Inside

Après le très bon Limbo, le studio danois Playdead remet, dans le même genre, le couvert avec Inside, sorti le le 07 juillet 2016 sur Steam, et qui nous fera vivre la fuite d’un jeune garçon sur un bien étrange site. En avant toute !

 

Inside nous met dans la peau d’un garçonnet arrivant dans une sinistre forêt, par la gauche de l’écran. S’ensuit alors ce qu’on peut parfaitement appeler ici, une fuite en avant.  En effet, on se rend rapidement compte que le jeune homme que l’on incarne fait l’objet d’une traque, des hommes en noir inondant l’obscur décor avec leurs lampes de poches. On court, on se cache, on court, cette fois encore plus vite car une meute de chien nous poursuit sans relâche, prête à nous tailler en pièces. Après quelques passages déjà mémorables, le décor boisé fera place a des champs et des fermes. Nouveaux lieux qui nous feront poser nos premières questions sur le site sur lequel on évolue. On passera, ici et là, à côté de nombreux porcs morts, autour des fermes ou sur des berges, alors que des premiers indices laissent à penser à des expériences ou une forte pollution.

D’ailleurs, c’est par les décors en général que la narration se fait. N’ayant ni dialogues, ni autres échanges d’aucune sorte avec d’autres personnages, c’est par l’analyse des environnements autour de soi que l’histoire progresse, et que l’on déduira ce qu’il s’y passe. Les décors en pleine nature feront peu à peu place à des environnements plus militaires, et plus l’on progressera dans le jeu,  plus on aura la désagréable sensation qu’il se passe ici des choses loin d’être catholiques… Je n’en dirai pas plus pour vous laisser vous faire vos propres impressions sur la question. Visuellement, Inside est parfait. Les décors sont volontairement froids et lugubres. Les arrières fonds où l’on peut apercevoir des hommes à notre recherche, la nature, des bases militaires et de recherches, et bien d’autres choses, sont superbes. Les animations et mouvements de notre jeune garçon le sont également. C’est un plaisir de voir sa gestuelle réaliste, lorsqu’il se maintient en équilibre sur un tronc par exemple, ou quand il se réceptionne après un saut.

Dans Inside, la progression se fait de scène en scène, et de puzzle en puzzle, tandis que le jeu ne souffre d’aucun temps mort. A peine un puzzle est-il résolu qu’un autre se profile à l’horizon. Quand j’évoque le terme puzzle, n’allez pas imaginer des épreuves retorses avec nombre d’éléments à utiliser. Non ils ne nécessitent en général qu’un seul item, de type caisse à pousser et qui n’est jamais bien loin de l’action. En réalité ces fameux puzzles nécessiteront de nous de la logique, et mettra à l’épreuve nos capacités à jauger et respecter certains timings. On ne reste jamais bloqué bien longtemps. Par ailleurs, il y a des checkpoints partout. On va donc souvent mourir une première fois afin de cerner le problème, et tenter de le contourner. Et les manières de mourir dans Inside sont légion ; flèches anesthésiantes, noyades, captures à l’aide d’un câble…

Je dois indiquer qu’il n’y a aucune répétitivité dans ce jeu. Les épreuves sont variées et ne se ressemblent que très peu, n’installant aucune routine.  Il y a dans Inside des scènes cultes qui resteront gravées… Je peux difficilement les évoquer sans vous gâcher le plaisir. Ces scènes nous rappellent régulièrement que l’on n’a pas à faire à un jeu de puzzles ordinaire, mais que Inside est bien une expérience à part devant absolument être vécue si vous aimez les très bons jeux.  L’autre challenge qui se greffe aux épreuves obligatoires d’Inside est celui de trouver quatorze capsules d’énergie à désactiver, et qui exigeront de parfois revenir en arrière après avoir effectué une certaine action, ajoutant encore un peu plus de difficulté au jeu. Oui, car au-delà d’être des succès Steam, ces fameuses capsules vous permettront d’accéder à une fin optionnelle, lorsque vous aurez terminé le jeu une première fois.

L’univers d’Inside est délicieusement secret et étrange. Qui sommes nous ? Pourquoi ? Et pourquoi fuyons-nous directement vers la base, alors que l’on vient de l’extérieur ? Car après tout, après quelques heures de jeu, on en vient à se demander si on n’est réellement qu’un fuyard, ou un attaquant ; si on avait lancé un commando contre cette organisation, notre comportement serait strictement le même  au bout du compte. On se cache, on infiltre, on désactive, et on continue d’avancer jusqu’à arriver au cœur du problème. Les confrontations directes avec l’ennemi peuvent, quant à elles, se compter sur les doigts d’une main.

Inside est un savant mélange de genres différents qui s’hybrident avec harmonie. Une part de jeu d’horreur. Je pense notamment aux ennemies évoluant sous l’eau et pouvant ressembler aux fantômes de The Grudge, ou à Samara dans The Ring. Ils ne cessent de nous poursuivre et nous font regretter toute hésitation ou erreur de direction. Les décors sinistres des lieux, ainsi que l’étrangeté des activités s’y déroulant, renforce ce sentiment. Et plus encore  le côté science-fiction, car au fil de l’aventure notre jeune héros aura à piloter un sous-marin, à la Jules Verne, et se verra attribuer quelques rares nouvelles compétences. Personnellement, je n’ai pas vraiment apprécié ces évolutions dans le jeu, bien que cela renforce la diversité de l’aventure. J’aurais préféré rester le garçon échappant aux adultes et tentant d’avancer toujours avec ses peu de moyens.

 

Inside est un mystérieux voyage, une fuite, nous poussant toujours, par ses qualités, à avancer pour essayer de comprendre les agissements liés à la zone dans laquelle nous évoluons. Diversifié, beau, original, Inside a toutes les qualités pour marquer les esprits et faire de lui un jeu culte. Le plaisir durera malgré tout environ six heures. C’est assez peu mais cela est largement compensé par la qualité du contenu, tandis que la scène et le dénouement final vous laissera sans voix…

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A propos de l'auteur : Crazy-Alice

Rédactrice perdue dans le pays de la folie

Un commentaire sur “Inside”

  1. Prypiat dit :

    J’aime les jeux qui racontent sans cinématique. Ces gens ont tout compris à la « bonne » manière de raconter une histoire dans un jeu. Une manière ludique.
    « Show, don’t tell » comme on dit dans la langue de Donald Trump.
    Inside est marquant ouais. Un p*tain de crescendo de 3h. le final en particulier est magique.

    Pour le reste, pour moi c’est clairement un Limbo 2. Mêmes qualités (narration, esthétique – plus que l’image c’est le son qui me marque dans les production Playdead)…
    mêmes « défauts » aussi, bien que finalement subjectifs (répétitivité de patterns d’ »énigmes », imperfections de jouabilité, die-and-retry injuste), même s’ils sont un peu gommés – et que ces deux derniers sont justifiables dans le contexte du jeu..
    Il me reste toujours un petit questionnement sur la pertinence d’utiliser des enfants comme personnages principaux – c’est moins justifié ici que dans Limbo, et ça fait un peu « solution de facilité » pour l’attachement (et la violence) je trouve.
    Mais Inside a gagné en maturité par rapport à Limbo. Ouais, c’est une vraie bonne suite comme on n’en fait plus. Du « more of the same », mais en différent et plus travaillé.


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