Spoiler Zone : You were afraid

Spoiler Zone : You were afraid

y a-t-il une règle du genre « Un Spoiler Zone par jeu uniquement  » ? Non ? Alors tout va bien. Bienvenue à vous tous. Je pense que vous me connaissez et si ce n’est pas le cas, je suis heureux que vous ayez pu me découvrir avec cet article. Faute de faire dans l’originalité, il est toujours bon de me lire sur un jeu que j’adore. Je pense avoir beaucoup parlé de KOTOR 2, même si l’autre enfoiré de Toupilitou m’en a volé la critique… Je lui pardonne, parce que ça montre qu’il a suffisamment de goût pour s’être intéressé à ce qui reste encore aujourd’hui le jeu le mieux écrit auquel j’ai joué. Je pourrais dire que V est aussi excellemment écrit, mais pas aussi bien. Néanmoins, on n’est pas là pour parler des autres. On est là pour s’intéresser à KOTOR 2, parce que c’est un des rares jeux qui est pertinent dans tout ce qu’il écrit. Et si j’ai bien conscience qu’il y a un mouvement naissant des « Avellone sceptiques  » qui me fait sourire, laissez-moi enfoncer des portes ouvertes : oui, Avellone supplante très aisément l’immense majorité des écrivains du milieu. Quoi, vous voulez une preuve ?

 

 

Attends, j’entends plus rien ? Ah merde, c’est vrai, je viens de rabattre le caquet de ce mouvement naissant. Oh, c’est sûr qu’on ne verra pas une scène aussi forte et juste réalisée par le Bioware, le Obsidian, et même le Inxile actuel. Et vous savez pourquoi ? Parce que Avellone, c’est le meilleur. Et avant qu’on n’aborde la question du jour, à ceux qui n’aiment pas Kreia, voilà de quoi vous instruire.

 

Nota Bene : Cette scène est disponible en deux versions dans le titre. Il y a la version (… identifions-la comme clair) où l’exilé n’a pas éliminé les maîtres Jedi, mais il y a aussi une autre scène, tout autant intéressante, où la traque des maîtres a été faites. Cette version s’appelle « You have failed me  » . Si vous avez déjà fait le jeu dans un chemin ou un autre, mais que vous ne connaissez pas l’une des alternatives, sachez que nous allons parler de la version « You were Afraid  » , et que malheureusement, nous allons spoiler, comme le titre l’indique. Sur ce, vive KOTOR 2, et putain, espérons que Prey soit vraiment le jeu qui signera le retour d’Avellone aux affaires. Ah, et les vidéos sont en anglais, parce que la voix de Sara Kestelman (… comédienne de doublage dans le rôle de Kreia) est importante pour cet article.

 

Il y a une complexité immense dans Star Wars : Knights Of The Old Republic 2. Il y a, sans trop de doutes, possibilité pour moi d’écrire une dizaine d’articles sur le jeu d’Obsidian, et sans doute le ferais-je sur le long terme (… en espaçant malgré tout mes rédactions afin de vous éviter une indigestion). Après mûre réflexion, je n’ai jamais rien haï de ce titre, et je me demande d’ailleurs comment j’ai pu si longtemps discuter sa place avec le merveilleux Phantom Pain… Oh, peut-être parce qu’il est merveilleux ? Qu’importe, vous allez encore avoir du KOTOR 2 si vous vous posiez la question, parce qu’il n’y a pas que Kreia ou son contexte qui sont intéressants. Il y a notamment cette scène, mais aussi d’autres personnages. Si avec l’intouchable j’effleurais l’intérêt du script, avec Kreia on a commencé à creuser un peu, mais avec cet article, j’ai bien l’intention de montrer pourquoi est-ce qu’avec si peu Avellone a su faire autant.

Cette scène, que j’ai aussi appelé « You were defeaned  » ou « You were blind  » à d’autres occasions (… ici comme chez RPG France sur la critique de ce titre, dont je ne suis pas peu fier d’avoir écrite), est assez symptomatique de la réussite d’un jeu qui n’a pas besoin de spectacle, ou même de pavés de textes, pour s’avérer grandiose. Déjà, parlons de la forme : six protagonistes dans un lieu qui représente la déliquescence et la fin d’une époque pour les Jedi, les Siths, mais aussi la galaxie. Les six personnages ont tous une sensibilité à la force, et pourtant, seul un personnage a la lucidité de voir clair dans celle-ci. Les thèmes de la surdité et de l’aveuglement sont ici traités en échos à un contexte, où il y a eu un conflit dans lequel les Jedi n’ont pas voulu s’impliquer, sous prétexte qu’ils avaient peur de faire renaître le côté obscur.

Ils avaient tant peur de créer le mal qu’ils l’ont provoqué en divisant leur ordre, les jeunes Jedi prenant le risque de faire acte de défiance afin de faire ce qui leur paraissait le mieux, à savoir : gagner la guerre. Les trois maîtres Jedi représentent ici des reliques du passé. Les conservationnistes qui pensent qu’ils ne sont pas responsables de l’ascension de Revan ou du Triumvirat des Siths : Traya, Sion et Nihilus. Il y a un vrai repli sur soi des trois personnages en présence, qui ont chacun fait leur exil dans la galaxie après le génocide des Jedi. Pourtant, leurs expériences ne leur a pas ouvert les yeux sur la condition de l’utilisateur de la force dans l’univers, car ils sont restés dans leurs certitudes ; leur jugement est ferme, et la faute est sur les Jedi qui ont suivi Revan dans les guerres Mandaloriennes.

Dans l’opposition peut potentiellement se trouver l’exilé qui a fait un choix après les guerres Mandaloriennes : il est revenu confronter le conseil pour rendre son sabre et quitter l’ordre, non pas parce qu’il se sentait coupable, mais parce qu’il avait peur. Peur de quoi ? Kreia est là pour défendre ce que le joueur (… comme l’exilé de son propre chef) sont incapable d’exprimer, parce qu’il est extrêmement dur psychologiquement de reconstruire son parcours de vie et en saisir les éléments importants pour y découvrir la vérité qui nous a conduit à notre état actuel. L’exilé ne s’explique pas lui-même cette coupure de la force, ni cette crainte de recouvrir ce lien qui est si cher à son mentor Kreia. Elle finit par comprendre, après avoir sondé le personnage, mais aussi un peu le joueur par ses choix : c’est parce que vous aviez peur.

Peur de ce pouvoir qui a causé tant de douleurs, tant de peines, qui a détruit des vies, des esprits, corrompus même les plus honorables (… Atris, Atton, Kreia, Revan… vous voulez la liste exhaustive ?). La force en tant qu’outil n’existe pas, elle n’a pas d’équilibre, elle n’a pas de limite, et elle enivre l’utilisateur. La saga Star Wars voit toujours la Force dans cette dualité, avec cette notion d’équilibre qui est absurde, et ce même dans la saga originale. « Celui qui rétablira l’équilibre…  » . Oui, ce même jeune homme arraché à sa mère qui, par peur de perdre aussi sa femme, finira par assassiner froidement des enfants. L’équilibre, cela ne signifie rien ; il n’y a pas d’équilibre, il n’y a pas de paix, il n’y a pas de guerre. Kreia le sait, car elle en a assez vu.

Il y a cette fureur, cette rage contenue dans une douleur infinie, dans une magnifique interprétation vocale de la comédienne de doublage Sara Kestelman qui arrive à traduire cette sagesse et cette beauté d’âme du personnage. Dans cette scène, elle se fait le véritable juge, celle qui a été rejetée par les Jedi et par les Sith, parce qu’elle ne cherche pas la paix pour contrôler en arrière-plan, ou le pouvoir pour contrôler fermement, elle cherche le savoir pour… anéantir la force. J’ai lu une théorie comme quoi Kreia ne voulait pas détruire la force, mais simplement balayer les anciens pratiquants afin de fonder un ordre unique gris. La théorie est intéressante, mais je la considère comme une alternative plus lucide à son plan original, et bien plus efficace ; mettre fin à la force pour mettre fin à ce conflit qui ravage la galaxie.

Dans cette scène, tout sert ce propos. Un temple en ruine reconstruit, les anciens qui se confrontent avec les nouveaux, et une alternative se dessinant dans ce personnage qui a été rejeté de tous, et qui, dans son extrémisme, mets le doigt là où cela fait mal. Une sagesse que partage Atton en quelque sorte. Son jugement s’applique aux maîtres Jedi, mais aussi aux Siths, bien que le pire verdict tombe sur l’exilé : il a eu peur. Il s’est fait aveugler par ses doutes, assourdi par ses questionnements, il n’a pas vu la guerre qui se dessinait derrière le conflit entre les Mandaloriens, qui se dessinait au sein même de l’ordre Jedi, alors que les jeunes se sont détournés de leurs maîtres.

Cette guerre de conversion dont Kreia a fait son moteur au travers du personnage de Revan, a détruit les utilisateurs de la force. Celle-ci est désormais exsangue, l’ordre Jedi est en ruine et il doit être anéanti. Après cela il ne restera que peu à accomplir. L’exilé a cette capacité commune à son idole Revan, ce pouvoir d’imposer son influence, ce pouvoir de blesser la force et de s’en détourner. C’est ce pouvoir qui a inspiré Kreia, qui l’a troublé au point qu’elle donne une dernière fois d’elle même pour former son ultime apprenti. Un individu si gênant pour le canon Star Wars que Drew Karpyshyn a (… certainement sous l’influence d’un Bioware en panique) éliminé au bout de cinquante pages, craignant que Star Wars ne se relève jamais du nihilisme éclairé de Kreia.

Et tout ceci, nous pouvons le comprendre en moins de dix putains de minutes, soutenu par une musique d’une grande justesse, une écriture qui se permet des envolées lyriques, des métaphores puissantes tout en restant claires et compréhensibles sans tomber dans le pompeux. C’est juste, je pense, la scène la plus classique du jeu vidéo narratif pour ma part. Je ne vois pas de scène plus convaincante. Il n’y a qu’à écouter les voix, lire le texte, se rendre compte du travail d’écriture derrière chaque personnage. Et ne pensez certainement pas que Kreia est la seule réussite de KOTOR 2 ; Visas est fantastique, Atton est magnifique, Brianna est merveilleuse, et Atris est perturbante.

 

Je dessine petit-à-petit la suite du programme KOTOR 2, mais cela ne sera pas pour tout de suite. Je vous invite à explorer une fois encore, ou explorer (… mais en ce cas vous avez bouffé ici du méchant spoil) pour la première fois le titre, histoire de vous faire votre propre avis. Analysez vous-même cet objet richissime du jeu vidéo. Et si l’envie vous en prend, faites aussi Fallout New Vegas (.. avec son DLC Lonesome Road quand même), Planescape Torment, ou même le récent Torment : Tides of Numenéra. Sur ce, bonne journée / soirée / nuit à vous tous, et n’oubliez pas : les jeux vidéo, c’est bien, mais les apprécier pleinement, ça se mérite.

Bonus, parce que j’en ai parlé, et que c’est toujours intéressant :

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A propos de l'auteur : Marcheur

Rédacteur de Loutrage aimant le jeu vidéo dans tous ses pluriels et appréciant tout particulièrement réfléchir sur le média.

4 Commentaires sur “Spoiler Zone : You were afraid”

  1. Toupilitou dit :

    A peu de choses près ^^

    – Hey Toupi, on publie quoi demain ?
    – Hmm, j’sais pas, mais ce serait pas mal autre chose qu’une critique.
    – Ah bah écoute, ça tombe bien, j’ai un truc sous la main…
    – … KOTOR 2 ?
    – Ouais
    – Eh merde !

    lol

  2. Marcheur dit :

    Ah bah je prévois des retours sur le jeu à l’avenir en me concentrant sur d’autres personnages, je suis pas encore repu de ce titre apparemment, j’y ai trop joué trop jeune, ça doit m’encourager à y revenir maintenant ^^

  3. Nallitsac dit :

    Non ! Maudit sois-tu Marcheur ! Cesses de mentionner ce jeu ! Cesses de m’y refaire penser ! Par pitié, cesses de me rappeler que nous n’aurons jamais de Kotor 3 pour conclure cette œuvre !

    Quoi qu’est qu’il y a ? Tu attendais un avis constructif ?

  4. Toupilitou dit :

    Haha !

    Mais siiiiii… Y’aura un KOTOR 3 ; ce sera un MMOFPS 😛

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