Dix balles de vitard : Home
Qu’est-ce qu’un vitard ? La probable contraction de Vita comme PS Vita et retard comme « retardé mental » . Un vitard, c’est fondamentalement un mec qui joue à des jeux sur une console morte, alors qu’ils sont plus chers que par exemple sur PC. Et si le jeu est disponible sur Vita, c’est que n’importe quel PC peut le faire tourner. Mais voilà, « dix balles de vitard » , c’est un article qui – à l’instar de Digerati Bundle – parlera de jeux joués sur PS Vita, dans des conditions spéciales uniquement possibles avec une machine qui tient dans la main. Prêt pour le retour de l’article expérimental mais pas trop ? C’est parti.
« Achète-moi, bordel de merde ! » . Tous les jours je passais devant ce jeu. Home. A survival horror blablabla… Bref, un jeu qui tombe fréquemment à deux balles au lieu de cinq. Bref, un jeu qui ne demande qu’à être pris pour grossir son catalogue déjà rempli de jeux que je me demandais ô grand dieu pourquoi en avais-je fais l’acquisition ? Eh bien parce que le vitard meurt de faim, et son désir de jeux n’est jamais assouvi par une production ambitieuse. Alors on utilise sa Vita comme une console de grignotage.
Toujours est-il que je n’ai jamais craqué pour Home. Je passais devant lui en m’exclamant avec une petite, mais alors toute petite, pointe de mépris « Oh ! Une merde indé ! » ; la fameuse et classieuse phrase toute faite. Alors bien sûr, le temps passe, le vitard qui sommeille en moi et qui a soif de retoucher la superbe machine de Sony finit par voir une nouvelle vague de promo sur des jeux divers et variés du catalogue de la machine. Un errement de l’esprit plus tard, dix balles furent sacrifiés sur l’autel de la Vita, et une fois ceci fait, quatre jeux furent disponibles. Parmi eux, le fameux Home.
Three Fourth Home ? Y aurait-il un lien pour que j’eus finalement décidé de craquer pour un jeu n’ayant qu’un seul des trois mots du titre de ce jeu qui m’avait marqué par sa sobriété et son écriture ? Probablement aucun, mais la psychanalyse irait facilement coller un lien entre ses deux éléments, complexifiant un peu plus la toile d’araignée qui me servait de cerveau, (ou « cerveau de servait » comme j’ai failli l’écrire au moment de la rédaction de cet article – un acte manqué ? Mais que signifie-t-il ?)
Je suis dans la chambre de mon frère. Il joue à Battlefield One, il a un bon ratio, c’est cool. Je suis avec ma Vita car j’attends que Sea Of Thieves s’installe sur le PC que m’a filé Toupilitou, histoire de pouvoir jouer au dernier jeu de Rare, même quand mon frère monopolise la One. Alors que j’étais prêt à écouter de la musique, la Vita m’appelle et me dit « Allez, on joue ! » . Moi, ne me demandant surtout pas pourquoi la Vita parlait, je la prends et répondit « OK pas de soucis » ; après tout, j’avais très envie de jouer à Forma 8. Sauf que là, grosse flemme, envie de texte, envie de renouer avec un feeling proche de Three Fourth Home. Alors machinalement, sans trop savoir pourquoi, je lance Home.
Le jeu me demande de mettre un casque, et de jouer dans le noir. Le casque, check, mais je n’arrive curieusement pas à éteindre la lumière du soleil. Alors forcément, j’appelle mon pote Icare en CDD dans une bande annonce de Deus Ex : Human Revolution à ce moment-là, il me dit alors « D’accord, je fais d’une pierre deux coups et je vais éteindre cette merde cancérigène ! » . Je le vois décoller, il brûle, il tombe, et paf, ça fait Mankind Divided. Je sors de ma rêverie de conneries, et je décide enfin de lancer la partie, en montant à fond le son de la Vita histoire que mon casque crache ses poumons.
C’est l’histoire d’un mec qui se réveille dans une maison où il y a eu des meurtres. Pas de gameplay, à part marcher (« Eh c’est moi ça » ), activer des trucs, lire des machins… Bref, l’histoire avance, c’est globalement classique, il se passe rien du tout, tandis que la narration est très passive.
C’est très réussi, la tension vient de ce que l’on ne sait pas ; le jeu n’invite jamais directement à prendre connaissance d’une information capitale, et on peut passer à côté de presque tout. Plus on en sait, plus l’horreur grandit. Le mystère se désépaissit, tout devient vite assez évident, mais la vérité serait plus agréable à refuser. On comprend le personnage d’ailleurs ; il n’a pas envie d’y croire, et comme c’est nous qui faisons tout pour qu’il découvre ce qu’il s’est passé. On passe facilement du rôle de spectateur à celui d’acteur subtil de l’histoire. Lire ou ne pas lire, tel est le simple dilemme du jeu. Les choses sont limpides. C’est en faisant en sorte d’en apprendre plus que le survival horror naît de cette histoire tout en pixel et en texte.
Le son est très travaillé, et quelque chose nous invite au malaise. Le rythme des sons est régulier, le rythme de la respiration toujours plus lourde du personnage fini par être synchronisé à la mienne. C’est à ce moment que l’horreur est à son paroxysme. Home creuse alors l’esprit par la suggestion et un habillage simple, mais raccord avec ses intentions, la culpabilité, la crainte, le doute se mêle, la culpabilité d’avoir découvert le fond de l’histoire, la crainte que ce soit la seule vérité de cette dernière, et le doute que cela puisse être vrai.
Home se finit une heure et demie plus tard, alors que l’on n’a pas vraiment eu le temps de revenir de son ambiance, on ressort du casque avec le même rythme cardiaque que le personnage que nous avons incarné. Le frère joue toujours à Battlefield, le soleil est toujours cancérigène, Sea Of Thieves n’a pas fini de se télécharger, pourtant on passe les minutes suivantes avec l’âme plus lourde, et l’esprit un moment ailleurs.
Home. C’était ni original, ni joli, ni très intéressant à jouer, mais quand on en ressort, on y est toujours un peu branché, comme le casque qui n’a pas quitté la prise jack depuis cette expérience. Home m’avait fait prendre conscience qu’une console portable avait le pouvoir de facilement nous parler aussi, et ça compte.
En fait, si je te comprends bien, un vitard, c’est un utilisateur de Steam en devenir ?
Un utilisateur de Steam « mobile » en devenir, là est la nuance.
Mais ouais, la Vita est une poubelle ludique qui sublime les déchets et parfois t’offre de vraies merveilles
wow….il est maso notre marcheur!
il adore se faire du mal :p
Pas maso, « vitard » c’est expliqué dans l’intro