Journal de bord : Skyrim

J’ai souvent eu l’envie d’écrire une critique au long cours de Skyrim, afin d’en dire tout le bien et le mal que j’en pensais, mais je n’ai par contre jamais su par quel bout le prendre. Ce qui va suivre n’est donc pas vraiment une critique, mais plutôt un récit résumant une de mes sessions dans ce jeu, plus ou moins what the fuck, à mon image, mais également à l’image de cette composante commune à la plupart des jeux Bethesda : l’ultra-permissivité, non pas d’un bac-à-sable, mais d’un parc à thème. Je vous propose donc de suivre les aventures de mon homonyme virtuel, un Khajiit légèrement perturbé, accro au sucrelune, perdu en Bordeciel, mais néanmoins maître des guildes des voleurs / mages / guerriers / assassins, sympathisant des Daedras, ainsi que, pour la route, enfant de dragon triple sauveur de l’humanité (… mais à l’insu de son plein gré). C’est parti ?

 

Nota Bene : Tous les events cités dans ce texte se sont effectivement bien déroulés ingame, bien que ce ne soit pas forcément dans cet ordre-là. Seuls les éléments de personnalité de mon avatar, ses pensées et réflexions, proviennent de mon imagination (… fertile, bien que quelque peu tordue, je vous l’accorde). Le but est finalement de démontrer par l’absurde que Skyrim et roleplay ne sont pas vraiment compatibles, tout du moins selon la version Bethesda, sans mods, et sans aborder les situations sous un angle totalement grotesque (… il suffit de lire la description de mon personnage ci-dessus). En clair : ceux qui ne voudront pas en voir la critique sous-jacente pourront au moins lire un truc (que j’espère) rigolo.

 

Je ressortais du bâtiment des Compagnons à Blancherive légèrement perplexe, état consécutif à une discussion nébuleuse avec Aela autour d’un certain nombre de bouteilles d’hydromel. Elle trouvait qu’un chat-loup-garou, c’était chelou, ne serait-ce qu’à la manière que j’ai de sentir le cul de mes interlocuteurs, ou bien de jouer avec les têtes décapitées comme avec une balle, quitte à oublier tous les objectifs dont j’avais la charge. Alors même que je faisais quelques mètres, une petite humaine me court dans les pattes pour me taxer quelques septims. Je ne sais pas pour quelle raison, alors que d’habitude je trace ma route, tournant nonchalamment la tête en passant, je la laisse couiner quelques temps en lui lâchant quelques pièces. Ce fut l’occasion de vérifier l’adage : tendez la main, on vous bouffera le bras. J’ai donc eu droit à la totale : « gnagnagna je suis orpheline ». Ooooh… « gnagnagna j’ai faim ». Aaaah… « gnagnagna tu veux m’adopter ? » Hmmm… Wait, what ?! Il faudra que j’en touche un mot à Lydia pour savoir si ce genre de discussions avec un humain est normal.

Oui, que ne ferais-je sans cette chère Lydia. Je la sortais de temps en temps de l’enceinte des fortifications du village, histoire qu’elle voit un peu du paysage. En contrepartie, elle s’occupait de tout le merdier administratif et social auquel je ne comprends rien, c’est-à-dire, pour résumer, à peu près tout. Mais ça, c’était avant. Oui, avant qu’elle ne me gonfle à me faire sans cesse la morale : « Ouuuui, patati patata, on ne vole pas les gens c’est mal  » . Une vrai casse-couille (… appelons un Khajiit un Khajiit). Néanmoins, je dois l’avouer, rendons à Septimus ce qui lui appartient : elle avait un don pour provoquer chez moi d’infinis ronronnements de satisfaction en me grattouillant sous le menton.

Exceptionnelle sur le champ de bataille, parfaite dans sa compréhension de la politique de Bordeciel, mais c’est une incapable finie dès lors qu’il s’agit de relation amicale et de discussion. Elle n’était d’ailleurs pas plus brillante dans l’infiltration ; je ne compte plus le nombre de fois où je me vois lui expliquer que, même en étant accroupie, elle grillait notre couverture à un bon kilomètre à la ronde à cause de son armure rouillée. D’un commun accord, je l’ai donc autorisé à squatter ma baraque de Blancherive plutôt qu’à être à mes côtés. Ma seule condition était que, quitte à être sédentaire, elle essaye de développer un petit commerce. Je ne me rappelle pas l’avoir entendu protester, et du coup, je n’arrive pas à voir à quel moment j’ai merdé dans la négociation.

Je me demande d’ailleurs s’il s’agit bel et bien de ma maison. Quand j’entre dedans avec la gamine sur les talons (… mais… mais à quel moment lui ai-je répondu par l’affirmative à celle-là ?!), la cuisine est en bordel, il y a déjà quelqu’un qui squatte la chambre d’ami, et LydiaLydia dort tranquillement dans mon lit, dans son armure pourrave, bavant sur mon coussin, avec, au milieu des pintes de bière vides, des petites culottes en peau d’ours troglodyte jetées négligemment autour du lit. Et cette odeur… Un fennec en décomposition sentirait meilleur ! J’ai toujours dit que les Nordiques sont sales ! Outre mon stock de bière auquel elle a fait un destin, je trouvais la raison de son coma artificiel en voyant mon placard à skooma partiellement vidé. Il était clair que je n’arriverai à rien tirer d’elle. Peut-être devrais-je l’emmener faire un tour à l’autel de Boethia à l’occasion ; ça lui fera les pieds à cette gourdasse. En attendant, pour couronner le tout, la petite commençait à sérieusement à me gonfler en couinant dans mon dos.

Mais après tout, elle voulait être adoptée par le célèbre Khajiit enfant de dragon ? Eh bien elle allait devoir le mériter ; endurance, sens de l’orientation, furtivité, survie… Autant de compétences qui lui seront utiles pour rejoindre ma résidence secondaire d’Aubétoile, celle perdue au milieu d’un marais brumeux, coincé entre un camp de fortune bourré de bandits de grand-chemin et le repaire d’un géant. J’ai tout de même senti une pointe d’hésitation dans son regard lorsque je lui ai exposé son défi d’adoption, elle qui n’avait jusqu’à présent jamais franchi les grands remparts de la ville, mais elle a quitté Blancherive dans les minutes qui suivaient, en robe légère, à pied, de nuit, sans provisions. Brave petite.

Alors que je quittais ce qui devenait peu à peu le repaire de Lydia, je tombe nez-à-nez avec un habitant de Blancherive (… que je ne connaissais pas encore voilà quelques minutes auparavant) qui me demande si, par le plus grand des hasards, je ne pourrais pas apporter un colis à son pote qui habite à Solitude (… bah voyons). Ma parole, en plus d’être sales, ces Nordiques sont d’une naïveté confondante ! Savait-il seulement à qui il s’adressait ? Moi, Toupilitou, le maître officieux de Bordeciel. Bah oui ; je dirige quand même toutes les putains de guildes connues de cette foutue région ! Sérieusement… Tout le monde me mange dans la main, et lui me chie un bon de livraison. Dans ces cas-là, il est clair que le silence était la réponse la plus adéquate.

Du coup, je le laissais exposer à qui voulait l’entendre sa requête ridicule, et je m’esquivais en m’effaçant dans l’ombre. Voilà encore autre chose qui m’échappe chez ce peuple de sauvages ; je suis face à lui, je ne me suis pas lavé depuis une bonne dizaine de jours et je pue le ragnard fermenté dans mon armure en cuir (… imaginez des couches successives de cuir, de fourrure, et de cuir), mes oreilles lui arrivent au niveau du torse, mon ombre s’étale sur deux bons mètres car je suis en plein soleil, je respire comme un phoque à cause de mon casque, mais il ne me voit pas parce que je me suis accroupi. Je veux bien croire que je suis un être exceptionnel (… je dirai même plus que j’en suis convaincu), mais il faut tout de même avouer qu’ils ont de graves soucis cognitifs. Sérieusement, ce gars-là a les sens d’un draugr en devenir !

Plus j’accélérais en direction du grand portail d’entrée du village, plus des êtres insignifiants se pressaient sur mon chemin. Cette fois-là, ce fut au tour de deux guerriers Alak’r de m’interpeller. Alors que je m’apprêtais à leur signifier que je refusais de les adopter, ils me demandèrent cordialement si je n’avais pas croisé une Rougegarde dans le coin, une cousine semble-t-il. Maintenant qu’ils m’en parlaient, je me souvenais en avoir croisé une à l’auberge il y a peu ; je crois même qu’elle y travaillait, à la cuisine (… ouais, c’est ça, son ragoût était même franchement délicieux). Histoire de faire ma bonne action de la journée (… ma deuxième, si l’on compte l’adoption !), je pointais négligemment le doigt en direction de la taverne avec un grand sourire. Ils semblèrent particulièrement heureux d’aller la retrouver qu’ils coururent illico la rejoindre. Encore de chouettes retrouvailles en perspective. Merci qui ? Merci Toupi !

Continuant mon chemin, alors que des cris gutturaux retentissaient en provenance de l’auberge (… les Rougegardes expriment leur joie bizarrement), j’aperçus au loin la silhouette de la fillette. A la base, j’avais l’intention d’aller retrouver une certaine Delphine à Rivebois. Elle n’arrêtait pas de me harceler, à me dire que je suis l’élu, qu’elle et ses potes croyaient en moi (… un groupuscule qui se fait appeler Les Lames), et tout le merdier habituel que l’on peut retrouver dans les discours des fanatiques moyens. D’ailleurs, la dernière fois que je l’ai suivi dans ses délires, elle m’a laissé sur place en face-à-face avec un dragon, excusez-moi du peu ! Et là, maintenant, elle s’est dit, en accord avec elle-même, que j’allais devoir infiltrer l’ambassade de ces connards de Thalmor pour je ne sais quelle obscure raison. Mais qu’elle aille se faire foutre oui !

Je me décidais donc finalement à suivre la gamine, plusieurs centaines de mètres en arrière. Je me disais que si elle arrivait à survivre au trajet, il faudrait bien que je lui donne une feuille de route pour les dix ans à venir ; je n’avais clairement pas l’intention de repasser par là de sitôt. D’ailleurs, la maison vers laquelle je l’ai astucieusement dirigé n’en portait de toute façon que le nom. Il s’agissait en réalité d’une petite cabane, sans étages ni pièces avoisinantes, ni même de mobilier. Voilà de quoi assurer une saine occupation pour toute son adolescence : miner la roche, récolter de l’argile, scier le bois, cultiver le jardin, nourrir le bétail, distiller le sucrelune en skooma, fabriquer le mobilier, ainsi que construire les extensions de la maisonnette. Un bien beau programme !

Tout à mes rêves d’immobilier (… la pierre, une valeur sûre !), je n’ai pas immédiatement aperçu les deux nécromanciens en embuscade au bord de la route. Pas moyen que deux crevards ruinent mon lucratif investissement, juste pour satisfaire leur délires nécrophiles ! Alors que la gamine courrait comme une cinglée sans prêter la moindre attention à ce qui l’entoure, et que les nécromanciens commençaient à préparer leurs sorts, je décochais furtivement quelques flèches d’ébonite bien placées, mettant fin à leurs carrières de fossoyeur plus tôt que prévu. Tout à son marathon, la drôlesse n’eut absolument pas conscience de la prouesse que je venais de réaliser : des flèches tirées à plus d’une centaine de mètres, avec un début de tempête de neige, la nuit, et se retrouvant fichées entre les deux yeux.

Mais il faut dire ce qui est : après avoir parcouru en courant pendant de nombreux kilomètres, dans le noir, et alors qu’elle avait déjà bien entamé l’ascension de la montagne la séparant de son objectif, elle finit par tomber littéralement de fatigue, les membres ankylosés par le froid. Ces petites choses sont si fragiles… et fortement inconscientes ; quelle idée de partir en voyage avec une robe légère, sans manteau ni couverture, sans savoir faire un feu, sans carte, sans suivre les chemins, ni même à savoir trouver de la nourriture dans la nature ! Je la voyais au loin grelotter au pied d’un arbre creux, situé à quelques pas d’une grotte dont le sang et les ossements à l’entrée n’auguraient rien de bon pour elle. Heureusement pour elle, la créature qui l’occupait semblait repue ou en train d’hiberner, car elle ne donna pas le moindre signe de présence.

Mais c’est le genre de choses qu’elle finira par apprendre d’elle-même, car ce n’est finalement que du bon sens. C’est l’esprit remplit de pensées attendrissantes à son endroit que je me préparais un bon feu de camp en quelques secondes grâce à la magie ; j’en salivais rien qu’à imaginer l’odeur de la viande cuite de gibier qui m’attendait ! Qui sait, avec un peu de chance, le vent lui fera peut-être même profiter de l’odeur. Quoi qu’il en soit, bien décidé à être en forme pour la suite du périple de la gamine, je m’emmitouflais chaudement dans mon épaisse couverture en peau de mammouth, que je gardais fort opportunément dans ma toute petite sacoche en bandoulière. Une fois fait, je ponctuais cette journée par une lampée de skooma afin d’accélérer le processus du sommeil profond.

A mon réveil, en prenant mon petit-déjeuner d’œufs de harpie, à quelques centaines de mètres de là, j’aperçus la petite. Autant dire qu’elle faisait vraiment de la peine à voir ; elle ne semblait pas avoir dormi – probablement à cause des nombreux bruits que l’on entend la nuit en montagne – et elle avait l’air d’avoir si froid, si faim, et si soif. Je me demandais si son teint virant sur le bleu était dû à la lumière de l’aube ou au froid montagnard (… j’aurais tendance à pencher du côté de la température). Ahlala… Il faut bien que jeunesse se passe, et c’est typiquement le genre d’expériences très formatrices, à même de surpasser toute la théorie du monde. Néanmoins, je notais qu’elle faisait nettement moins la maligne qu’hier ; elle était plutôt à trainer des pieds qu’à galoper comme un cabri.

Je dirai même qu’elle commençait presque à m’énerver à avancer à l’allure d’un vasard neurasthénique. De quoi avoir de sérieux doutes quant à l’utilité même de mon investissement, et sur sa capacité à bâtir une maison digne de ce nom. Chaque pas semblait lui coûter énormément de ressources énergétiques, ce qu’un copieux petit-déjeuner lui aurait fort probablement épargné. Tout à ma digestion, je me rappelais de ce que me disais ma grand-mère : « le petit-déjeuner est le repas le plus important de la journée !  » . C’est donc péniblement qu’elle atteignit le sommet de la montagne, ce qui me faisait dire qu’elle avait tout de la greluche ; elle a pensé à l’ascension, mais pas à la descente, et le chemin (… si tant est que l’on puisse appeler cela ainsi) qu’elle avait choisi était vraiment abrupt. De quoi rallonger le trajet plus que de raison…

Grommelant dans mes moustaches, je sentis une présence hostile toute proche. Impossible de savoir d’où cela venait et qui en était à l’origine. Je me perchais légèrement en hauteur afin d’essayer d’identifier la créature à l’affut, et c’est à ce moment-là qu’un troll des neiges déboula d’un bosquet, cavalant vers la proie facile, quoique maigrelette, que représentait la fillette. Pas le temps de décocher une flèche, ni même de courir au corps à corps sur la bestiole, car cela aurait scellé son destin. Il ne me restait finalement que peu d’options, mais surtout également peu de temps pour prendre ma décision. La sauver ? Regarder comment elle se débrouillait ? Étudier le mode de vie et de nutrition des trolls ? Instinctivement, je lâchais malgré tout un petit Fus-Ro-Dah des familles.

La puissante vague de poussée attrapa le troll en plein vol alors qu’il envoyait une patte ravageuse sur la petite fille, et il partit à la renverse sur le versant de la montagne. Ce que je n’avais pas vraiment prévu, c’est que la gamine fut également prise dans le cri de dragon, et elle dégringola la montagne plus rapidement qu’elle-même ne l’avait imaginé. Un peu plus tard, j’ai pu en effet me rendre compte qu’elle était dans un état un peu moins vivace qu’auparavant, ce que les bruits d’un petit corps mou s’éclatant sur des rochers lors de sa chute d’une petite centaine de mètres avaient laissé supposer. Des corbeaux étaient d’ailleurs en train de se préparer au festin qui les attendait. Néanmoins, par je ne sais quel miracle, je la voyais pourtant se relever quelques instants plus tard, boitillant dans le sens inverse afin de retourner à Blancherive. En voyant le troll en train de se régénérer en contrebas, m’est avis qu’elle allait devoir courir encore un peu. A la voir abandonner aussi rapidement, je me dis que cette petite créature n’avait pas une once de volonté et que ce n’était vraiment pas la peine que je me casse le cul pour elle…

Voilà surtout qui mettait un terme à ma courte carrière de père adoptif. A vrai dire, j’avais surtout la rage de voir s’envoler mes espoirs de résidence secondaire construite et entretenue à peu de frais. Bah… Après tout, avec la guerre qui éclate entre les Nordiques et l’Empire, ce ne sont pas les orphelins qui vont manquer ! Aaaaah… Avec tous les tombeaux et fosses communes qui se multipliaient en Bordeciel, il y a franchement de quoi ouvrir un parc d’attraction. « Draugrland, ou comment essayer de reconnaitre son papa et sa maman dans des souterrains obscurs. Frissons garantis !  » . Je crois que je tiens un concept là ! Quoi qu’il en soit, avec un peu de chance, je tomberai peut-être même sur un petit humain au peu plus débrouillard que cette gamine, ce qui, il faut l’avouer, ne doit pas s’avérer bien compliqué tellement je partais de loin avec celle-ci. Je ne me rappelle d’ailleurs même plus de son prénom ; c’est dire à quel point je croyais en elle…

Perdu dans ces pensées tumultueuses, j’entendis néanmoins un gaillard souffler comme un bœuf, alors qu’il arrivait dans ma direction. Et effectivement, un type faisait lui aussi un marathon pour son ascension de la montagne. Arrivé à ma hauteur, à court de souffle, il se présente en tant que messager, et il précise qu’il a une lettre à me délivrer. Comment savait-il que je me trouvais ici-même, sans âme qui vive aux alentours, à cet instant précis ? Le mystère reste encore entier à ce jour. A peine ai-je eu le temps de lire le contenu de la lettre qu’il repartait déjà dans la direction opposée. Le message en question était on ne peut plus étrange. Il s’agissait d’un héritage à mon intention, mais d’un habitant de Vendeaume que j’avais tué (… sur un malentendu, bien évidemment) pendant que j’étais en train de vider sa maison de tous ses objets de valeur (… un autre malentendu). Apparemment, il m’appréciait. Brave gars. Voilà de quoi compléter ma collection de riche propriétaire terrien.

Quoi qu’il en soit, je décidais malgré tout d’aller faire un tour dans ma cabane d’Aubétoile. En effet, si je voulais procéder à une adoption d’une petite chose de manière sensiblement plus réfléchie, il fallait que j’y installe le minimum syndical : prendre un peu de foin dans l’écurie afin de le déposer dans un coin de la bâtisse, histoire que la chambre à coucher soit la plus accueillante possible. C’est à ce genre de petites attentions qu’on mesure un grand cœur. Ni une ni deux, je sors ma carte de Bordeciel, vérifie qu’il n’y avait pas un blaireau sur le point de se jeter sur moi (… sait-on jamais, j’ai l’impression que toutes les boussoles pointent sur moi dernièrement), mets le doigt sur la grosse croix représentant ma résidence, et ferme les yeux. Le temps d’un souffle, lorsque je rouvris les yeux, me voilà devant mon modeste petit chez moi. Néanmoins, arrivé sur place, j’ai pu réaliser que la petite n’aurait eu absolument aucune chance de survie à son arrivée.

Les bandits, ainsi que le géant d’à côté avec ses deux mammouths, ont apparemment décidé de se faire une petite battle dans mon jardin, histoire de se foutre sur la gueule et s’approprier mon terrain, tout cela sans compter sur des horqueurs squattant plus au nord et voulant se joindre à la petite fête improvisée, ainsi que… un putain de dragon ancestral bien décidé à bouffer à peu de frais. Fort heureusement pour moi, j’avais eu la présence d’esprit de construire une écurie pour Crindombre, le cheval de la Confrérie Noire, l’équidé le plus couillu de Tamriel. Autant dire que ce n’était pas le dernier pour se joindre à une orgie sanglante, et il se jeta dans la mêlée avec un petit hennissement de joie. Quant à moi… Eh bien, oublié de tous, je m’accroupis tranquillement sur une bûche, profitant d’un spectacle traditionnel Nordique en direct-live. Tout fut terminé en un quart d’heure, et je voyais Crindombre trottiner tranquillement jusqu’à son écurie, après s’être ébroué dans le sang des vaincus. Brave bête. Le marais avalait déjà tous les cadavres, et tandis que je sauvais ce que je pouvais des bouts de bidoche de horqueur pour le diner de ce soir, j’absorbais l’âme du dragon. Alors que je déposais le foin dans un coin de la maisonnette, je me dis que ce fut encore une journée rondement menée !

 

Voilà plus ou moins à quoi ressemble une de mes sessions sur Skyrim, à savoir une succession de situations grotesques se déroulant dans un ensemble narratif chaotique, et, pour le mieux, incohérent. Même une personne souhaitant ne pas s’embarquer dans des délires tordus sera malgré tout amenée à agir et réagir d’une manière qui ne convient pas au personnage qu’il s’est construit. Roleplay et Skyrim selon la version vanilla de Bethesda ne vont donc, pour moi, clairement pas de pair ; cela revient peu ou prou au même que de faire du roleplay dans Minecraft, si ce n’est que le lore est plus développé et que les graphismes picotent moins les yeux. Seul l’imagination du joueur importe. Pour être tout à fait honnête, j’aurais un peu de mal à dire que je ne m’amuse pas dans Skyrim, d’autant plus si l’on regarde les centaines d’heures que j’y ai passé. Néanmoins, c’est avant tout, et vous aurez largement eu le temps de vous en rendre compte à travers ce récit, parce que je suis un peu un adepte de l’absurde. Pourtant… Pourtant, la sauce n’a pas pris avec un Fallout 4 qui reprenait une formule identique. Peut-être est-ce parce qu’un certain Fallout : New Vegas d’Obsidian s’est intercalé entre les deux Fallout made in Bethesda… De là à dire que j’aimerais bien qu’Obsidian ponde un The Elders Scroll 6, ma foi… Why not ?

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A propos de l'auteur : Toupilitou

Loutre hyperactive et webmaster de https://loutrage.fr

2 Commentaires sur “Journal de bord : Skyrim”

  1. Shizam dit :

    Une tranche de vie comme une autre La Loutre !
    A la fois « comme toutes les autres » ( les parties des joueurs ), et à la fois l’une d’elles…
    C’est même parfois à se demander si le « bug » , trés Bethesdien, ne serait pas une source en soi aux variétés de Roleplay.

    Moi-même, aprés 5 ans de Skyrim, j’en vient à me demander ce qu’il y a vraiment dans le jeu. A moins qu’il ne soit là que pour ce qu’on lui apporte, ce qu’on lui met dedans..

    N’empeche que je joue toujours a Skyrim, et que c’est pas non plus une corvée.. smile Rp ou pas Rp..

  2. Toupilitou dit :

    Disons que j’ai 504 heures au compteur sur Skyrim ; ce serait une corvée, je serait sacrément maso


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