Tavernier
De temps en temps, un petit jeu permet de souffler entre deux plus grosses productions. J’étais donc pile-poil dans le bon état d’esprit pour en essayer un. Je me suis alors dégoté Tavernier. Il s’avère que, par le plus grand des hasards, ce jeu a été développé par un petit studio frenchy, From The Bard, d’a priori sept personnes, et basé à Évry en région parisienne. Comme son nom l’indique si bien, nous allons être brièvement dans la peau du proprio d’une taverne, c’est-à-dire de l’autre côté du rideau par rapport à ce que l’on peut trouver habituellement dans les jeux vidéo. Qu’est-ce que ce changement de perspective nous apporte ? C’est ce que nous allons voir ensemble. C’est parti !
Tout commence avec notre oncle qui, pour une obscure raison, vous laisse les clés de la taverne afin de pouvoir partir pour de nouveaux horizons. Toutefois, ce brave homme ne partira pas sans le magot qu’il s’est constitué, vous laissant quelques miettes pour faire vivoter votre établissement (… que vous pourrez nommer en début de partie). Néanmoins, avant de partir, il nous donne quelques conseils et astuces sur la manière dont il faut le gérer. Et c’est juste ce qu’il faut pour se familiariser avec une interface quelque peu austère, mais qui a le mérite d’être claire, ainsi qu’avec la patte graphique de ce jeu. Cette dernière ressemble à du fait-à-la-main, avec un trait noir épais pour tous les contours, renforçant un aspect cradingue plutôt en adéquation avec l’univers médiéval-fantastique. Expédions cela maintenant : je n’ai pas écouté la zik, mais j’ai plutôt écouté quelques albums de Morcheeba afin d’avoir ma petite ambiance zen. Désolé Quentin Glémarec !
On nous explique qu’il existe différentes factions pouvant fréquenter votre taverne : des paysans, des gardes, des malfrats locaux, ainsi que des explorateurs. Même s’il vous est tout à fait possible de ne pas privilégier une faction, la trame principale du jeu va vous le rappeler, mais j’y reviendrai. Pour cibler un public, nous avons plusieurs variables d’ajustement à notre disposition. Dans un premier temps, il y a un barde qui joue dans un coin, pouvant chanter quelques morceaux de musique en adéquation avec son public ; cela donnera un bonus sur la fréquentation d’une faction, au détriment de toutes les autres. Dans un deuxième temps, cela dépendra également de ce que vous aurez sur la carte du menu.
Pour chacune de ces factions, vous aurez en effet le choix parmi quatre produits, dont le prix pour les débloquer ira croissant à chaque palier ; 200 pièces d’or pour le premier, 800 pour le deuxième, etc… Si l’on prend le cas des aventuriers, le premier palier sera de la bière rare, le deuxième du vin, le troisième de l’hydromel, et le quatrième encore un autre alcool. Oui, l’aventurier mange liquide, et uniquement à partir d’un certain degré d’alcool. A côté de cela, les malfrats auront un penchant douteux pour les produits lactés (… des yaourts et des fromages), tandis que les gardes seront des fanas de bidoche, et que les paysans se contentent fort opportunément de fruits. La vie semble simple dans Tavernier, mais, soit, c’est ainsi.
Enfin, dans un troisième temps, nous pourrons adapter le mobilier, afin de profiter de certains bonus favorisant une faction en particulier, ou un gain de pognon, ou de la réputation, ou bien encore le nombre de clients. A noter, et c’est bien dommage, qu’on constate très peu (… voire pas) de changements visuels sur notre taverne alors qu’on y rajoute des éléments, ou bien que l’on agrandi l’espace où l’on accueille tous les clients. Seule la cave verra son look changer en fonction du menu que nous concocterons. Petite déception en effet, car cela aurait clairement donné du cachet à ce petit jeu. Quoi qu’il en soit, le nerf de la guerre sera bel et bien le pognon, et il faudra surveiller son niveau comme le lait sur le feu. Sans argent, pas de menu à améliorer, pas de mobilier à rajouter, pas de salle à agrandir, ni de possibilité de payer les taxes dont on doit forcément s’acquitter (… une taxe non-payée est un avertissement, la deuxième est un game-over).
Chaque tour sera l’occasion de faire le point sur les profits engrangés. On se retrouve avec un petit bilan comptable, avec le pourcentage de la répartition des profits en rapport avec chaque faction, avec le nombre de clients dans chacune, le profit généré par client, avec bien évidemment les totaux respectifs. Juste en dessous, on retrouve le sous-total avec le cumul de toutes les factions, ainsi que la tune qui sera prélevée pour les taxes, à savoir 500 pièces d’or par défaut, résumant ainsi le profit généré. Enfin, en bas de page, on retrouve les prévisions de fréquentation pour le tour suivant, en fonction des modifications que nous avons apporté à l’établissement. Ouais, un bilan comptable, c’est chiant comme la pluie. Votre œil trouvera alors très vite son chemin jusqu’à l’unique donnée essentielle : les profits.
Ami anti-capitaliste qui voulait gérer pépère sa taverne, ranges ta sulfateuse : ce n’est pas un jeu-propagande sur le capital-tout-puissant. Même si les mécaniques de jeu nous invitent à presser la moelle pécuniaire de nos clients virtuels, notre temps de jeu est toutefois limité à 52 tours. Il y a évidemment une petite intrigue pour expliquer cela : la bourgade dans laquelle on s’est installé cache des événements intrigants, et votre insatiable curiosité vous poussera forcément à fourrer votre nez là où vous ne devriez pas. Le jeu est d’ailleurs rythmé par l’apparition d’un génie qui, à chaque tiers de partie, vous donne l’occasion d’exaucer un vœu. Ce dernier sera ou d’ordre bassement financier, ou d’ordre mystique. Ce choix sera alors l’occasion de faire apparaître une nouvelle faction. Les trois génies des mathématiques qui nous lisent auront déjà fait le calcul mental pour deviner que quatre factions seront donc disponibles en supplément.
Tout ceci aide bien évidemment à la rejouabilité, d’autant plus lorsque certaines factions ont plus ou moins d’affinités avec d’autres. Par ailleurs, nous aurons une voie à choisir à travers la manière dont nous gérons les événements qui surviennent dans notre établissement : être cool, ou être pro. Là encore, les mécaniques de jeu font que, forcément, nous devrons choisir une de ces voies pour atteindre le maximum de la jauge en question. Pourquoi ? Afin que vous puissiez fédérer une de ces factions. Pourquoi ? A vous de le découvrir ! Quoi qu’il en soit, être cool amènera davantage de clientèle, tandis qu’être pro aidera à se constituer un petit pécule bonus. Là encore, cela laisse le champ libre pour expérimenter différentes manières d’arriver à son but dans d’autres runs.
A chaque tour, un événement nous sera proposé, et nous devrons faire un choix parmi plusieurs options, tandis que chacune apportera et des bonus, et des malus, que ce soit sur une partie ou la totalité des factions, et / ou sur l’argent, et / ou sur la réputation, et / ou le nombre de clients fréquentant l’établissement. Ceux qui y ont déjà joué reconnaitront bien évidemment des mécaniques de jeu fortement empruntées à Reigns, mais sans les cartes. La principale différence étant que là où dans Reigns nous devons sans cesse être à la recherche d’un équilibre parmi toutes les factions, Tavernier nous forcera à faire un choix pour l’une d’entre elles. C’est un parti-pris permettant de favoriser la rejouabilité, au détriment du palpitant que peut procurer la tension à gérer plusieurs factions.
Tavernier est un petit-jeu hybridant sans forcer le trait simulation et visual novel, le tout sans trop de prétention, disponible en français, et avec un prix relativement en adéquation avec son contenu. Ne reste plus qu’à espérer que les développeurs nous pondent une petite update permettant de faire varier le visuel de la taverne en fonction des choix que l’on fait, autrement que par la clientèle qui la fréquente. J’ai envie de croire que c’est encore faisable, car je ne pense pas que cela représente un travail phénoménal. Par ailleurs, la traduction française, qui n’était pas disponible à la release, est arrivée en cours de route (… fin Mars 2017, pour un jeu sorti en Août 2016), ce qui laisse à penser que les développeurs n’ont pas encore attaché leur créature à un arbre le long de la grande autoroute à vapeur (… envolée lyrique : check). Recommandable ? Clairement, mais à grignoter toutefois par petites sessions.
A propos de l'auteur : Toupilitou
2 Commentaires sur “Tavernier”
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté·e pour rédiger un commentaire.
Clairement c’est dommage que la taverne ne change pas en fonction des déco, ca doit pourtant pas être un truc de dingue à faire. Les seules deco c’est en fonction des voeux et l’ambiance change en fonction de la clientèle majoritaire.
Sinon la rejouabilité je la trouve limitée. J’ai fait une partie en mode histoire, ok sympa. J’ai refais en mode pro, ok sympa. Après j’ai voulu farmer les succès, et du coup on se rend compte que les dialogues sont relativement limités quand on se spécialise dans une clientèle. Pourtant c’est l’objectif au final donc c’est dommage ^^
Mais sinon ouais pour 3 balle c’est un jeu assez sympa et on aura quand même du fun à essayer les différents voeux et factions.
Du coup comme tu vois, non je regrette pas de l’avoir acheté ! 😀
Ouais, quand tu fais un vœu, ça change l’éclairage 😛
Pour la rejouabilité, c’est clair que les débuts de parties seront forcément similaires, et les seuls biais de variation seront dans le choix d’une faction et des vœux effectués.
Sinon, eh bien content de t’avoir conseillé un jeu que tu as apprécié, alors même que j’étais dans un état second (… c’est ça de confondre « se servir » et « servir les clients ») 😀