Beat Cop
J’ai souvent rêvé d’un jeu qui serait une simulation de progression en eaux troubles. C’est pourquoi This is the police Beat Cop m’a tapé dans l’œil sans détour… Mais ne serais-je pas en train de plagier l’introduction de notre loutre en chef sur sa critique de This Is The Police sortie l’année dernière ? Il faut dire que les jeux de simulation policière ne sont guère légion, si bien que l’on peut arriver de manquer d’inspiration au moment d’écrire une introduction. Enfin, ce qui compte ce n’est pas l’entête de l’article, mais plutôt son contenu… Regardez par exemple, les thématiques des deux titres ont beau être les mêmes, leur façon d’aborder les choses sont sensiblement différentes. Contrairement à son homologue qui se la jouait gestion de commissariat, Beat cop lorgne quant à lui du coté des point’n click d’action. Fini de jouer le commissaire graisseux qui se la coule douce dans son bureau, ici, il va falloir se retrousser les manches et faire chauffer le calepin à PV.
Autrefois inspecteur renommé, Jack Kelly s’est retrouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Accusé d’un vol qu’il n’a pas commis, notre héros se voit revenir au plus bas de la hiérarchie policière. Pour couronner le tout, sa femme décide de le quitter emmenant avec elle sa fille, sans oublier de lui imposer une coûteuse pension alimentaire. Son supérieur veut bien lui laisser son insigne le temps de prouver son innocence, le problème, c’est qu’il prend sa retraite dans vingt et un jour. Une fois le délai expiré, Kelly est bon pour la prison. Pendant cet intervalle, nos talents de joueurs vont être mis à contribution.
Le jeu se divise en vingt et une journées, durant lesquels il faudra ( ou pas ) laver l’honneur de Jack. Pour mener notre enquête, les développeurs de chez Pixel Crow nous immergent dans une ambiance digne des séries policières des années 80, le tout bourré de clins d’œil et de stéréotypes. En cette époque lointaine où les recherches ADN n’existaient pas encore, et qu’il faille obligatoirement se servir d’une cabine téléphonique pour passer des appels (ça semble fou !), la tentation de dissimuler des preuves au profit d’un gang est aisée, récupérer un billet pour fermer les yeux sur un PV, une formalité. D’ailleurs, il serait dommage de ne pas profiter de votre statut, vu que c’est comme cela que procède l’ensemble de vos collègues !
Ne pensez pas rester longtemps un flic incorruptible, car vous ne ferez pas long feu si vous vous mettez à dos les gangs de votre secteur. Celui ci se caractérise par une grande rue new-yorkaise où se côtoie tant bien que mal, commerçants, mafia italienne, et gang afro-américain. C’est dans cette rue que vous passerez vos journées. Sur place, ne comptez pas sur une mini-carte ; il ne tiendra qu’à votre mémoire pour mémoriser chaque lieu d’importance. Néanmoins, les numéros des immeubles se révéleront utile pour vous repérer, et seront souvent indiqués lors des appels radio. Utile en cas d’intervention rapide !
Mise à l’amende
Chaque matinée démarre de la même façon. Après vous avoir abreuvé d’insultes scatophiles, votre supérieur vous donnera vos objectifs à accomplir pour la journée. Cela se résume généralement à un certain nombre de PV à distribuer, ainsi qu’un objectif annexe. Évitez de prendre cela à la légère, car en cas d’amendes injustifiées, vous recevrez une réprimande de votre chef, et plusieurs réprimandes équivalent à une baisse de salaire… voire pire. Vous ne voulez pas perdre votre badge si rapidement ? Si ? Ne vous y trompez pas, l’attribution de PV peut sembler plus technique qu’elle n’y paraît !
Il vous sera demandé de vérifier si l’heure du parcmètre n’est pas arrivée à expiration, si les pneus sont tous en bon état, ou encore qu’il n’y ait aucun phare de cassé. Heureusement, ces phases de recherche pourront être écourtées en repérant visuellement les éléments défaillants directement sur le véhicule. Je vous laisse le plaisir de les découvrir, car c’est à ce moment que vous saurez si vous êtes devenu un contractuel confirmé. Mais pour être un agent de police respecté par sa hiérarchie, mettre des amendes ne suffira pas !
Il vous sera aussi demandé de retrouver des véhicules suspects, patrouiller sur l’ensemble de la rue, interroger les témoins d’une scène de crime, courir après des tagueurs, interpeller des voleurs d’auto-radios… Les activités sont variées et seront différentes au fil des jours. Cela dit, une fois votre quota terminé, rien ne vous empêche de passer vos journées à jouer au poker ou à faire de la boutique de donuts votre nouvelle base arrière. Beat Cop vous laisse libre de vos choix, mais à mesure que vous vous impliquerez dans la vie du quartier, ils seront de plus en plus nombreux…
Point and Flic
En effet, vous serez sollicité de toute part ; quand ce n’est pas le vendeur juif qui vous demandera de démasquer un nazi dissimulé dans le quartier, ce sera le prêtre qui vous implorera de démanteler une secte d’illuminés. Un appel radio pour déloger des chats errants et on se retrouve à remettre sur le devant de la scène un acteur porno à la retraite. La richesse et l’originalité des missions proposées est clairement le point fort du jeu. Toutefois, méfiez-vous, car chacune de ces missions, aussi déjantées soient-elles, vous amèneront à faire des choix qui pourront avoir un impact sur les jours suivants.
Le problème, c’est que le temps file très vite. Une journée s’écoule environ en une trentaine de minutes (comptez une dizaine d’heure pour boucler le jeu), heureusement une pause s’active à chaque dialogue, ou lorsque vous consultez vos objectifs. Je vous conseille de régler dans les options la vitesse des dialogues au minimum ; cela permet de garder une certaine maîtrise du temps vu qu’il est possible de passer les infobulles lues en faisant un clic gauche.
Vous vous apercevrez rapidement que le jeu n’est pas à la contemplation et qu’il va falloir jongler entre les différents objectifs avant la fin du service. Vaut-il mieux se rendre chez l’indic qui nous donne rendez vous au 633 à 14h ? Ou bien se rendre en urgence au 605 pour arrêter un braqueur? Vous n’aurez clairement pas le temps d’être partout à la fois et vos décisions seront souvent prises dans l’urgence. À la fin de la journée, un récapitulatif de vos actions quotidiennes s’affichera, et vous ne saurez qu’à ce moment-là si vos choix ont été les bons.
Être un flic modèle, c’est bien, être respecté, c’est mieux ! Le quartier dont vous aurez la responsabilité est aussi le territoire de deux gangs rivaux, à savoir la mafia italienne et les gangsta. A la manière de Reigns, contenter les uns mettra en rogne les autres. Leurs degrés d’appréciation est représenté par une jauge de confiance qui se remplira ou diminuera en fonction de vos actions. Une jauge trop basse, et vous pouvez être sur que vous finirez pas vous faire dessouder. Au contraire, vous arrivez à obtenir les bonnes grâces d’un des deux camps, et c’est une fin supplémentaire qui se débloque.
Bien entendu, avant d’y parvenir, il va falloir vous salir les mains, comme par exemple en fermant les yeux sur certains délits. Enfin, le dernier point qu’il convient de surveiller est votre compte en banque. Il se trouve que votre ex-femme vous demandera tous les trois jours de réunir une certaine somme pour payer la pension alimentaire. De prime abord, cela ne semble pas impacter sur la carrière de Jack, sauf que celle-ci s’est recasée avec le beau-frère du procureur. Ce qui veut dire que si vous ne payez pas, celui-ci va mettre la pression à votre chef, et vous êtes sûr de prendre la porte.
Bide clope
Comme vous avez dû le constater en regardant les screens de la page (si vous ne les avez pas vu, c’est que vous vous focalisez sur le texte, et c’est pas plus mal ! ), le jeu adopte un style visuel en pixel art. A moins d’être réfractaire au genre, il n’y a aucune raison de ne pas se faire happer par l’ambiance eighties du titre, ne serait-ce par l’animation qui restitue un New-York vivant.
Les véhicules se garent et repartent, la rue grouille de passants qui, lorsqu’ils vous croiseront, n’hésiteront pas à lâcher un commentaire adapté à votre réputation. Cela me permet de rebondir sur le ton employé lors des dialogues. Le jeu adopte un humour très second degré dans un registre souvent plus bas que le niveau de la ceinture. C’est graveleux et cru, on aime ou on aime pas, personnellement de nombreuses punchlines m’ont bien fait marrer, mais je me doute que les amateurs d’humour raffiné puissent rester sur leur faim.
Les musiques sont sympatoches mais ne resteront pas dans les mémoires, sauf peut être à cause de leur répétitivité. Finalement, voila le principal défaut du titre : une fois que vous aurez compris et découvert toutes les mécaniques, une certaine redondance commencera à s’installer. Vous deviendrez semblable à un radar automatique, qui distribue les amendes sans même plus écouter les complaintes des automobilistes. La seule motivation qui vous restera est de découvrir la quête suivante pour lire de nouvelles lignes de dialogue désopilant.
Beat Cop est un petit jeu bourré de bonnes idées. Le concept original et ses dialogues décapants ne sauront cacher une certaine redondance sur la durée. Peut être cela est-il dû au fait que l’on soit toujours cantonné à la même zone ? Néanmoins, vu le petit prix auquel il est commercialisé, il serait dommage de passer à coté, surtout si on affectionne les jeux bavards.
Quelle que soit la simulation où on nous demande d’incarner un flic, on se retrouve toujours dans la peau d’un vieux looser ^^
Le setting est très proche avec celui de This Is The Police, le gras du bide en moins (et encore, parmi la bouillie de pixels, qu’est ce que t’en sais qu’il est pas ventripotent ton poulet ? )
même dans LA noire on fini dans la peau du looser …apparemment, les flics heureux sans histoires ça n’intéresse personne !
On le sait car notre premier coéquipier se nomme « fat Mike » et il dispose de plus de pixel au niveau de sa ceinture abdominale que notre heros. En plus de cela, vaut mieux ne pas souffrir de surcharge pondérale étant donné que l’on va passer tout le jeu à cavaler d’un objectif à l’autre .