The Witcher Adventure Game
Il existe des montagnes de jeux en ce bas-monde que je qualifierais de pop-corn ; on y joue en dilettante, avec une moitié de cerveau disponible, l’autre moitié pouvant par exemple être accaparé par un reliquat du XXème siècle, à savoir la boitakon. Certains vont jeter leur dévolu sur toutes les petites merdes en provenance de chez King (… Candy Crush), tandis que, pour ma part, je me suis intéressé rapidement à The Witcher Adventure Game, de CD Projekt, qui est l’adaptation du jeu de société éponyme, se déroulant au tour par tour. Alors, s’agit-il réellement d’un passe-temps acceptable, ou d’une vulgaire exploitation mercantile du sorceleur Geralt De Riv ? C’est ce que nous allons voir ensemble. C’est parti !
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Comme je suis d’humeur taquine, j’avais envie de rire quelques instants avec vous quant au pitch que l’on peut retrouver sur la page Steam du jeu : « The Witcher Adventure Game is a digital adaptation of CD PROJEKT RED’s board game set in the brutal fantasy universe of monster slayer Geralt of Rivia. Travel across the beautifully rendered world of The Witcher and complete a variety of quests—hunt deadly beasts, solve ancient mysteries and more. » Ouais, alors clairement, pour les anglophobes, disons simplement que le marketeux derrière s’est un peu enflammé sur les qualités de son jeu. L’univers est sombre, certes, mais le jeu de plateau ne l’est pas vraiment. Quant à la variété de quêtes, il n’y a clairement pas de quoi donner une ruade à la statue en bois d’Ablette. D’ailleurs, expédions rapidement ce détail, mais la citation ci-dessus est à l’image du jeu : en anglais (… ou en polonais, pour le plus grand plaisir de nos amis plombiers).
Qui dit jeu de société, dit plateau de jeu. Pour le coup, on se retrouve avec une représentation des Royaumes du Nord, contrée bien connue des joueurs de la trilogie des The Witcher. Afin de le parcourir, il nous faudra choisir un avatar parmi les quatre disponibles : l’ami Gégé, Dandelion (aka Jaskier dans la version française) le barde atteint de satyriasis, Triss la sorcière brulante, et Yarpen Zigrin le nain au cuir épais. Chacun disposera de quêtes spécifiques, dont la complétion dépendra des affinités de chaque personnage. Par contre, parler de quêtes est peut-être un bien grand mot, étant donné que la résolution se limitera à courir après des points de collecte du plateau.
Ces éléments peuvent être de différents types : d’enquête, d’action, de pognon, et enfin des points de victoire. Ces derniers sont acquis en complétant des quêtes, en sachant qu’il en faut un certain nombre pour gagner la partie, nombre dépendant de la durée de la partie souhaitée au départ (… choisissez bien, car il n’est pas possible de sauvegarder une partie en cours de route !). Ce jeu n’est donc finalement qu’une course aux points de victoire, où tout le reste n’est que de l’emballage plus ou moins complexe.
En ce qui concerne ledit emballage, on sent que les concepteurs savent comme adapter un jeu de plateau en version numérique ; le jeu de plateau représente une topographie stylisée des Royaumes du Nord, avec quelques effets graphiques afin de donner de la vie à l’ensemble. L’habillage sonore contribue également à dynamiser le tout avec une ambiance faisant allègrement penser aux tavernes dans The Witcher 3. Quoi qu’il en soit, cela a beau être très bien réalisé et très esthétique, il n’en reste pas moins que l’interface n’apparaît pas comme la plus ergonomique qui soit ; j’ai souvent galéré à retrouver une ville ou à identifier le chemin que je devais emprunter. Rien de dramatique, mais cela peut paraître assez agaçant par moments.
Comme tout bon jeu de plateau qui se respecte, il va falloir lancer des dés. Lorsque vous rencontrez des monstres à combattre, il faudra obtenir, via ces dés, un certain nombre de faces matérialisées par des épées et des boucliers, représentant respectivement l’attaque et la défense (… il existe d’autres faces pour d’autres actions). Afin de forcer un peu le destin et ne pas se reposer uniquement sur le côté aléatoires des jets de dés, chaque personnage disposera de capacités qui lui sont propres. Par exemple, Triss aura la possibilité d’utiliser des objets magiques et de lancer des sorts, tandis que Geralt pourra se crafter des potions. On retrouve donc une certaine cohérence entre les avatars et leurs actions ; n’espérez pas devenir un pourfendeur de monstres avec Jaskier, étant donné qu’il est bien plus doué pour noyer ses interlocuteurs dans des récits à la réalité discutable qu’à éviscérer des créatures. En bref, de la diplomatie.
Chaque avatar dispose d’un style de jeu cohérent avec ce qu’ils sont. Fidèle à sa réputation d’efficacité, Gégé enfile les quêtes comme des perles, engrangeant ainsi des points de victoire à un rythme régulier et rapide. Son pendant négatif est qu’à travers ses tâches de sorceleur, il prend davantage de risques que ses adversaires, au mépris parfois de sa santé. Triss, quant à elle, est comme une statue de verre explosive ; capable d’envoyer du bois avec ses sorts, mais trop frêle pour encaisser. A contrario, Yarpen est un vrai nain : il peut supporter plusieurs blessures sans trop broncher, mais est limité à son rôle de bourrin de service. Enfin, Jaskier est identique à sa légende : il va chanter de villes en villes afin de récolter moult pognon tandis que ses quêtes proviendront de ses multiples conquêtes romantiques.
Bien qu’il puisse se jouer en solo – en mode no-brain comme indiqué en intro, l’IA fera tout pour vous donner envie de jouer en multi. Jamais je ne me suis mis la pression, et j’ai toujours joué tranquillement, sans rusher. Eh bien pour autant, il n’y a que peu de challenges face à vos adversaires virtuels, et vous les sèmerez rapidement en cours de route. Tout cela sans compter le fait qu’après avoir joué votre tour, il faudra patiemment entendre que tous les adversaires aient terminé le leur, ce qui peut casser le rythme. Le temps pourrait donc commencer à paraître longuet selon la durée estimée de la partie. Quant à se reporter vers le multijoueur, eh bien autant dire qu’il vous faudra de la patience pour tomber sur un adversaire, ou bien disposer d’amis ayant envie de jouer à ce jeu. En résultera que vous ferez… d’admirables sessions solo.
Au bout du bout, vous prenez le jeu de plateau physique, vous le numérisez, ajoutez de la musique et quelques légères animations, et nous y sommes. Beau, mais pas forcément transcendant, tant en termes d’ergonomie d’interface qu’au niveau de l’intérêt même du jeu, The Witcher Adventure Game aurait pu voir son salut dans le multijoueur. Mais, force est de constater que les fans hardcore de Gégé, les vrais, ceux qui ont un autel dédié dans leur piaule, ont l’air de s’être reporté sur la version physique du jeu. Enfin, j’ai même envie de dire que le gwynt était nettement plus intéressant, et c’est d’ailleurs pourquoi ils vont également le sortir en version standalone dans le mois de septembre de cette année. Au bout du bout, est-ce une bonne idée de claquer dix balles dans cette adaptation ? Assurément, non. Néanmoins, ceci étant dit, se reporter sur Candy Crush Saga vous rend admissible pour l’échafaud, beaucoup plus rapidement, et plutôt deux fois qu’une !
A propos de l'auteur : Toupilitou
Un commentaire sur “The Witcher Adventure Game”
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Damned! En tombant sur l’article ça m’a rappelé que je l’avais ce jeu ! sisi…. une promo steam qui devait trainer, le mot magique ‘witcher’ dedans et je l’avais aussitôt oublié. J ne l’ai jamais lancé et je pense qu’il serait resté inactif dans ma bibliothèque steam encore longtemps si une certaine bestiole poilue n’avait pas eu loutrecuidance d’en parler ici.
Bon va falloir que je me motive pour le lancer après avoir lu ce test…
PS: candy crush saga est intouchable non mais!