Les Intouchables #11 – KSP : Kerbal Space Program
Houston ? Ici Ouega ! Après un silence radio long de plusieurs mois, le temps d’une importante mission, je reviens vers la Terre avec une grande découverte. Celle d’une perle rare, qui bouleversera notre existence à jamais. En effet, courant 2012, lors d’une simple observation de notre Lune, notre agence observa un objet inconnu en son orbite. N’écoutant que son courage, et avide de gloire, la Loutrage Space Agency décida de lancer une mission, avec à son bord, l’astronaute Ouega. Le but ? Ramener et étudier cet étrange objet, qui ne ressemblait à aucun autre. Mais, avant de perdre la liaison radio et d’entrer dans l’atmosphère terrestre, écoutez plutôt ce que j’ai découvert. Enfilez vos scaphandres et bouclez vos ceintures pour un grand voyage, direction les étoiles !
Kerbal Space Program, ou KSP pour les intimes, voit le jour dans le courant de l’année 2011. Votre serviteur, toujours avide de nouveaux horizons, le découvrit peu de temps après sa sortie en version bêta 0.25 sur Steam, début 2013. Développé par le studio indépendant Squad, basé à Mexico, Kerbal Space Program est un simulateur de vol spatial en sandbox. La version 1.0, est disponible sur internet depuis le 27 avril 2015, et continue d’être mis à jour régulièrement. Courant 2015 également, le studio annonce collaborer avec Flying Tiger Development pour porter ce jeu ambitieux sur consoles, comme la PS4, la Xbox One, ainsi que la Wii U. L’édition consoles est d’ores et déjà disponible. Depuis la version 1.0, KSP tourne sous Unity 5, un moteur souple multisupport. Pour le joueur, le passage à cette version de Unity a permis une gestion stable du 64 bits, l’utilisation du multithreading, avec donc des performances décuplées pour un jeu qui a gagné en fluidité et en confort.
Un dernier point important avant de passer à la suite, KSP sert de base à Kerbal Edu, un soft qui reprend le jeu en l’axant autour de l’éducation. Je m’explique : le studio est parti d’un constat simple, « Rocket Science is hard » . Pour tenter de vulgariser et faire comprendre au plus grand nombre les applications des contraintes physiques dans lesquelles évoluent un avion, une fusée, une station spatiale, Squad a décidé d’adapter son soft au monde éducatif en proposant une expérience vidéoludique pouvant prendre place sur les bancs de l’école. Le but, faire apprendre, par la pratique, les forces, l’énergie, la mécanique spatiale, ainsi que les trajectoires balistiques, plutôt que de devoir tenter de les apprendre à travers de complexes équations. En clair, plutôt que de prendre sa feuille de calcul et de tenter d’y comprendre quelque chose, KSP et Kerbal Edu proposent de maitriser des concepts et modèles physiques réalistes en les faisant partie intégrante du gameplay, et ainsi de stimuler l’innovation, la capacité à résoudre les problèmes, ainsi que la persévérance des élèves. Une initiative rare et louable, que vous pourrez trouver ici (à partir de 5ans).
Mais, revenons-en à nos moutons !
Bienvenue dans le meilleur des mondes !
Kerbal Space Program vous invite à découvrir tout un système solaire. Celui-ci gravite autour d’une étoile de type naine jaune, ressemblant à notre soleil, nommée Kerbol. La troisième planète de ce système va nous intéresser. En effet, cette planète Kerbin abrite une espèce, les Kerbals, sortes de joyeuses et maladroites créatures vertes humanoïdes qui y ont élu domicile. L’histoire est assez simple, cette espèce voue un très grand intérêt aux sciences, et fait de nombreuses découvertes effectuées quasiment toutes par maladresse. Les Kerbals disposent enfin du degré de technologie suffisant pour élever quelque chose au dessus du sol et tenter de voler, même si je vous l’accorde, « voler » est un bien grand mot ! C’est dans ce contexte que vous commencez la partie. Plusieurs modes de jeu nous sont donc proposés.
Le mode Science, dans lequel il faudra dépenser des points de science dans un arbre de technologies, afin de débloquer de nouvelles pièces et construire des véhicules plus efficaces. La Carrière, reprend l’arbre de technologies, les points de science, et ajoute un budget à gérer, des bâtiments à améliorer, des contrats à remplir. Ce mode apporte ce qui manquait au jeu sandbox, des objectifs. Le mode Sandbox justement, vous donne directement accès à toutes les pièces du jeu, et servira surtout à combler l’imagination des joueurs. Les Tutorials, à travers des missions bien pensées et linéaires, vous donnera les clés pour bien prendre en main le jeu et intégrer le vol spatial. Enfin, les Scénarios, vous proposeront des missions spécifiques créées par les développeurs, vous mettant dans divers engins et situations. Pour intégrer les nouveaux joueurs simplement, et compléter la section tutorial, il y a la KSPedia, véritable encyclopédie du jeu, qui répertorie absolument toutes les connaissances requises pour le maitriser. Une très bonne idée qui vient appuyer la force du jeu : la vulgarisation des savoirs par la pratique, et simplement.
Une fois le mode sélectionné, nous arrivons au Kerbal Space Center, votre base d’opérations. De cet endroit sont construits et commandés les fusées, avions, rovers, stations, et satellites que l’on construit. Divers bâtiments en font partie : Le VAB (Vehicle Assembly Building), dans lequel on construit des véhicules à décollage vertical comme les fusées, associé au Launch Pad d’où sont tirés les véhicules du VAB. Le SPH (Space Plane Hangar), dans lequel on construit les véhicules à décollage horizontal, ainsi que les véhicules terrestres, associé à la Runway d’où sont lancés les véhicules du SPH. La Tracking Station vous permet d’accéder à une carte du système où l’on trouve les différents corps à explorer, vos vaisseaux, et diverses informations. L’Astronaut Complex vous permet de recruter de nouveaux Kerbal pour vos missions, et donne la liste des Kerbals en mission ou décédés. Le Mission Control propose des contrats, afin de gagner de l’argent, de la science, et de la réputation afin d’avancer dans votre programme spatial. La R&D (Recherche & Développement) vous donne accès à l’arbre des technologies, vous permet de dépenser vos points de science, de débloquer de nouvelles pièces, et répertorie toutes les archives scientifiques. Enfin, l’Administration Facility vous donne accès à diverses politiques et stratégies. Notez que ces trois dernières entités sont disponibles uniquement en mode Carrière.
Tous ces bâtiments peuvent être améliorés en mode Carrière via l’argent que vous récolterez des contrats. Ceci vous permettra de concevoir, lancer, et piloter de plus loin des fusées plus puissantes. Notez que le mode Carrière a le bon goût de commencer crescendo, à l’image des programme spatiaux des années 60. D’abord essayer de s’élever, avant de devoir sortir de l’atmosphère et de se mettre en orbite. Ensuite, tout le système s’offre à vous. Comme le disait Robert Heinlein : « Once you’re in low Earth orbit, you’re halfway to anywhere » .
C’est un petit pas pour les Kerbals…
Visuellement, nous avons affaire à une simulation : l’ensemble est cohérent, sans en faire des tonnes. C’est propre et net, et le soft ne demande pas énormément de ressources pour fonctionner, même en qualité maximale. Certains effets sont toutefois intéressants et collent bien à la réalité, comme les ondes de choc supersoniques, ou encore l’effet de plasma lors d’une rentrée atmosphérique. Les divers astres sont également bien modélisés, et nombre d’entre eux disposent de régions permettant de prendre de magnifiques screenshots. Chaque corps dispose de nombreux biomes, qui se différencient, outre les résultats expérimentaux, aussi visuellement : régions côtières, montagneuses, déserts, cratères, plaines, failles, régions polaires glacées, etc… Les personnages sont modélisés avec des traits assez cartoon, leurs portraits sont animés en temps réel, et leur humeur change selon les différents contextes : absolument hilares, stressés ou terrorisés. Ce point apporte une partie de l’humour débordant de ce titre.
Le moteur physique recréé par le jeu est assez proche de la réalité, même si certains titres ont une approche encore plus réaliste de la chose. KSP, c’est une simulation qui vous prend par la main avec des tutos bien pensés, une interface confortable, des outils simples et efficaces. Les effets de friction, de portance, et d’échauffement sont bien modélisés, et pour une demande de performance minime. En bref, que du bon !
Pour construire votre fusée, c’est très simple. Les pièces disponibles sont classées en plusieurs catégories (réservoirs, moteurs, modules de commande, ailes, structures…). Il suffit de cliquer sur la pièce désirée et de la placer. Un système de symétrie très efficace vous aidera à construire plus gros. Les pièces disponibles varient selon votre avancement dans l’arbre technologique, et de nouvelles pièces font leur apparition à chaque nouvelle version du jeu. Vous pouvez facilement créer des fusées à plusieurs étages. Pour ce faire, il suffit d’organiser des actions dans la séquence de vol pour les activer en vol via une touche. Vous pouvez donc décider à quel moment détacher des sections ou allumer des moteurs. L’on dispose également d’indicateurs pour situer le centre de gravité, le centre de portance, et le centre de poussée des moteurs. Ceci permet de voir simplement si votre véhicule est stable.
Une fois votre engin construit, le joueur doit piloter sa fusée et son équipage potentiel. L’on doit gérer à la fois le pilotage, et l’activation de la séquence de vol. Une fois sorti de l’atmosphère, la carte, bien foutue, vous aidera à prévoir des changements d’orbite via des points de manœuvre en 3D, à gérer en click’n drag. Le jeu projettera alors votre trajectoire après cette manœuvre. Libre à vous de passer près de lunes ou d’autres corps célestes ! Votre équipage peut également faire une action extravéhiculaire (EVA) durant lesquelles vous pourrez gambader sur n’importe quelle planète, et utiliser votre jetpack en cas de faible gravité. Notez que les avions sont toutefois très adaptés pour explorer Kerbin, et certains autres corps célestes dotés d’une atmosphère.
Papa, quand est-ce qu’on arrive ?
Pour progresser, il faudra emmener en mission du matériel scientifique, d’effectuer ces expériences dans divers biomes planétaires et situations de vol, ainsi que de ramener les résultats de ces expériences physiquement, ou bien par radio, qui pondèrera alors les points récupérés suivant divers facteurs. Ensuite, les investir pour débloquer et acheter de nouvelles pièces, construire de nouveaux véhicules pour aller plus loin, remplir de nouveaux contrats, etc… En parallèle, remplir des contrats vous donnera les moyens financiers de continuer votre exploration. Leur génération est aléatoire, suivant divers critères ; il peut s’agir de lancer des missions visant à préparer l’exploration de divers astres, d’emmener des touristes en ballade spatiale, d’effectuer une expérience dans un contexte précis, de créer une station orbitale, une base au sol, ou même de déplacer un de vos anciens satellites auquel il resterait un peu de carburant. Ces missions peuvent être très simples, comme assez compliquées, suivant les prérequis qui vous seront demandés. En effet, les contraintes ne seront pas les même si l’on vous demande d’envoyer un satellite, ou une mission comprenant une quinzaine de Kerbals. L’intérêt des contrats en mode Carrière, est de résoudre des problèmes en étant créatif, tout en respectant un certain budget. Les contrats évitent également au joueur un côté redondant de par la variété de ce qui vous sera proposé.
Une fois la technologie débloquée et la technique de vol intégrée, les quinze astres du système sont à votre portée. Afin de pouvoir les approcher, un simple satellite suffira, mais pour s’y poser et les explorer, cela vous demandera de créer des véhicules globalement adaptés. En effet, chaque astre a ses caractéristiques propres, comme la présence d’une atmosphère et une certaine gravité. La majorités des astres de KSP sont un clin d’œil à certains de notre système solaire. Outre la présence de planètes et de lunes, on retrouve également des astéroïdes se baladant dans le système. Il est possible de s’y arrimer en utilisant une sorte de grappin, et d’influer sur leur trajectoire dans le cadre de certaines missions, ou bien juste pour le plaisir. Cet ajout a été développé en collaboration avec la NASA pour recréer leur projet de redirection et d’exploitation d’astéroïde. Certains seront pleins de ressources que vous pourrez miner avec l’équipement adéquat, et les transformer en divers carburants pour ravitailler vos vaisseaux. Dernier point sur les astres, il est possible d’utiliser l’assistance gravitationnelle, c’est à dire passer près d’une planète ou d’une lune pour être accéléré ou ralenti selon votre position par rapport à lui. En résulte un gain ou une perte de vitesse significative, sans utilisation de carburant, comme les techniques de vol utilisées par certaines missions au long cours, comme Pioneer ou New Horizons.
… Un grand pas pour sa communauté
J’entends le fond de la salle qui commence à gronder. Kerbal Space Program, un serious game ? Mais pas du tout, laissez moi finir ! Au premier abord, et à la lecture de mon article, KSP ne semble pas la plus grosse barre de rire du siècle. Et pourtant, si l’exploration spatiale vous passionne, vous ne vous ennuierez pas un seul instant. Un point que je n’ai pas encore soulevé, c’est que KSP est bourré d’humour. Outre nos Kerbals préférés, gaffeurs et stupides, l’humour est disséminé un peu partout, à l’image des infobulles des différentes pièces de construction, ou bien encore dans la grande majorité de vos rapports d’expérience et de validation de contrats. Alors certes, KSP se veut être une simulation pseudo-réaliste, mais peu de simulations vous apportent autant de fun et de rigolade, entre énormes explosions et considérations bien senties.
Au niveau de l’ambiance sonore, le tout est assez simple, mais ne sonne jamais faux. Les sons, autant de l’environnement que des vaisseaux, animent parfaitement le tout sans en faire trop, ni fausse note. L’ambiance musicale, quand à elle, se déclenche une fois dans l’espace avec une musique assez soft. Si vous y jouez, comme moi, plusieurs centaines d’heures, elle pourra toutefois vous lasser. Libre à vous de vous créer des playlists en parallèle, pour donner plus de punch à votre expérience. Ceci pourrait être une fonctionnalité à implémenter dans un futur proche ? Nous le verrons bien ! L’ambiance visuelle et sonore, amène une immersion qui est présente, tout en étant relative à certains autres titres. Toutefois, l’on se retrouvera souvent à serrer les fesses, comme lors d’une rentrée atmosphérique un peu trop agressive par exemple. Ceci étant, ce n’est pas là tout l’intérêt du titre, même si l’on peut se prendre au jeu à faire du roleplay avec sa mission interplanétaire flambant neuve.
L’évocation du coté roleplay, m’amène à parler de la gigantesque force de KSP : il s’agit de sa communauté. Une communauté complètement hyperactive, grâce au jeu open-source, amenant énormément de joueurs à créer toutes sortes de mods. Certains réalistes, d’autres complètement futuristes, de science fiction, d’aide au pilotage et aux calculs , etc… La bibliothèque recense plusieurs milliers de mods à l’heure actuelle. Si KSP vous accroche, la communauté vient apporter énormément au jeu, avec par exemple de nouvelles planètes ou technologies. Tout est possible ! En parallèle, de talentueux joueurs se sont reconvertis en réalisateurs de magnifiques vidéos du jeu. Un énorme plus qui apporte toujours plus de profondeur au soft. A terme, certains mods populaires sont intégrés au jeu par les développeurs.
Pour la suite des opérations, le studio Squad a annoncé de nouvelles planètes, des textures dynamiques des atmosphères avec des nuages, déjà disponibles en mod. Également, un mode multijoueur prometteur permettra de développer votre programme spatial à plusieurs. Enfin, il a aussi été annoncé que des formes de vie intelligentes, et non jouables, seraient implémentées dans un futur proche.
Si comme moi, vous êtes un curieux ou un passionné de l’espace, jetez vous à l’eau ! Kerbal Space Program est un jeu ambitieux, complet, et en développement constant. Régulièrement en promotion sur Steam, il pourra satisfaire toutes vos soifs de mondes inconnus et de grands espaces. Si la physique n’est pas pour vous une seconde nature, KSP saura vous prendre par la main et vous amener simplement les clés pour construire le plus grand des programmes spatiaux, et certainement le plus humoristique. KSP, c’est pour moi le must de la simulation spatiale, accessible à tous.
Tags Flying Tiger DevelopmentLinuxMacPCPlaystation 4SquadWii UXbox One
A propos de l'auteur : Ouega
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