Blood Bowl 2
Après l’insistance d’un lecteur, Redd de son petit nom, je me suis décidé à me lancer dans Blood Bowl 2, développé par Cyanide et édité par Focus. Pour résumer succinctement son discours, il n’arrivait pas à comprendre pourquoi je n’y jouais pas, alors que j’aime l’univers de Warhammer et les tacticals. En somme, j’avais raté ma vie quoi. Je n’ai bien évidemment pas résisté bien longtemps face à ces arguments massue, et je succombais en faisant l’acquisition d’un jeu autant chronophage qu’addictif. Afin de m’éduquer comme il se doit, j’ai même eu l’occasion de me prendre quelques raclées face à ce vétéran. Et si je me permets de vous en parler aujourd’hui, c’est tout simplement car j’ai réussi à arracher non pas une victoire, mais un nul contre lui (… une petite victoire tout de même !), après tout de même une cinquantaine d’heures d’entraînement. Alors, c’est comment de faire la carpette dans Blood Bowl 2 ? C’est ce que nous allons voir ensemble. C’est parti !
Blood Bowl, c’était avant tout un jeu de plateau Warhammer, avec la palanquée de figurines qui allaient avec. Par la suite, Cyanide força un peu la main à Games Workshop en créant le jeu Chaos League, afin de pouvoir adapter Blood Bowl en jeu vidéo. Ayant démontré leur capacité à pouvoir l’adapter, ils ont donc créé le premier opus, qui connu d’ailleurs un petit succès ; il s’est vendu davantage de versions numérique que de jeux de plateau. Après moult éditions successives, le deuxième opus fit alors son apparition en septembre 2015, attendu par une fanbase en attente d’améliorations concrètes. Pour ma part, je n’ai ni joué au jeu de plateau, ni au premier jeu vidéo, et ne fait pas non plus partie de la fanbase en question. Vierge de tout a priori pour ainsi dire.
Première étape dans ce qui ressemble à un genre de football américain hardcore dans l’univers de Warhammer : créer son équipe. Pour cela, dans un premier temps, il nous faut choisir une race parmi huit disponibles : les Humains, les Orcs, les Nains, les Skavens, les Elfes Noirs, les Haut-Elfes, le Chaos, et une race qui a priori n’existait pas dans le jeu de plateau, les Bretonniens. Depuis la sortie du jeu, les Hommes-Lézards, les Elfes des Bois, et les Nordiques les ont rejoint sous forme de DLC à prix prohibitif (… payants uniquement pour ceux ayant acheté le jeu après la sortie desdits DLC), et les Morts-Vivants les rejoindront sous peu. Pour ma part, le nombre de races ne m’a pas dérangé le moins du monde, mais les joueurs du premier opus, qui avaient alors 24 races à dispositions, hurlaient à l’incurie de Cyanide. Bref, la routine.
Une fois la race choisie, on dispose d’un petit pécule nous permettant de faire l’acquisition de nos premiers joueurs, chaque race ayant ses spécificités, ses propres troupes, ses avantages et inconvénients. Normalement, au fur et à mesure de vos essais, vous arriverez forcément à trouver l’équipe qui convient à votre style de jeu. Ayant une affinité particulière avec le Chaos, je m’y suis essayé, mais j’ai jeté l’éponge devant des branlées autant nombreuses que magistrales que je me prenais face à l’IA ou en multi. Le Chaos, composé de chèvres, de guerriers et d’un minotaure, c’est avant tout un jeu super subtil : exploser toute l’équipe adverse afin d’avoir une éventuelle chance de marquer (pour marquer, il faut déjà réussir à attraper la balle…).
Afin que mon petit orgueil ne prenne pas trop cher, je me suis ensuite essayé à une race se laissant manier plus aisément, car plus permissive dans l’erreur : les Orcs. Là encore, ce sont des gros bourrins, mais il existe davantage de troupes différentes, avec chacun un rôle plus ou moins dédié ; un troll qui régénère lorsqu’il chope une blessure, des gros bourrin d’orques noirs, des blitzers qui sont des spécialistes de la contre-attaque, la piétaille de base que sont les trois-quarts, un lanceur qui – comme son nom l’indique si bien – n’est pas trop manchot dès lors qu’il s’agit de faire des passes, et enfin un gobelin suffisamment petit pour se faufiler à travers les défenses adverses. De quoi permettre de varier les approches, les stratégies – et de faire remonter l’estime de soi au passage.
Quoi qu’il en soit, même si j’arrivais à enchaîner les victoires avec les Orcs, après un essai, j’ai finalement trouvé l’équipe qui correspondait davantage à mon style de jeu : les Hommes-Lézards. Le choix de troupes est aussi mince que pour le Chaos, à savoir un gros bourrin, des bourrins, et des petites merdes aussi agiles que les gobelins. Et là, avec ces derniers, cela changeait du tout au tout ; il était désormais possible d’envoyer des grosses mandales tout en pouvant encaisser quelques dégâts, mais également de pouvoir jouer la balle avec des petites bestioles. Une belle complémentarité, mais qui souffre par contre énormément dès lors que certains joueurs seront manquants à l’appel, à cause d’un KO, d’une blessure, ou de la mort.
Concrètement, la partie débute par un lancer de pièce, qui déterminera alors celui qui défend ou attaque, et donc celui qui commencera le tour en premier. Il faudra alors positionner chacun de ses joueurs sur le terrain, selon la formation souhaitée ; il est possible d’en utiliser des prédéfinis, ou bien de les placer plus ou moins totalement librement. Une fois fait, celui qui défend envoie alors la balle dans le camp de l’attaquant, tandis qu’un événement aléatoire survient pendant l’engagement. Cela peut aller d’un gros rocher tombant malencontreusement sur la caboche d’un joueur, à une brise faisant dévier le ballon, en passant par un repositionnement de l’équipe, ou bien encore par divers bonus / malus.
Le but est alors en théorie relativement simple : attraper la balle, percer les défenses, et placer un touchdown sur la dernière ligne du camp adverse. Dans la pratique, comme expliqué plus haut, toutes les races n’ont pas les mêmes armes pour y faire face, et l’appropriation d’une race par un joueur dépendra davantage de son style de jeu plutôt que de son affinité personnelle avec l’une d’entre-elle. Je ne désespère pas d’incarner un jour avec brio le Chaos, mais je vous redirai ça après davantage d’heures au compteur…
Dans un premier temps, attraper la balle ne sera pas à la portée de tout le monde ; une grosse brutasse aura énormément de mal à récupérer ce petit bout de cuir piquant qu’est le ballon avec ses grosses paluches, tandis qu’un gobelin ou un skink, nettement moins. Pour autant, ces derniers auront beaucoup de difficultés à faire des passes longues du fait de leur faible constitution. Cela se limitera donc à une récupération, avec une protection du porteur par l’équipe. Les Elfes, quant à eux, bien qu’étant relativement moins frêles, sont très agiles et ont en conséquence un meilleur jeu de passes et de course. Il s’agit alors de bien savoir leur barrer la route, à coup de gants cloutés si possible.
Afin de mettre en œuvre nos stratégies via nos placements, mouvements, et actions, tout cela s’effectuera au tour par tour, de trois minutes chacun. Joueur après joueur, nous aurons la possibilité de se déplacer et frapper, jusqu’à ce que plus aucune action ne soit possible, ou bien après l’échec de l’une d’entre-elles. Car oui, chaque action, qu’il s’agisse de coller une grosse beigne, d’esquiver un tacle, ou bien encore de courir à une distance au-delà du raisonnable, nécessitera un jet de dés.
Le destin pouvant être particulièrement cruel dans Blood Bowl 2, rien n’empêchera le fait que vous pourriez tomber sur des échecs critiques alors que tout vous prédisposait à la victoire. Fort heureusement, il est possible de recourir à un joker, permettant de faire une relance sur le dernier jet de dés. Ce joker ne sera à utiliser qu’à bon escient sur une action qui s’avère critique dans votre tactique, et non pour du confort ; de part leur faible nombre (quatre au maximum), ces relances peuvent parfois donner un résultat bien pire que celui d’origine !
Pour revenir sur les actions disponibles, il sera tout d’abord possible de se déplacer, selon une distance qui dépendra du nombre de points de mouvements du joueur. Il pourra tout de même aller au delà, à raison de deux cases, mais dépendant d’un certain pourcentage de succès, déterminant ainsi s’il arrive à bouger correctement son fondement, ou s’il s’écrase brutalement sur le sol en faisant une magnifique pirouette non-contrôlée. Une chute est synonyme de turnover, et c’est alors au camp adverse de jouer. Le déplacement peut être également soumis à une contrainte dès lors que l’on se déplace sur une case adjacente à un adversaire, où un tacle sera alors possible.
L’autre action disponible, dès lors que l’on sera au contact de l’adversaire, sera de faire parler les poings. Le nombre de dés disponible dépendra alors de la force de l’attaquant et du défenseur, mais sera également soumis au nombre d’alliés et d’ennemis entourant le défenseur. Là encore, l’échec entraînant un turnover, voire – si malchance et plus si affinités – blessures ou mort, il est préférable de ne pas trop jouer avec le feu de manière inconsidérée. Il faut vraiment être dans une situation désespérée pour tenter de faire attaquer un ogre par un gobelin ; si cela passe, posez-vous sans détours des questions sur votre conjoint(e), car vous seriez probablement cocu.
D’ailleurs, lorsqu’un joueur inflige une blessure ou marque un touchdown, il gagnera des points d’expérience, lui permettant ainsi d’acquérir des niveaux supplémentaires. Encore une fois, y compris pour passer un niveau, il y aura un jet de dés, déterminant les compétences ou caractéristiques disponibles en amélioration. L’aléatoire va donc encore une fois régir un autre aspect de ce jeu, me faisant penser que les poisseux passeront rapidement à côté de par son apparence punitive, quand bien même il s’agit simplement là ce qui fait tout le sel de Blood Bowl 2.
Le niveau des joueurs, les bonus disponibles, la trésorerie ; tout cela déterminera le niveau de l’équipe. Cela permet de situer son équipe par rapport à son adversaire. Juste avant le début du match, il sera proposé d’acheter des bonus, des joueurs ou des champions. Si l’écart de niveaux entre les deux équipes est trop grand, le montant de pognon alloué à l’équipe la plus faible sera alors plus important. Attention toutefois, car tout cela ne sera disponible que pour le match à venir ! Enfin, s’il vous manque des joueurs parmi les onze requis, des joueurs basiques dits journaliers seront automatiquement attribués afin d’équilibrer la rencontre.
Au delà d’une campagne solo s’étalant sur une bonne vingtaine d’heures, permettant de se faire la main avec les différentes mécaniques de jeu – mais ne donnant la possibilité que d’incarner les Humains, tous les matchs auxquels nous pourrons participer feront partie de compétitions, organisé dans des ligues, qu’elles soient solo ou multi. D’ailleurs, un petit mot rapide sur l’intelligence artificielle : elle remplit plutôt bien son office, même si elle a parfois des réactions que j’estime quelque peu incohérentes. En réalité, c’est bel et bien en multi que Blood Bowl 2 révèle tout son potentiel. Entre de bonnes mains, le style de jeu d’une race peut aisément transcender ce à quoi on était habitué en solo. Je n’ai néanmoins pas essayé de jouer avec des inconnus, car j’avais quelques contacts baroudeurs, et je ne saurais donc pas déterminer l’état de la communauté.
Graphiquement, j’ai peu de choses à en dire ; la vue stratégique est basique mais très lisible, tandis qu’il est possible de zoomer davantage, jusqu’à être au plus proche de l’action. Les tacles, les chutes, les sorties de terrain, et les beignes, sont représentés par des rapides cutscenes, donnant au passage plus d’impact à nos coups. Je déplore malgré tout l’absence d’un public, ce qui aurait rendu l’ensemble nettement plus vivant qu’un stade rempli de bancs vides. Quant à l’aspect sonore, le plus remarquable est la présence des deux commentateurs : Jim et Bob, un ogre et un vampire. Ils ont toujours une vanne bien sentie à sortir, et les doublages sont d’excellente facture, en français s’il vous plait. Malgré tout, la faible diversité des répliques, et la multiplication exponentielle des actions, font que l’on ressent inévitablement une forte répétition. J’ai d’ailleurs fini par couper le son pour me mettre une playlist.
J’ai fort probablement oublié de parler de certains aspects, mais il y a tellement de petits détails que j’en ai le tournis rien qu’à y penser. On se retrouve finalement avec un jeu complexe présenté d’une manière simple, et disposant d’une durée de vie pouvant être tout bonnement phénoménale. Alors, comme on me l’a si bien suggéré, si vous aimez la brutalité des Warhammer et la stratégie des tacticals, alors il y a de fortes chances pour que ce jeu vous plaise, parole de victime consentante. Sachez tout de même qu’il ne se laisse pleinement apprivoiser qu’après un certain nombre d’heures au compteur. Sur ce, Redd, viens prendre ta fessée !
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Tu fais bien de le dire, j’attendrai l’édition complète alors, non mais sérieux, avec des consoles constamment connectées on a pas le droit au même traitement que sur PC ?
Super article que j’attendais avec impatience !
Et content de t’avoir convaincu de te lancer dans cette carrière de coach.
Par contre, petite coquille : tu parles de 4 relances maximum disponibles mais ce n’est pas vrai. Rien n’empêche d’en acquérir plus, même si ce n’est stratégiquement pas forcément conseillé du fait de leur coût. Mais théoriquement, tu peux avoir 8 relances (soit 1 par tour).
Quant à ton choix d’éviter de jouer contre des inconnus, tu as bien fait. Les matchs en « ladder libre » risquent plus de rebuter les joueurs qu’autre chose. Entre les joueurs qui insultent, ceux qui se déconnectent, ceux qui te laissent poireauter durant les 3 ou 4 minutes de tour pour te forcer à déconnecter… La communauté « publique » est loin d’être fairplay. Mieux vaut privilégier les ligues privées.
Je rajouterai juste, au cas où ce n’est pas forcément compris par les lecteurs, que ce jeu est en mode « iron man » par défaut. Chaque XP, chaque blessure, chaque mort est définitive. Mais Cyanide a toutefois prévu un mode « match amical » permettant de s’affronter sans prise en compte des blessures et de l’XP, à la manière d’un mode « démonstration » de Mordheim. Une bonne idée selon moi, mais très peu utilisée par les joueurs.*
Pour les DLC, à part le mauvais traitement des joueurs consoles, la politique de Cyanide envers les joueurs PC est plutôt bonne. Les DLC sont chers, certes, mais le principe est que tout joueur qui achète le jeu aura TOUS les prochains DLC gratuits. La Loutre aura donc les morts vivants, les nurgles et les nécromantiques gracieusement. Quant à moi, ayant acheté le jeu en préco, j’aurai les 6 DLC connus gratuits, ainsi que les prochains (non annoncés pour le moment).
Ouais t’as raison ; les 4 relances max, c’est celles que tu peux acheter à 100000 balles chacune avant le match. Sinon, en dehors de cette phase, y’a moyen d’en acheter 8. Par contre, je ne sais pas si c’est 8 + 4, ou 8 maxi !
8 maxi, car une relance ne peut s’utiliser qu’une fois par tour de chaque mi temps.
Un mi temps étant composée de 8 tours, avoir + de 8 relances ne sert à rien.
J’avais un doute avec les tours bonus qu’on peut parfois avoir ^^
Je regrette Chaos League qui était bien meilleur niveau gameplay. Je suis fan de Blood Bowl jeu de plateau, le jeu sur PC n’est pas mauvais mais il ne change pratiquement rien au jeu de plateau tout en enlevant énormément de règle de possibilités, de races, de mods etc….
Chaos League innovait lui au moins…
Pour le coup, Chaos League était surtout un prétexte ; ils l’ont fait uniquement parce que Games Workshop étaient pas chaud pour leur filer les droits d’adaptation. Et c’est seulement après l’avoir sorti qu’ils les ont convaincu ; Cyanide les auraient convaincu dès le départ, Chaos League n’aurait pas vu le jour. ^^
Pour ma part, je n’ai pas vraiment aimé chaos league du peu que l’ai testé chez un pote.
Le temps réel, bof. D’ailleurs, le mode « blitz » de BB1 ne m’a pas du tout convaincu.
Par contre, j’aime le fait que ce soit la reproduction du jeu de plateau justement. Ce qui manque, en revanche, et là je rejoins QWARROCK, ce sont les races en moins et quelques règles (comme les cartes spéciales zone mortelles).
Ca manque aussi de pouvoir personnaliser des règles, comme les joueurs de plateau pouvaient le faire.
Cela dit, on y viendra peut être. Cyanide l’a promis. On sait qu’ils sont lents, mais ils améliorent ce BB2 assez régulièrement (le dernier patch est sympa d’ailleurs).
Bon, et sinon, un petit 4-0 des familles contre la Loutre, histoire de lui remettre les idées en place ^^
à ce sujet, Flo, peux tu nous dire où en est Cyanide côté console ?
Vous n’avez droit à aucun DLC gratuit (si achat du jeu à sa sortie ou avant les DLC), ou c’est juste les premiers que vous n’avez pas eus ?
Là où je pensais avoir une équipe qui tient la route, et que j’allais te rouler humblement dessus, bin tu m’as sévèrement poutré à coup de 4 – 0 !
Bon bah me reste encore 500 heures d’entrainement pour rattraper le niveau ^^