Les Intouchables #3 : Vendetta – Curse of Raven’s Cry
Le destin s’est acharné dessus : changement de développeur, reports multiples, suppression pure et simple du catalogue Steam. Pourtant, il est là. Devant vous, l’intouchable de Curse Of Raven’s Cry. Il a eu en retour de ses multiples épreuves pour nous parvenir : des crachats, des tacles, et des critiques assassines. Mais, aujourd’hui, c’est en juge impartial que je vais parler de ce titre. Alors, Raven’s Cry, toi qui as même dû changer de nom pour me parvenir, es-tu vraiment aussi mauvais que ce que l’on a laissé sous-entendre ?
La malédiction des caraïbes frappe encore une fois
Maudit. Comment ne pas mieux introduire un jeu comme Raven’s Cry ? Le thème du jeu, son statut, ses développeurs, et son éditeur désormais. Il n’a semé que la douleur pour parvenir à voir le jour et à exister. Effectivement, le héros du jeu ne pouvait qu’être maudit, vengeur, sombre ainsi qu’avide de pillages et de destruction. Christopher Raven voit rouge et n’est animé que par son besoin de faire justice sur le meurtre abominable de sa famille. Pirate de son état, capitaine d’un équipage et de différents bateaux… navires, que vous aurez sous votre commandement, il traquera l’assassin aux gré des flots, bravant tempêtes et factions adverses. Il ira même jusqu’à s’allier à ses ennemis naturels pour atteindre un but futile qui ne l’amènera qu’à de plus grandes souffrances. Christopher Raven, c’est Topware Interactive. Le navire et l’équipage, c’est Reality Pump. Et les carcasses sur le chemin, c’est feu Octane Games.
Vous le devinez, on n’est pas forcément là pour se marrer, même si les pépites d’humours propres à Reality Pump se retrouvent dans le titre. L’ambiance est sombre, les lieux parcourus malfamés et glauques, tandis que les tavernes sont animées par de joyeux lurons alcoolisés, semblant capables de se mouvoir l’instant d’après en théâtre d’une sanglante bagarre. Le héros imposé évolue dans un univers dans lequel il est en parfaite harmonie ; le chaos des mers et des villes semblent s’accorder à la personnalité de notre capitaine, et accessoirement héros de l’histoire. De péripéties en péripéties, de rencontres en rencontres, vous vous rendrez compte, et vous familiariserez avec un univers dont la noirceur n’a d’égale que la haine qui ronge Christopher.
L’écriture y est tout à fait dans le ton, les dialogues sont souvent brefs, et aux conclusions rarement heureuses ; l’agressivité de Raven transparait énormément dans le manque réel d’alternatives pacifiques. Les choix sont pourtant présents, et les conséquences importantes. Il faut faire attention à quels ennemis vous serez amené à vous faire, dans cette aventure qui ne vous conduira que vers plus de sang. L’univers et le contexte étant réalistes et tendant même vers la véracité historique, l’immersion est donc clairement au rendez-vous.
La brume est son manteau
La réalisation technique doit son efficacité à la reprise heureuse du moteur graphique de Two Worlds II. On s’amusera à retrouver des éléments de décors, quelques personnages, et des jeux de lumières sublimés par de nouveaux effets volumétriques. Le titre affiche des villes vastes, vivantes et animées par des foules de personnes ayant leur emploi du temps à respecter. Ces gens suivent aussi le cycle jour / nuit, et si les braves se couchent le soir venu, on n’en dira pas autant des malandrins vous jetant des regards obscurs lorsque viendra les premiers rayons de la lune. Les mers, dont les eaux sont noires comme les cheveux du héros, semblent inviter les navires l’empruntant à sombrer vers les ténébreuses abysses des caraïbes.
Si la technique affiche un rendu tout à fait satisfaisant dans l’ensemble de la production, la direction artistique s’avère cohérente de bout en bout, noire et réaliste. Il n’y a pas de compromis, pas de propreté ou de soin dans le rendu. Tout est crasseux, et il n’y a pas un coin où l’on préférerait être dans Raven’s Cry. Les profondeurs des jungles que vous explorerez vous mettront autant en confiance qu’une fille dans une ruelle à la sortie d’une boîte de nuit. La mort semble vous en vouloir où que vous alliez, et quoi que vous fassiez. Hostile. Le jeu est hostile quoi que vous fassiez. Les musiques accompagnent bien souvent à merveille l’ensemble, complétant le noir tableau que l’équipe de Reality Pump s’est efforcée à peindre avec grand talent.
Une jouabilité hasardeuse, mais cohérente
J’ai lu que le système de combat, de déplacement et de combat maritime étaient bancals. Ah, parce que vous vous attendiez à ce qu’un pirate dépressif, habitué à se saouler, et animé par la rage se déplace comme une panthère, tire comme Guillaume Tell, et se batte comme un bretteur professionnel ? Eh bien non, agressif et emporté, Christopher est imprécis, et n’a que faire de faire mouche à chaque coup qu’il donne. Effectivement, sa course et ses sauts manquent de précision, mais l’homme a une histoire, des blessures de guerre, et aura donc du mal à parfaitement répondre à vos demandes. C’est un parti-pris que l’on retrouve dans les possibilités de jeu, le titre ne mettant en avant que les capacités guerrières du personnage, à terre, comme sur mer.
Il vous sera possible d’améliorer le personnage au fur et à mesure de sa prise d’expérience, afin d’en faire un berserker intouchable, et transformer votre navire en place forte à la puissance de feu considérable. Pour se faire, pillez, explorez, tuez, dépouillez, travaillez contre de l’argent… Au diable l’honneur ; vous êtes un pirate, et pour accomplir votre vengeance, vous deviendrez l’un des plus cruels. Vous aurez aussi la possibilité de vous déplacer de manière furtive, et ainsi d’assassiner vos adversaires à l’aide de votre terrible crochet.
Vous pouvez aussi personnaliser votre navire en lui achetant des voiles de différentes couleurs, et des têtes de proue unique. Vous pourrez aussi acquérir différentes armes, chapeaux, et amulettes pour influer sur vos statistiques. Cette personnalisation poussée du héros et des éléments en font un RPG extrêmement convaincant. On le rangera donc sans problème dans cette catégorie.
La malédiction n’a pas tout anéanti
Corsé, et en même temps fruité comme une bouteille de rhum, généreux en contenu et cohérent dans sa démarche, Vendetta : Curse Of Raven’s Cry est un titre qu’il aurait été dommage de rater, d’autant qu’il est proposé à un prix tout à fait abordable de 49.99 euros sur Steam. Le titre ne manque pas de talent, et saura vous proposer une expérience à la finition exemplaire et témoignant du temps, du budget, et du talent de Reality Pump, qui ont réussi à sauver du naufrage le projet d’Octane Games.
En ce premier Avril 2016, j’admets ressentir beaucoup d’amertume envers la presse et les joueurs, qui semblent s’être ligués contre le titre. Je ne sais quel besoin primaire ils ont assouvi en condamnant ainsi le travail de Reality Pump, et surtout d’un Topware Interactive, à la ruine. Ceux-ci ne voulaient après tout que proposer un jeu sur la piraterie, hautement plus convaincant que la concurrence fainéante et opportuniste, comme Ubisoft l’a prouvé avec le très médiocre Assassin’s Creed IV : Black Flag.
Alors est-ce que je vous conseille Vendetta : Curse of Raven’s Cry ? Oui, infiniment, mais il faudrait pour cela que vous vous le procuriez rapidement, car il risque de disparaître une nouvelle fois de Steam. Le peu de clés que doivent posséder les autres vendeurs risquent de vite partir, et les sites de téléchargement illégaux ne s’embarrasseront que peu d’un jeu à la notoriété aussi mauvaise. Mais à ceux qui savent lire entre les lignes et qui sauront apprécier le titre et cet article à sa juste valeur, je vous laisse maître de vos destins.
C’est ici que se conclue cette semaine dédiée à Reality Pump, et à leur travail sur Two Worlds et Raven’s Cry. Comme vous pouvez vous en douter, bien que j’ai apprécié l’ensemble de l’œuvre du studio, je suis très étonné de la tournure des événements. Quoi qu’il en soit, on n’avance pas en regardant dans le passé, mais nous devons toujours garder en notre mémoire la conscience de ce qui aurait pu arriver à un studio talentueux, qui n’a peut-être tout simplement pas été là au bon endroit et au bon moment. A bientôt donc, Reality Pump, et que la date de ce texte ne vous trompe pas sur mes intentions ; elles sont autrement plus sincères que cet article.
Vous pouvez retrouver notre dossier sur Reality Pump: ici.
Tags MacOctane GamesPCPlaystation 4Reality PumpTopware InteractiveXbox One
A propos de l'auteur : Marcheur
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Enfin un test qui arrive à rendre honneur à cette pépite tant conspué par la presse sans raison valable! Grace à marcheur je me suis enfin laissé tenter et je sens que j’ai sagement investit 50€ dans un jeu qui m’apportera une expérience videoludique hors normes…encore faut il que l’écran de chargement de la première cinématique prenne fin (déjà 40 min).. mais comme on dit plus c’est long plus c’est bon !
Tu fais bien de remercier Marcheur d’avoir pensé à faire un intouchable sur le plus touchable des intouchables ! Quoi qu’il en soit, j’avoue également t’envier énormément d’avoir fait l’acquisition de ce hit en puissance ; bien trop onéreux pour les loutres, c’est bien connu…
P.S. : Tu veux ses coordonnées ?
en plus avec ces 50 € j’hésitais à acheter un cadeau pour l’anniversaire de ma femme, mais finalement marcheur a réussi à me convaincre, je sent que je vais pas être déçu ! Allez on arrive à 64% du chargement… je pourrais peut être y jouer ce soir !
Excellente critique ! Un grand bravo.
Merci merci, mais les remerciements ne sont pas ce que j’attends, j’attends de vous un soutien indéfectible et une ferveur infinie dans la défense de ce titre sali par les lobbys malveillants qui l’ont mis plus bas que terre ! La lutte commence ici et maintenant ! Pour Raven’s Cry !
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Ne t’inquiète pas, aussi surprenant que ça puisse paraître, j’aime Raven’s Cry dans toutes ses imperfections.
J’ai pas vu le temps passer pendant 6 heures, je le continuerais surement, y a la même attraction dans ce titre que dans Two Worlds II. Mais avec du recul, c’est vraiment pas la folie, donc même si je kiff faut admettre que la qualité est loin d’être présente .
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Système de combat aléatoire, déplacement affreusement rigide, système de jeu qui manque de complexité, dialogues parfois très mal écrit, doublages au mieux à la rue… Mais y a un feeling sympa malgré tout !