Preview : Bio Inc Redemption
J’avais beaucoup apprécié Plague Inc, cette simulation de la destruction de l’humanité par des agents pathogènes divers et variés. Aujourd’hui, un autre studio, DryGin nous propose une expérience similaire à travers leur jeu encore en early access (… bien que déjà dispo en français), Bio Inc Redemption, mais avec malgré tout quelques variantes : le focus se fait non pas sur l’humanité tout entière mais sur un seul individu et nous avons de plus la possibilité de le soigner ou de tout faire pour le tuer. Verdict ? C’est ce que nous allons voir ensemble. C’est parti !
Bio Inc Redemption est présenté comme un simulateur biomédical nous permettant d’expérimenter les deux côté de la Force : être un médecin expérimenté (ou pas) ayant toute latitude pour sauver (ou pas) sa victime son patient, ou le créateur d’une ou plusieurs maladies afin de tuer à petit feu notre patient victime. Initialement conçu pour mobile / tablette, ce jeu y avait connu un certain succès, avec pas moins de 15 millions de joueurs. Et disons les choses franchement : autant la plupart des portages de jeux vidéo mobile vers le monde PC sont simplistes et confinent au foutage de gueule, autant les gars de DryGin ont vraiment fait les choses proprement.
L’early access leur permet en effet d’ajouter des éléments intéressants dont deux campagnes, un mode sandbox et des nouvelles maladies ou traitements, rendant ainsi les mécaniques du jeu plus profondes, sans pour autant sacrifier l’accessibilité. A noter que, petit détail qui tue, il est possible de nommer la personne sur le billard, John Smith étant son nom par défaut. Quoi qu’il en soit, alors qu’il est prévu pour voir le jour en mai 2018, cet accès anticipé est globalement propre techniquement et déjà bien fourni en contenu. A l’heure où j’écris ces lignes, le multijoueur n’est pas encore implémenté et c’est pourquoi cette preview sera relative aux deux campagnes solo.
Afin de pouvoir procéder à une série d’actions, qu’il s’agisse de diagnostics, de traitements, d’examens, ou de bonus, il faudra dans un premier temps récupérer des points biologiques. Différentes cellules apparaissent à l’écran, popant indifféremment dans un des systèmes vitaux et il faudra… maintenir le bouton gauche de la souris a proximité. Complexe. Si plusieurs éléments apparaissent, alors la récupération du tout pourra se faire, pour peu que le curseur de la souris n’en soit pas trop éloigné. Les cellules les plus nombreuses et les plus faciles à récupérer rapporteront un point, deux points pour celles un peu plus évoluées et enfin trois points pour les plus grosses. Il faut juste savoir que plus une cellule rapporte de points, moins elle reste longtemps à l’écran.
Ces points pourront être dépensés dans la carte biologique, cette dernière étant décomposée en trois onglets. Le premier représente les différents systèmes vitaux, afin de développer une maladie côté pile, ou de tenter de cibler la bonne maladie via des examens médicaux côté face. Le deuxième onglet représente l’hygiène de vie, que l’on pourra dégrader / améliorer et ceci afin de provoquer différents malus / bonus sur les différents systèmes vitaux. Enfin, le troisième onglet nous propose des actions uniques ; si l’on est médecin, cela représentera une série d’opérations chirurgicales afin de tenter une action de la dernière chance, tandis que si l’on est dans le rôle du vecteur de mort, nous pourrons enclencher des opérations extérieures, telle qu’une opportune grève du personnel soignant.
Dès lors que vous aurez réussi votre mission, et selon le niveau de difficulté choisi, le nombre de jours nécessaires pour l’accomplir, le nombre de points biologiques récoltés, l’efficacité des diagnostics et le traitement des maladies, cela générera un score qui alimentera une barre de progression de niveau. Les niveaux permettent de débloquer des bonus au démarrage des missions et donnera accès à des défis dans les deux campagnes solo. Simple mais efficace, d’autant plus qu’il est possible de faire du scoring pour montrer à ses potes qu’on a la plus grosse.
A vrai dire, je n’ai pas pesté contre grand chose. Mon seul soucis était lié à la récupération de cellules / bactéries / whatever sur la victime / le patient ; on dispose d’un temps limité de récupération selon le type d’élément qui pop et parfois lorsque l’on passe d’un onglet à un autre. Même quand ledit élément est en train de disparaître mais est encore visible, la récupération ne se fait pas pour une raison qui m’échappe et nous passons alors à côté de précieux points biologiques. Toutefois, rien de franchement dramatique, ni de bloquant d’ailleurs. Pour le reste, je n’ai pas noté de bugs, de problèmes d’affichage ou de traduction foireuse, ce qui est toujours plaisant, d’autant plus pour un early access.
Dans la blouse du Docteur House
La série Docteur House m’a toujours fait ricaner ; l’on suit les pérégrinations d’un médecin acariâtre au cynisme débordant, mais ayant le nez fin dès lors qu’il s’agit de diagnostiquer une maladie rare ou vicieuse. Ici, nous nous retrouvons dans le même rôle, mais sans les punchlines du docteur grognon, tandis que le cynisme peut parfois se traduire via les actions que nous réaliserons (… j’y reviendrai plus tard), voire faire penser au jeu de société Docteur Maboul. En effet, dans un premier temps, nous devons diagnostiquer la maladie qui touche notre patient, maladie pouvant faire partie d’un des systèmes suivants : immunitaire, respiratoire, musculaire, nerveux, osseux, circulatoire, digestif et rénal.
Afin de pouvoir faire le bon diagnostic, nous devrons tout d’abord analyser les symptômes. Si l’on met en surbrillance le symptôme de fièvre, alors la carte bio nous mettra en évidence les maladies qui peuvent y être associées et les systèmes que cela peut impacter ; la fièvre peut en effet avoir une multitude d’origine. Vous avez néanmoins toute latitude pour vous planter allègrement dans le diagnostic ainsi que sur le remède qui va avec, quitte à faire vraiment n’importe quoi. « Cindy ! Cet homme a des boutons ; posez-lui vite une sonde rectale et préparez-le pour la trachéotomie ! Si ça ne passe toujours pas, nous lui grefferons un cœur artificiel. » ; « Tout de suite. Oooh Docteur Toupi, vous êtes vraiment surpuissant ! » . Vous répondez bien évidemment mentalement par l’affirmative, car Cindy ne viendra pas vous contredire, le patient non plus… ni personne d’autre d’ailleurs.
Après avoir fait les recoupements de symptômes à travers une batterie d’examens, nous pourrons alors lancer le traitement de la maladie que nous jugerons être le bon. Il y aura possiblement plusieurs traitements possibles, et nous devrons faire notre choix en fonction du taux probable de succès et du nombre de jours nécessaires à sa réalisation. J’ai envie de dire que tout dépend de l’état de votre patient, et si vous estimez qu’il lui reste suffisamment de temps… Tout cela en pensant bien au fait que, éventuellement, nous n’aurons pas posé le bon diagnostic, et que le traitement ne sera donc pas le bon.
Une barre de progression indiquera d’ailleurs la santé de notre patient, ainsi que celles correspondant à ses systèmes vitaux. Le but sera ici de ramener le pourcentage de guérison à 100 %. Toutefois, si l’un de ces éléments arrive à 0 %, alors cela accélérera la chute de tous les autres systèmes, et lorsque la santé globale atteint 0 %, cela voudra dire que vous aurez échoué dans votre mission. En somme, un ensemble de paramètres à surveiller comme le lait sur le feu !
Sur les pas de Talona
Talona serait fière de sa loutre préférée. En effet, quoi de mieux, alors que votre humble serviteur est dans un état grippal avancé IRL, que de transformer une victime en sac à compost avant même l’annonce de sa mort ? Eh bien, c’est tout à fait possible, en réalisant un combo de maladies toutes plus dégradantes les uns que les autres. Ma dernière cible se vidait par tous les orifices, et ses organes internes semblaient au mieux se liquéfier tellement les symptômes s’empilaient comme les jetons d’un joueur en veine au casino. Le tout est d’être plus rapide (… et plus malin) que le médecin qui se chargera de vous contrecarrer.
La rapidité est une chose, mais si on avance trop à découvert, le docteur saura quel traitement apporter. Pour ma part, j’ai une préférence pour prendre mon temps ; je m’occupe dans un premier temps du cadre et de l’hygiène de vie de la cible, pour mieux l’assaillir avec des maladies bien vicelardes qui auront alors un effet exponentiel. Si vous faites de votre bonhomme un fumeur accroc au travail et à la junk food, tout en lui susurrant à l’oreille de faire des galipettes non-protégées, ainsi qu’en rajoutant une dose de malchance et de mauvais gênes héréditaires, toutes les maladies qui s’ajouteront après coup auront des conséquences dévastatrices.
La préparation du terrain est donc quelque chose d’essentiel, car installer des mauvaises habitudes de vie contrecarrera d’autant plus le médecin souhaitant inverser la tendance. D’ailleurs, si on le souhaite, on pourra chuchoter à l’oreille des infirmières et des médecins afin de provoquer une grève monstre que la SNCF ne renierait pas, bloquant ainsi le bon déroulement du traitement, en déroulant un tapis rouge sang sur votre passage. J’aurais tendance à dire que ce petit bonus serait d’ailleurs plutôt à réserver pour les cas critiques, lorsque les soins apportés sont sur le point d’être efficaces, histoire de laisser la destruction biologique faire son œuvre. Ralentir la durée des soins et des diagnostics est également une option.
Il faut également savoir être malin sur les maladies et faiblesses à attribuer ; si vous n’êtes pas pris par le temps, rien de tel que d’affubler votre victime de maladies aux symptômes partagés par tous ou partie des systèmes ; de la fièvre par-ci, des courbatures par-là, une petite diarrhée à un autre moment, des vertiges, des vomissements, des palpitations cardiaques ; tout est bon pour noyer le poisson et faire tourner le médecin en bourrique. J’avoue avoir ricané à plusieurs reprises en voyant le médecin accomplir des actions sans rapport avec la maladie initiale ; j’inocule une maladie pulmonaire ayant des effets collatéraux sur la circulation sanguine, et il n’est pas impossible que le bon docteur s’acharne sur un tout autre système vital.
En plus d’être malchanceux, la victime pourrait très bien choper une petite MST qui trainerait par là ; impossible de savoir à l’avance sur laquelle il va tomber, car comme dans la vraie vie, c’est un peu la loterie ; ici, on fait tourner « la roue des rapports non-protégés » , présentée un peu comme avec la « roue de la fortune » , si l’on excepte le fait que les gains peuvent être des verrues génitales, la chaude-pisse, le sida, ou d’autres joyeusetés du même acabit. Ce qui est sûr, c’est que c’est la maladie qui gagnera à chaque fois. Bio Inc Redemption, ou l’art de faire de la prévention par l’absurde.
A l’instar du mode « Vie » , une barre de progression indiquera la santé de notre victime, ainsi que celles correspondant à ses systèmes vitaux. Si l’un de ces éléments arrive à 0 %, alors cela accélérera la chute de tous les autres, et lorsque la santé globale du futur cadavre atteint 0 %, vous aurez réussi votre mission. Ainsi, il est possible de procéder de plusieurs manières ; soit s’acharner sur un élément, soit tous les attaquer de concert afin d’affaiblir globalement le sac de viande. Tout dépend du contexte de la mission, puisque nous serons parfois pressés par le temps, nous ne laissant que peu de marge de manœuvre.
Finalement, ce jeu a été une étrange mise en abyme de ma grippe IRL où à force de l’inoculer virtuellement, j’ai fini par ne plus l’avoir dans la vraie vie. Je vous déconseille toutefois de vérifier cette assertion avec les MST ; à coup sûr, ça ne fonctionnera pas. Toutefois, je ne vous cache pas que je suis fort heureux de ne pas avoir eu le sort que j’ai réservé à mes victimes. Quoi qu’il en soit, alors que je ne savais plus trop à quoi jouer, Bio Inc Redemption s’est avéré être un véritable palliatif, à consommer par petites sessions successives lors des périodes creuses. Recommandable ? Eh bien, je suis toujours un peu gêné aux entournures pour recommander un jeu encore en accès anticipé, mais m’est avis que cela laisse présager d’un très bon petit jeu, notamment avec l’implémentation du multijoueur lors de sa release en mai 2018. Bref, wait and see !
Mais c’est que ça a l’air rigolo ce truc, par contre c’est à déconseiller aux hypocondriaques ^^
Je ne pensais pas prendre autant de plaisir à faire souffrir un tas du pixels auquel j’ai filé le nom d’un collègue à moi, qui est un peu un gros connard sur les bords