bar, ce n’est pas tant de choisir un clan qui importe mais de choisir une bonne association avec le ou les clans alliés lorsqu’on joue en 2 vs 2, 3 vs 3 ou 2vs 2 vs 2. Les six clans que proposent le jeu semblent assez similaires de prime abord, mais les connaître et savoir les jouer demande de l’apprentissage ainsi qu’une excellente lecture du monde. Et dans une logique de 4X, ce sont plutôt les conditions de victoires qui vous amèneront le fin stratège à jouer de telle ou telle façon. Si la victoire guerrière est tout à fait envisageable, c’est de loin la méthode la moins gratifiante, la faute à un volet militaire sous-exploité : un comble pour un jeu viking !
C’est dans sa phase de défense de territoires que la partie militaire prend toute sa saveur, offrant au joueur toute la latitude pour développer le bonheur de ses petits barbus qui crapahutent gentiment sur la carte : les ressources devenant vite un problème au fur et à mesure qu’une partie avance, il faudra faire ses choix avec justesse. Obtenir une nouvelle tuile de la carte coûte de plus en plus cher, freinant les espoirs expansionnistes des plus intrépides conquérants. A titre d’exemple, j’ai pu remporter une victoire de sagesse haut la main alors que j’étais à la traîne à tous les niveaux. Mais en dirigeant mes choix militaires vers la défense pure, j’ai pu faire mon beurre de sagesse, tranquilou pilou. Et hop, une victoire rondement menée avec trois soldats, mais des érudits bien planqués qui travaillent de concert avec les soigneurs et les marins. Une bonne cohésion de groupe, de gentils péons qui vont tous dans le même sens, et un acharnement à se faire discret ont été la clef de la victoire.
Le gameplay est donc sacrément basique en soi : on développe ses ressources (nourriture, bois, minerai, argent…) et on augmente sa population proportionnellement aux territoires que l’on conquiert et qu’il faut protéger. On vise un objectif et l’on met tout en œuvre pour ne pas s’éparpiller inutilement. Alors, ça paraît assez simple dit comme cela, mais le jeu se révèle plus complexe qu’il n’y paraît avec sa gestion des saisons (préparez vos réserves, for winter is coming), son arbre de talent bienvenu et suffisant, ainsi que ses évènements aléatoires (putain de rats de merde !). Comme le dit l’adage, simple à prendre en main, complexe à maîtriser. D’une durée de vie illimitée puisque l’on peut enchaîner les escarmouches jusqu’à plus soif, Northgard dispose d’une souplesse de jeu qui fait que les parties s’enchaînent sans vraiment se ressembler. Le dynamisme des parties, le plaisir d’une victoire bien gérée, et le charme de son univers visuel et sonore finissent de convaincre le joueur en quête de fraîcheur nordique.
Si l’on zieute un peu la plastique du jeu, force est de constater qu’on n’est pas chez Crytek. Mais on n’est pas là pour ça non plus : dans la veine de la série des Settlers (auquel le jeu emprunte bien des choses, pour le meilleur), Northgard dispose d’un direction artistique délicieuse en plus de très bien tourner sur n’importe quelle config. On prend un réel plaisir à voir nos petits bûcherons tailler du résineux, les vieux soigneurs prodiguer leurs soins, les paysans ramasser des sacs de baies autour du village. Tout est parfaitement mis en scène, les animations font mouche et le capital sympathie est au top. L’enrobage musical a également été particulièrement soigné avec des musiques en adéquation avec le thème nordique et des bruitages au poil. Les scènettes sont vivantes mais ni la musique ni les bruits de fond ne viennent gêner la progression. On est en terrain balisé et connu, mais le travail effectué marie à merveille l’efficacité d’une production sérieuse et la simplicité d’un goût de reviens-y.
On notera enfin le suivi pointilleux et sérieux de l’équipe de développement qui ne laisse pas son bébé en pleine release avaler sa tétine : le jeu est stable, propre et les mises à jour sont pour le moment rigoureuses et prometteuses. Chapeau les gars !
Northgard, c’est confirmé : je ne l’ai pas vu venir et il a été un bon rafraîchissement en cette fin d’hiver. Pour être tout à fait honnête, je ne vais pas cumuler la centaine d’heures sur Northgard dans les semaines à venir. En revanche, c’est typiquement le jeu qui restera sur mon disque dur pendant des lustres et auquel je rejouerai au fil des ans. Son capital sympathie, ses mécaniques bien huilées et le plaisir qu’il procure lors d’une victoire à l’arrachée (ou la frustration et la colère qui donnent envie d’y retourner directement en cas de défaite) font de ce jeu une valeur sûre. N’importe quel joueur pourra se l’approprier et il ne faut pas croire que le fait qu’il s’agisse d’un STR le rende nerveux ou réservé aux énervés du clic. Northgard sait prendre son temps, déroule ses mécanismes avec application et offre aux joueurs un moment ludique étonnamment sincère.
A propos de l'auteur : Etienne Navarre
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ça a l’air charmant comme tout. Pour un jeu fait par les devs des Evoland, des trucs RPGMaker tout moches, le bond est impressionnant.
Même si bon, le fait qu’il soit plus « city builder Nordique pépère » que » plein de Huscrals qui se foutent sur la tronche » m’empêche de m’y intéresser davantage.
D’ailleurs, si comme moi c’est votre trip, je tiens à attirer votre attention sur ce truc qui va sortir prochainement :
Moi, l’univers vikings m’avait attiré l’œil, mais j’ai vite reculé, il y a un petit moment que j’ai abandonné les STR par ennui, je n’y trouve plus mon compte et n’y gagne plus qu’une certaine lassitude au bout de peu de temps.
Ah tiens d’ailleurs Picq est en train de rédiger un texte sur Evoland 2 » />
C’est mignon ton trailer ; c’est plein de barbus qui empalent des gens
Alors ce n’est pas du RPG maker: les personnes derriere Shiro Games sont des français, anciens des jeux flash certes, mais créateurs d’un langage de programmation que je suis en train d’apprendre: Haxe.
Je suis d’ailleurs paradoxalement venu à ce jeu par le langage au départ …
C’est du cocorico tout plein.
Moi qu’avais envie de refaire un Setllers 2 un de ces quatre, ce Northgard me fait de l’oeil. Plus tard peut-être. En tout cas, je pense que pour ma config, ça devrait le faire, alors que les empalades que propose Andy, c’est sur que ça passe pas (j’ai même pas de quoi faire tourner un Bard Tales IV, super d’avoir backé au passage)