Absolver
Est-ce que je suis le seul à regretter les films d’arts martiaux ? Oui, parce que parmi les dommages collatéraux qu’a provoqué la Super-Héros mania de Marvel et co, c’est que ça a vampirisé les films de Kung-fu qui ont bercé notre jeunesse. L’ode à Stan Lee est venue complètement supplanter l’ode à Bruce Lee. C’est d’un triste, franchement. Désormais, on ne cherche plus à faire des films qui tournent autour de cascadeurs au sommet de leur art (martial), mais plutôt de belles gueules qui savent juste poser pour une affiche, et que l’on cache derrière un torrent de doublures et d’effets-spéciaux. Désormais, faire des jeux de jambes acrobatiques c’est ridicule ; si tu ne te caches pas derrière un masque en latex, et si tu ne portes pas un slip par-dessus un pantalon moulant…
Les gars de Absolver ont beau être masqués, ce ne sont pas des lopettes pour autant ! Bon, ils ne sont pas des ceintures noires non plus, mais il arrive qu’ils mettent un bon crochet du gauche… Si vous ne le savez pas, Absolver est le premier projet des petits parisiens de Slocap (pas d’asiatiques, qui l’eût cru ?) et c’est édité par les badass de Devolver Digital. C’est un titre qui m’a tout de suite intrigué et dont je guettais fébrilement la sortie. Et je crois que ma nostalgie envers le « Kung-de-fous » en explique assez bien les raisons… Bon ben, maintenant que j’ai tâté la bête, je peux plus facilement la présenter. Alors, je dirais que Absolver est un Souls-like enragé qui est mélangé à du Beat ’em all à la Streets of Rage, et le tout beigne dans un multijoueurs de rageux. Ah, et il me fait vachement rager !
« Roh, il y en marre de ces raccourcis foireux qui veulent tout foutre dans le panier des Dark Souls que j’abhorre ! » Ouais, Toupilitou, je te comprends, mais cette fois, ce n’est pas tout à fait usurpé, parce qu’on y retrouve vraiment la même structure des Souls. Même si, et c’est là tout le problème avec Absolver, ça sent farouchement la contrefaçon asiatique… Déjà, il veut copier sa narration ambiguë dans les rares cinématiques et les quelques PNJs typiquement « Talking Heads » à la Souls. Sauf que là, on se rend compte rapidement qu’il s’agit plus d’un cache-misère qui tente de faire passer une histoire et un univers faméliques… En fait, l’histoire est que vous faites partie des criminels qui sont envoyés dans un monde parallèle, où ils doivent, bizarrement, atteindre l’absolution en se foutant méchamment sur la tronche. Votre quête (Fedex) se résume à latter neuf boss, pour enfin atteindre le stade de Absolver, et gagner sa liberté captivité en restant bloqué dans ce monde là… De grâce, messire, pourquoi m’avoir soumis à ce parcours d’expiation, s’il n’amende rien à mon malheur ? Pour pex, ducon ! Et puis, faut bien que tu restes là pour remplir les serveurs.
Voila. Il ne faut pas être un scénariste d’Hollywood pour voir que l’histoire / l’univers / l’RP sont pour le moins ténus dans Absolver, et c’est surtout un prétexte pour la rixe de masqués. Ce n’est pas le seul prétexte du titre malheureusement, parce que le level design en est aussi un. Dans la forme, les paysages sont dotés d’une patte artistique pastel bien plaisante, même si les environnements sont finalement trop peu variés. Dans le fond, c’est une toute autre histoire. Le monde se veut ouvert et labyrinthique dans la tradition des Souls, bien qu’il souffre d’un manque cruel d’ampleur, d’épaisseur, et de vie. On se balade dans des environnements étriqués, creux et vides, sans lore, sans découvertes, sans surprises, sans grand-chose. La seule interaction possible avec le décor (à part une ou deux portes à enfoncer, ainsi qu’un bidule qui sert à méditer), c’est via des cairns occasionnels renfermant du loot. Du loot tristement peu inspiré qui plus est, vu qu’à part deux résistances qui changent, il n’y a rien d’autre… Bref, on a finalement la fâcheuse impression de visiter une maquette de tournage abandonnée qui s’est faite squattée par des SDF ninjas.
L’exploration étant réduite à sa plus simple expression, on se rabattra dès lors sur la baston. D’abord, il faut rendre à César ce qui est à César : ça en met plein les mirettes, les animations sont réalistes, les enchaînements sont fluides, et il y a une impression d’impact pas mal punchy qui s’en dégage. Je regrette juste le manque de variété des sons, car on a souvent les même bruits de claques qui reviennent. Aussi, il faut dire que les mécaniques de combat sont bien complexes entre un système de postures multidirectionnelles, un deck de plusieurs attaques d’effets différents, à apprendre, à combiner et à enchaîner, des sorts, et même des capacités propres à chaque classe. Le jeu offre aussi un système de montée de niveau avec caractéristiques dans lesquelles investir, ainsi que des armes de corps-à-corps, rares et fragiles, pour charcuter ses ennemis. ‘fin, il n’y a pas vraiment de charcuterie dans l’affaire ; ça reste amèrement bon enfant et dépourvu de la moindre effusion d’hémoglobine. Aucune lueur d’un « FINISH HIM ! » à la Mortal Kombat donc…
Après tant d’éloges sur les bagarres de Absolver, vous vous attendez surement à ce que je râle en contre-attaque. Et bah, vous me connaissez bien décidément : tout ça est massacré par des contrôles au clavier / souris d’une horreur sans nom ! Il y a bien un menu de ré-attributions de touches, mais certaines, importantes en plus, manquent étonnamment à l’appel. Pour basculer entre les postures, on vous impose d’utiliser les touches QSEC. Sauf que, si vous êtes un PCiste normalement constitué, vous utilisez déjà ZQSD pour vous déplacer. Vu que vous aurez dû remarquer qu’il y a des touches en commun, je vous laisse imaginer la suite. Et même si vous décidez de vous rabattre sur le pavé directionnel pour les déplacements, ça sera toujours un calvaire. Oui, car de l’autre côté, les devs ont eu la foutue bonne idée de lier l’utilisation des compétences actives aux déplacements de la souris, un peu comme si c’était une putain de Wiimote. Inutile de vous dire que c’est aussi peu fiable que casse-burnes… Bref, un gros doigt d’honneur aux allergiques à la manette, parce que Absolver, c’est le genre de portage PC qui se grille dès le menu principal, où il vous dit « Appuyer sur X pour continuer » .
Il reste quoi ? Le multijoueur. Le multi de Absolver, c’est soit du 1V1 en arène, soit en « seamless » dans le monde du jeu, avec jusqu’à trois joueurs qui se rameutent dans ton instance. Oubliez tout de suite le 1V1 : ça lag de partout, le matchmaking est foireux, les parties sont déséquilibrées, et il n’y a qu’une seule arène toute pourrave… Du reste, l’aspect PVE est complètement sans intérêt. Déjà, les boss ne sont pas si ardus ou complexes que ça, et ils sont facilement solotables. Mais en plus, vu que l’IA n’est pas une lumière et que le combat est clairement pensé pour du 1 contre 1, se mettre à deux contre un boss fout en l’air tout l’aspect technique des combats, qui sont dès lors relégués au rang de gangbang sauvage. Finalement, il n’y a que le PVP instancié à sauver éventuellement. Mais là aussi, il ne faut pas être trop regardant vu que les desync et les latences nous font parfois croire qu’on est dans un film de Zack Snyder avec des ralentis partout.
Et le meilleur pour la fin : la campagne de Absolver se boucle en cinq heures en prenant bien son temps, tout en se perdant allègrement. Et à en juger par le manque cruel de direction et d’assistance, les devs doivent prier très fort pour que vous vous perdiez afin de ne pas remarquer la durée de vie riquiqui de leur jeu. Il faut d’ailleurs noter que cinq heures de durée de vie, c’est une appréciation généreuse de ma part, parce que j’ai vu pas mal de gens dire qu’ils se l’ont torché en moins de deux heures… En fait, la campagne, ce n’est qu’un vulgaire tuto pour le PVP (et même niveau tuto, j’ai vu bieeeen mieux) et, du coup, on se demande vraiment pourquoi ils n’en ont pas juste fait un fighting game à la Tekken. J’aime bien les Tekken moi, surtout le moment où Liam Neeson brise des rotules.
Au final, Absolver s’avère être un crime vidéoludique difficile à absoudre. Là où il était parti pour être un coup de pied dans la fourmilière, il s’est révélé être un coup de pied dans les boules. Et j’ai vraiment les boules contre ce studio parisien qui file ici le coup de boule le plus douloureux depuis celui de Zizou en 2006… Je voyais en Absolver la réincarnation de Jésus, mais, finalement, je n’y ai rien trouvé à part la satisfaction passagère de distribuer des pains à droite à gauche comme l’autre Jésus, et finir sur la punchline du « Vous allez finir par vous aimer les uns les autres, bordel de merde ?! » .
… Et dire que j’ai failli craquer sur celui-là ^^
Le simple fait de massacrer les contrôles clavier ont suffit à me le faire déwishlister, même si y’a d’autres bifles qui se perdent sur d’autres point
Clair. Toi qui a eu mal aux pattes avec les contrôles clavier accidentés de Dark Souls 1, tu dois garder une bonne distance de sécurité par rapport aux mannequins de crash-test de Absolver
Pas sur qu’il l’ai dit comme ça, mais qui pourrait vérifier, hein? On peux donc te laisser le bénéfice du doute.