Deadcore
C’est perdu dans un bundle spatial que je fis la découverte de Deadcore. Développé par 5 bits games, un petit studio frenchy basé à Grenoble, composé de six personnes si j’en crois leur site web. Sans tomber dans l’écueil du chauvinisme le plus complet, je dois avouer qu’il s’agit d’une véritable pépite pour masochiste – dans le bon sens du termes (… s’il en existe un). Qu’est ce que cela donne dans le détail ? C’est ce que nous allons voir ensemble. C’est parti !
Si l’on devait catégoriser Deadcore, je dirai qu’il s’agit d’un puzzle-platformer hybridé avec un soupçon de runner en vue à la première personne. On retrouve en effet le côté speed et nerveux du déplacement en FPS, tandis que le côté runner se retrouve légèrement dans les timers qui se déclenchent successivement lors de l’activation de plateformes. Enfin, l’aspect puzzle vous sautera vite au visage puisqu’il va littéralement vous retourner le cerveau. En réalité, il s’agit également d’un crash test pour vos nerfs, afin de tester votre patience, ainsi que vos réflexes. A la limite, on pourrait presque le prendre comme un entraînement pour la maniabilité de jeux tels que Quake, tant certains passages vont vous faire essayer, essayer à nouveau, et réessayer, encore et toujours.
Les contrôles n’ont pourtant rien de complexes ; outre des mouvements directionnels classiques mais nerveux, vous pourrez sauter – voire faire un double saut – ou faire un dash (un déplacement rapide vers l’avant), switcher des boutons en leur tirant dessus afin d’activer des mécanismes, ou bien encore faire des rocketjumps. Mais quand j’évoquais qu’il pourrait faire un parfait petit trainer pour FPS, c’est qu’il vous faudra enchaîner tous ces contrôles à la perfection, au millimètre près. Et j’avoue que c’était très jouissif d’arriver au bout du bout d’un niveau – pour ensuite mieux enchaîner sur un autre – après s’être synchronisé avec la trame de ce dernier.
Car avant d’y arriver, croyez-moi, vous allez tomber, tomber, et retomber, encore et toujours. Et soit dit en passant, heureusement que les développeurs ne se sont pas embarrassés de fioritures pour faire réapparaître après une chute ; le respawn au dernier checkpoint est en effet très rapide, ce qui permet de tenter d’enchaîner sans attendre le niveau pour mieux retomber dans le vide. D’ailleurs, les moments où vous serez le plus passif pendant plus de quelques secondes sera justement ces chutes, puisque les plateformes que nous parcourrons sont parfois situées très haut dans le monde étrange de Deadcore. Quoi qu’il en soit, 5 Bits Games a eu le bon goût d’intégrer une touche de respawn ; à configurer sur une touche « safe » de votre clavier afin de ne pas l’enclencher par erreur…
Visuellement, et c’est là où cela surprend le plus, les ensembles de constructions très abstraites donnent un rendu science-fiction plutôt minimaliste, et cela colle parfaitement. Et bien qu’il fasse dans le minimaliste, il n’oublie pas pour autant d’être beau, très beau même, arrivant à donner une atmosphère unique aux niveaux. Et là où on pourrait s’attendre à une certaines répétitivité au fur et à mesure des levels, on retrouve en réalité une variété plutôt impressionnante de puzzles, intégrant une courbe de progression très bien pensée. En clair, on a un level design aux petits oignons, mis en valeur par une musique et des bruitages cohérents avec l’univers, contribuant à la concentration du joueur. D’ailleurs, en regardant autour de nous, nous pourrons apercevoir les précédents niveaux que nous avons déjà parcouru au loin, et cela donne une impression de gigantisme assez vertigineux.
De la concentration, il en faudra beaucoup au fil de notre progression, car outre des plateformes aériennes, nous pourrons croiser des ennemis robotiques. Mais attends ! Toi qui est allergique aux shooters, ne pars pas ; ils font partie intégrante des puzzles, et chacun dispose d’un but bien précis : vous tuer, ou vous faire tomber pour vous tuer. Vous disposez d’un genre de flingue qui, outre le fait de vous permettre d’activer (ou désactiver) des boutons distants, vous permettra non pas de les détruire, mais de les désactiver temporairement. Oublier le temporairement de ma précédente phrase vous amènera à la mort, car les ennemis ne vous oublient pas, eux.
En se concentrant sur le gameplay, Deadcore n’oublie cependant pas d’avoir une histoire ; pas le genre d’histoire que l’on nous impose avec une narration, mais plutôt le genre qui est optionnel et que le joueur doit chercher par lui même. Dans les niveaux, des journaux de données sont disséminés, permettant de lire un court texte situant le jeu dans un contexte. Les endroits où ils sont cachés ne sont pas indiqués, et vous devrez parfois faire preuve d’un bon coup d’imagination pour les atteindre. Cela ajoute finalement une touche de challenge avec des défis optionnels intégrés intelligemment. Par ailleurs, même si je ne suis personnellement pas adepte de ce genre de compet’, un système de scoring est disponible avec les temps de parcours de chaque niveau.
Pour une durée de vie d’environ quatre heures, en combinant habilement divers éléments de gameplay de genres différents de jeux, et sublimé par une conception dantesque de niveaux, Deadcore nous donne finalement une expérience très enrichissante. Je le déconseille simplement pour les joueurs qui ne sont pas patients, car ils risqueraient de détruire violemment leur PC sous le coup de l’émotion… Bien que leur mort ne sera finalement due qu’à leur manque de maîtrise des contrôles.