Metal Gear Solid 3 : Snake Eater HD Edition
Bon bah… on y est, comme dirait l’autre. Je fais désormais partie de la famille de ceux qui ont joué à tous les Metal Gear Solid, faute de les avoir terminé. Comment est-ce que je me sens après ça ? Eh bien, disons que ce fut loin d’être désagréable, sauf pour le quatrième qui est franchement naze (… désolé de le dire), et pour Peace Walker qui était un jeu trop ambitieux pour son support. Mais, je vais parler de ce qui est surement le jeu de la saga le plus plébiscité par les fans, et un peu moins par une presse que je trouve pour le coup pas mal juste. Cela ne veut pas dire que le jeu est mauvais. Non, c’est juste que j’y ai joué après The Phantom Pain, donc cela change mon point de vue. Ah, nulle inquiétude, cette fois, je n’aurai pas besoin de six mille mots.
Il s’appelait pas Bond ce John ?
Retour à la réalité des anciens Metal Gear Solid, cruelle réalité s’il en est, ça blablate des heures au codec, fait des références à la cinématographie, nous gave d’explications compliquées à propos de mécaniques simples à maîtriser. Cela parle de complot, de romance, de meurtre, de nationalisme, d’aliénation, critique le conditionnement des soldats, de patriotisme, de sacrifice… Ça aurait pu être super intéressant. Ça l’est même parfois, mais les bouffonneries devenues cultes de la saga allègent le propos. Pourquoi « mais » ? Je ne dis pas que c’est une mauvaise chose d’apporter un peu de légèreté lorsque des thèmes aussi graves sont traités, mais le running gag de « je te pelote les couilles pour voir si tu es vraiment qui tu prétends » , c’est… c’est gras. C’est très gras, c’est très lourd, et ça n’arrête parfois pas, tout en se conjuguant avec un character design allant du correct (The End et The Pain) à l’hideux (The Fear et Volgin). J’évoquerais très rapidement la présence de deux personnages féminins dans le casting, dont on devinera aisément les formes car elles nous sont pratiquement révélées à chaque plan de caméra, dans les trop nombreuses cinématiques.
« Oh le salaud ! Il a dit « Trop nombreuses cinématiques » à propos d’un MGS ! » . Ah, tu veux que j’en rajoute ? De trop nombreuses ET trop longues cinématiques. C’est bon tu peux le faire ton arrêt cardiaque ? Bon, là on est tranquille pour un bout de temps avant que je ne balance une autre critique qui le réanime sous le choc. Alors, pour vous donner un ordre d’idée, j’ai joué environ dix heures au titre, et il y a six heures de cinématiques, plus les dialogues en codec. Sans vous mentir, j’ai dû passer un bon quart de l’ensemble du contenu non-interactif, parce que ça m’a saoulé… Reste à terre, fanboy !
Donc vous vous dites « Tu es en train de me dire que le scénario et la narration sont nazes ? » . Non mon ami, je dis juste que l’exécution de l’ensemble m’ennuie ; j’aurais aimé quelque chose de moins intrusif, et un twist final moins prévisible, mais ça fonctionne plutôt pas mal. Certains personnages sont franchement attachants, et passé les lourdeurs typiques de notre ami Kojima, c’est une histoire avec une mise en scène, des idées, et une réalisation globale, qui font honneur au script assez dense en thématiques traitées, sans pour autant survoler le tout. Il y a une poignée de scènes qui valent largement le coup d’œil, même si je regrette de contrôler le personnage principal à cause du doubleur David Hayter ; je déteste son sur-jeu, même s’il est dans le ton du titre… Bon, le fanboy qui reprenait son souffle est définitivement crevé maintenant.
Le tout baigne dans une ambiance très soignée ; un bon gros nanard d’espionnage / action / fantastique qui sait balancer des punchlines et des séquences très connes prêtant à sourire. C’est d’ailleurs surement pour cela qu’il est l’un des jeux préférés des fans de la saga. Pour ça, et pour le personnage de « The Boss » qui, il est vrai, est intéressant. Mais comme dirait l’autre, ça ne vaut pas une Kreia. Donc, est-ce que j’ai apprécié le déroulement de l’aventure ? J’aurais pu pleinement le faire si l’on ne m’avait pas infligé autant de phases de non-jeu, me faisant dire que ceux qui adorent autant les anciens titres de la saga feraient bien d’aussi s’intéresser au septième art. Si si, je vous jure, c’est pleins de cinématiques, nec plus ultra ; il n’y a même pas de QTE !
Beau comme un remaster
Jouer à Metal Gear Solid 3 : Snake Eater sur PS Vita, c’est comme jouer à une version un poil boostée du jeu d’origine sur PS2. Globalement, la réalisation a été rehaussée par un travail sur les textures les affinant quelque peu, et une résolution native légèrement supérieure à l’originale. Ces quelques raffinements malgré tout bien succincts, permettent tout de même à la version mobile de tourner convenablement, à l’exception de quelques chutes de framerate vers la fin du jeu. Le rendu est plutôt joli, mais c’est plus la version de base qui impressionne ; on se rend compte à quel point Kojima et son équipe ont poussé dans ses derniers retranchements la PS2 en 2004. Le jeu est franchement beau et plutôt fouillé, tout en étant beaucoup moins cloisonné que son prédécesseur ; une nouvelle preuve qu’une console, une fois maîtrisée, peut donner de bonnes choses, et que la course à la puissance n’est pas nécessaire, mais que voulez-vous…
Comme dit plus haut, la character design ne me semble pas être une franche réussite et la direction artistique est ma foi assez sommaire même si, admettons-le, la mise en scène fait un boulot d’enfer. Ce n’est pas toujours tout à fait réussi, mais au moins, c’est foufou, et on s’amuse bien. Ah, et si vous êtes intéressé par les versions 360 et PS3, elles sont tout à fait convenables pour le coup, et tiennent un 60 fps plutôt stable, même si jouer au jeu sur écran HD peut faire mal à la rétine. Très mal même sur certaines textures bien datées.
En revanche, les bruitages sont toujours aussi efficace malgré les douze ans qui séparent la sortie du titre d’origine et notre année ; l’ensemble vieilli vraiment bien. Pourtant, rien à voir avec l’excellent doublage ultra-surjoué et en parfait accord avec l’ambiance du jeu et le scénario. Vraiment, pour le coup je tire mon chapeau au travail effectué. « Sokolov ? » David Ayter, tu n’aurais vraiment pas eu ta place dans The Phantom Pain, mais qu’est-ce que tu étais à propos dans ce troisième opus ! Le meilleur pour la fin : la bande originale composée par Harry Gregson-Williams & Norihiko Hibino qui ont tous deux simplement dû écrire le script. Je vois difficilement comment des compositeurs auraient pu faire meilleure adaptation musicale que ce qu’ont fait ces gars-là. La synergie musique / jeu a rarement été aussi à propos. Chapeau au département sonore du titre, avec tous les honneurs qui vous sont dû !
« I’m still in a dream, Snake Eateeeeeeer » . Ça reste dans la tête ces musiques de merde à la James Bond !
Gameplay daté, mais des idées en pagaille
Alors, Metal Gear Solid troisième du nom n’est jamais plus que la troisième itération d’une même formule mis en place en 1998 par le premier épisode, et perfectionné dans le second. Il faut savoir qu’ayant joué à Metal Gear 1 et 2, je peux aussi affirmer que Metal Gear Solid n’est jamais rien qu’une version 3D du gameplay des deux premiers jeux de la saga Metal Gear, et que la formule n’a jamais autant pris de recul que lors de la conception de V. Donc forcément, Snake Eater, c’est daté, très daté. Je pense même qu’à l’époque, il devait l’être malgré les critiques dithyrambiques. Cette version Vita souffre d’ailleurs de la jouabilité rigide qui ne s’adapte qu’assez mal à cet environnement plus ouvert que celui du second épisode Solid, mais il faut bien dire que cela fonctionne tout de même grâce à la somme de détails cons qui rendent l’ensemble jouissif (… un tas de features que je vous laisserai découvrir par vous-même).
Les problèmes se retrouvent globalement dans la gestion antédiluvienne de la caméra, l’absence de fonction pour se déplacer accroupi (…oui-oui, un classique de MGS en plus), et la précision toute relative du tir au jugé et la visée « visée épaulée » on ne peut plus bancal. Tout cela nous fait dire que découvrir les anciens Metal Gear Solid en nos temps modernes, très propre dans la jouabilité, donne l’impression de tomber dans une cuve de formol. Pas de quoi en ressortir avec le sourire de l’ange, mais cela permet de se rendre compte qu’il y a eu du progrès entre-temps. Ce qui vient contrebalancer ses errements, ce sont les boss plutôt inventifs et intéressants, avec beaucoup de situations variées, et surtout, une infiltration plus subtile qu’il n’y paraît, grâce à un level design solide et une mécanique de survie qui se conjugue très bien avec le gameplay. N’oubliez pas de manger du serpent, du rat, des champignons, et attention aux sangsues. Soignez vos blessures aussi, avec un système très bien pensé. Ces idées sont exploitées même par le scénario qui fait vraiment tout ce qu’il peut pour justifier tous ces ajouts en les exploitant avec créativité, mais aussi, intelligemment.
La minute réflexion de 2016
J’ai pu constater pourquoi les fans de la série regrettaient les choix opérés dans le dernier opus de la saga, et j’ai aussi compris ce que celui-ci avait perdu de ses ancêtres. Cela dit, je ne vois pas ce qu’il y aurait d’infaisable dans le troisième qui ne soit pas possible dans un Phantom Pain. Si l’envie en prend Konami de faire un remake des anciens Metal Gear Solid avec le moteur du dernier, cela pourrait énormément rafraîchir les anciens opus et apporter au gameplay, déjà presque parfait du chef d’œuvre de Kojima, une nouvelle fraîcheur. Attend, suis-je en train de demander un remake là ? Toupilitou, censures-moi ça vite fait ; je vais me nettoyer la bouche avec de l’acide, jouer à un jeu original et de préférence récent, en répétant mille fois « Je ne dois pas soutenir les initiatives fainéantes de l’industrie vidéo-ludique et arrêter d’essayer de m’intéresser à Final Fantasy VII ! » .
Snake Eater est un très bon jeu qui a correctement vieilli, contrairement à un autre jeu dont je vous parlerai sans doute plus tard. Si vous avez envie de vous pencher sur du Metal Gear Solid, et que vous recherchez une expérience comportant des éléments de survie pas très envahissants, alors cet épisode s’adresse à vous, même si je vous conseille surtout le second Solid, qui est le miroir inversé de Phantom Pain.
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