Error System – Tales From Candlekeep : Tomb Of Annihilation
J’ai été frappé par une envie subite de Donjons & Dragons. Je devrais pourtant le savoir lorsque ce genre de sentiment vient frapper à la porte ; tu cherches de manière frénétique un jeu de cet univers alors même que tu sais pertinemment que tu les as tous retournés, pour tomber sur un jeu que tu as esquivé pendant longtemps parce que tu avais de gros doutes sur sa qualité, et pour finalement craquer et te rendre compte que c’est vraiment, mais alors vraiment, de la merde. Tales From Candlekeep : Tomb Of Annihilation rentre-t-il dans ce cas de figure-là ? Totalement, et c’est ce que nous allons voir ensemble. C’est parti !
Ce jeu avait déjà de quoi réussir son numéro de danse de ventre sur moi. Donjons & Dragons tout d’abord, univers pour lequel j’ai un faible depuis que je suis ado à travers une pelleté de bouquins. Ensuite, pour la région de Chateau-Suif (… ça sonne quand même mieux Candlekeep) qui est revenu dans divers romans, ainsi que dans Baldur’s Gate 1 & 2. Enfin, il promettait l’adaptation d’un jeu de plateau en jeu vidéo avec de la génération procédurale. Mais voilà, on pourrait avoir la faiblesse de penser qu’une telle adaptation serait facile, sauf que pas du tout.
Mais avant de tailler dans le vif, petit aperçu du pitch et des personnages impliqués. Nous prenons en main un groupe de quatre personnages dont l’objectif sera d’étriper un tyran du nom d’Acererak pour contrer les effets de la malédiction de la mort, et pacifier au passage la région de Chult. En bref, on va semer tout un tas de cadavres sur notre chemin et passer pour les sauveurs de l’humanité. Pas de quoi filer une demie-molle, mais passons.
Le héros principal est un rodeur humain, Artus Cimber, et il est le détenteur de l’anneau de l’hiver, un artefact suspendant le vieillissement naturel. Asharra, quant à elle, est une mage Aarakocra, leader d’une communauté de volatiles humanoïdes. A côté, les accompagne une ancienne esclave devenue barde, Birdsong, et cette Tabaxi (race féline humanoïde) a conservé un certain désir de vengeance contre ses anciens tortionnaires. Enfin, Dragonbait est un saurien paladin tirant ses pouvoirs de son affinité avec Tyr. Pas de création de personnages, et tous forcément d’un alignement bon, mais passons.
Oui, passons, puisque l’histoire présentée ici n’est qu’un prétexte pour une enfilade de tableaux où l’on va se foutre sur la tronche avec des bestioles diverses et variées. Bien évidemment, on nous camoufle cela avec des termes bien connus, que sont la quête principale et les quêtes secondaires, mais dont le fond est globalement inintéressant. Il suffit juste de garder en mémoire que vous aurez beau vouloir abréger l’expérience en rushant la principale, les quêtes secondaires restent malgré tout un passage obligé pour avoir le niveau lors des différentes rencontres. Jusque-là, mais j’y reviendrai plus tard, rien de folichon.
Bon, après tout, on reste sur l’adaptation d’un jeu de plateau en jeu vidéo, et le mieux que l’on puisse espérer, c’est que les mécaniques de gameplay soient bien huilées. Lorsque l’on arrive sur une carte, on se retrouve avec un plateau de 4 x 4 tuiles où l’on peut déplacer chaque héros lorsque c’est leur tour. Si on termine le tour de l’un d’entre eux au bord d’une tuile, cela pourra en ajouter une nouvelle à l’ensemble, et on explore ainsi toutes les tuiles dans la direction souhaitée, jusqu’à arriver à compléter les objectifs qui nous auront été assignés. Chaque nouvelle tuile peut contenir son lot de créatures à poutrer, de trésors ou d’éléments à récolter, ou des boss à affronter.
Finalement, peu importe la direction choisie, car le jeu va tout générer de manière procédurale afin que vous puissiez accomplir votre mission. Toutefois, il faut faire attention pendant la phase d’exploration, car si une nouvelle tuile qui a été révélée contient des ennemis, alors ceux-ci sont immédiatement opérationnels pour vous attaquer sans que l’on ne puisse faire quelque chose. Oui, tactiquement parlant pour les joueurs, c’est un choix totalement con. A noter que, grâce à une jauge d’adrénaline qui progresse au fil des combats, il sera malgré tout possible d’esquiver certains défis.
Est-ce que cela fonctionne ? Eh bien, c’est répétitif, et globalement punitif. En lisant punitif, venant de moi, vous pensez probablement que c’est l’hôpital qui se fout de la charité, mais dans ce cas-là, c’est punitif dans le mauvais sens du terme, car relativement déséquilibré. Chaque action amène forcément des pénalités dues au fonctionnement même du jeu. Pour être plus clair, j’ai envie de dire qu’avec de la génération procédurale, cela devrait normalement être une joie pour les adeptes de l’exploration, sauf que plus vous explorez, plus les tours passent, et plus il y aura d’ennemis et plus ils pourront alors obtenir des coups gratuits. En conséquence, chaque tableau doit être rushé afin de ne pas être débordé.
Tout cela, en prenant en compte le fait que la manière dont sont construites les tuiles peut parfois relever de l’absurde. Par exemple, une tuile apparaît avec un coffre à trésor, ainsi que quatre pièges pour le protéger. La manière dont ils sont disposés et le peu de mouvements possibles fait que l’on est obligé d’amener un seul personnage pour désamorcer tous les pièges, en sachant qu’un piège nécessite un tour pour être désamorcé. On ne peut pas trop éloigner les autres membres du groupe afin de ne pas avoir un personnage isolé et un groupe plus faible, et l’on passe ainsi quatre tours pour tous les personnages, afin de looter un trésor à deux balles. Bien évidemment, entre temps, des ennemis auront popé ou auront gagné des bonus.
D’ailleurs, en parlant de trésor, cela se limitera à des potions, des ressources plus ou moins rares, et des pièces d’or. Les ressources d’artisanat et les pièces d’or vous permettront de faire évoluer l’équipement de chacun de vos personnages. Il y aura l’arme principale et la secondaire, les éléments d’armure, ainsi que la cape et les anneaux. Sauf que tous les éléments de ressources nécessaires à une amélioration sont partagés par tous les membres du groupe, et vous serez toujours à court (… d’or principalement). Le moyen d’en gagner afin de pouvoir avancer dans les tableaux de difficulté supérieurs se limitera donc à refaire les précédentes « quêtes » secondaires…
On manque systématiquement d’or pour faire évoluer les équipements de chaque personnage ? Heureusement, les développeurs pensent à vous : plutôt que de retourner faire des missions déjà réalisées pour obtenir le montant d’or nécessaire, il existe un DLC par avatar permettant entre autre de… avoir plein de pognon et de ressources rares, ainsi que des bonus cheatés. La mécanique est donc totalement délibérée, et le DLC à 2,99 € se retrouve être un correctif d’équilibrage payant. Il ne manque plus que le panneau « Veuillez baisser votre pantalon pour le toucher rectal » pour que l’image soit parfaite.
Vous l’aurez compris, Tales From Candlekeep : Tomb Of Annihilation n’est qu’une vaste blague transformant une fois de plus une licence sympathique en vache à lait. J’ai tenu cinq heures et des broutilles, mais continuer au-delà était bien trop peu intéressant, d’autant plus lorsque l’on constate le manque de diversité au niveau des environnements traversés. Ouvertement déséquilibré, fade tant au niveau du fond que de la forme, et foutrement répétitif ; en bref, passez très loin de cette sombre merde, et résistez au chant des sirènes de Donjons & Dragons.