The Banner Saga 2
The Banner Saga fut définitivement mon coup de cœur de l’année 2014. Il arrivait parfaitement à mêler les phases de contemplation dans un univers original, à une narration tout ce qu’il y a de plus brillante, le tout saupoudré de combats stratégiques. J’ai appris plus tard que ce titre était prévu dès le départ pour avoir deux petits frères, et le dernier-né nous est parvenu en avril 2016. L’attente fut donc très longue, mais la recette fonctionne-t-elle toujours ? C’est ce que nous allons voir ensemble. C’est parti !
Effectivement, parler de recette en évoquant The Banner Saga n’est pas anodin. Toute l’empathie que l’on peut ressentir pour nos troupes est le fruit d’une alchimie entre une patte graphique qui touche au but, une musique aux accents nordiques / celtiques présente sans être envahissante et qui vous accompagne tout le long de la partie, et un gameplay relativement simple mais diablement efficace. Tous ces éléments s’imbriquent dans une étonnante synergie, nous emportant dans un tourbillon d’émotions. Envolée lyrique mise à part, le gameplay repose essentiellement sur des combats tactiques, quelques éléments de RPG, et de la gestion. Mais, il se distingue surtout via la manière dont il les amène au joueur, car il exclue de pouvoir jouer les archétypes du bon samaritain ou du sombre connard sans sévèrement morfler.
Eh oui, à force de jouer en mode plus ou moins décérébré à moult jeux, on ressent rarement de l’empathie en tuant sauvagement un petit tas de pixels – aussi bien modélisé soit-ils, tout en volant et pillant absolument tout ce que l’on croise. Et lorsque l’on regarde dans la lorgnette du RPG, l’élément principal permettant de distinguer ce genre est les choix que le joueur sera amené à prendre. Mais, finalement, peu de jeux de rôle dépassent rarement le stade anal du manichéisme, ou se bornent tout simplement à donner l’illusion du choix. Dans The Banner Saga, tout n’est que choix, et les conséquences peuvent tout autant être immédiates que s’étaler sur le long terme, ou bien encore pouvant potentiellement avoir des conséquences qui en cachent d’autres – ouais, comme les trains. La somme de ces choix et conséquences font que, outre le fait de proposer une rejouabilité sympathique, l’ensemble des personnages que l’on croise sont mémorables.
Mais, pour commencer par le commencement, nous démarrons l’aventure en ayant la possibilité d’importer notre sauvegarde du premier opus. Vous vous retrouverez donc – attention spoil sur la fin du premier – soit avec Rook, soit avec sa fille Alette. Pour ma part, je suis resté fidèle à la personnalité initiales des personnages et j’ai sacrifié Rook. Ce dernier était pourtant le meneur de toute une troupe réunie sous la bannière d’une loutre stylisée. Me voilà donc à commencer avec la frêle Alette, à qui j’avais d’ailleurs fait attention à ce qu’elle ne tue absolument personne, afin de conserver une certaine innocence dans un monde brutal. Mon héroïne était bien évidemment accompagnée par tous les héros qui ont survécu à la première aventure. L’ensemble de mes choix a été conservé, tout comme les niveaux des personnages, leurs objets, et leurs caractéristiques. Sachez tout de même qu’il est possible de débuter l’aventure sans importation de sauvegarde, et l’on commencera simplement en choisissant notre héros de départ, avec un ensemble de choix par défaut.
Quoi qu’il en soit, le personnage avec qui l’on partira aura une forte incidence sur le déroulement de l’histoire en tant que meneur, et sur toutes les relations avec autrui. Rook est quelqu’un de mature, d’affirmé, qui a su puiser dans ses ressources internes pour devenir ce que personne ne voulait être : un leader. Il est malgré tout rongé par la perte de sa fille. Si vous commencez avec cette dernière, Alette, elle est d’un naturel plutôt effacé ; une jeune femme dans un milieu très froid et viril, sans le repère incarné par son paternel, et où sa légitimité à être une meneuse sera régulièrement contestée. Dans les dialogues, les différences qui transparaissent sont que Rook va devoir louvoyer pour obtenir ce qu’il veut, tandis qu’Alette devra faire avec une certaine condescendance. Dans les deux cas, ils devront tout de même aller contre leur nature afin d’avancer tant bien que mal.
Après avoir axé le premier opus sur un voyage en direction de la capitale des Varls suite à une invasion de Dredges, ce deuxième épisode propose, après avoir détruit le leader des Dredges, un exode vers la capitale des Hommes afin de fuir une autre menace qui se profile à l’horizon, sous la houlette des Menders, ces mages aux pouvoirs parfois immenses. Une sombre obscurité menace en effet l’ensemble du monde, et tout cela sans compter sur le serpent géant, ainsi que sur l’exil d’une autre race. Cette dernière est celle des centaures, une peuplade relativement belliqueuse ayant coutume de se déplacer en troupeau, et de se foutre joyeusement sur la tronche dès qu’ils croisent la route d’un autre troupeau. En intégrant cette nouvelle race sous notre bannière, nous nous retrouvons alors avec un ensemble assez hétérogène, amenant ainsi de nouvelles complications dans notre lourde tâche de leader.
En ce qui concerne le gameplay en lui-même, il y a peu de changements. La phase de contemplation – de voyage – fourmille de choix à effectuer, et l’on devra gérer au mieux la quantité de nourriture nécessaire aux longs trajets ; un membre du clan consommera moins de nourriture qu’un guerrier, ces derniers consommant également moins qu’un Varl. Recruter en route de nouvelles personnes, ou transformer des membres de clan en guerriers n’est donc pas un acte à prendre à la légère, puisque votre stock de nourriture pourra alors fondre comme neige au soleil. C’est donc un équilibre à maintenir constamment afin de ne pas avoir un clan faible, ou une troupe affamée.
La seule différence sur ce second opus est que les membres du clan peuvent dorénavant aller récupérer de la bouffe sur le trajet pour toute la troupe. Cela pourrait fondamentalement être une bonne idée, mais cela fait grandement diminuer la tension que l’on peut ressentir, d’être toujours sur le fil d’une bouffe disponible en quantité très limitée. De tout mon run, je n’ai été réellement à court qu’une seule fois, pendant un jour ; en somme, c’était clairement anecdotique. Quant aux combats tactiques, on voit apparaître des obstacles destructibles ; s’ils ne sont pas détruits, ils bloqueront le passage ou pourront servir pour se mettre à couvert. Voilà donc ici l’essentiel des modifications du gameplay. Si vous souhaitez un topo plus détaillé, je vous invite à (re)lire la critique du premier opus par ici !
Mais alors, chère loutre, nous sommes donc en présence d’une suite quasi parfaite ? Eh bien… presque. Presque, car comme dans beaucoup de trilogies, le deuxième épisode est souvent un peu bâtard. Un entre-deux qui rebondit sur le commencement, mais dont la fin nous laisse le cul entre deux chaises. Là où le premier opus se vit comme une histoire à part entière, avec un début, un développement, et une conclusion, The Banner Saga 2 se termine par plusieurs cliffhanger qui m’ont clairement laissé sur ma faim. J’ai eu l’impression de vivre une demi-aventure tellement il y a de questions qui restent en suspens. Ce qui m’inquiète, c’est que nous avons dû attendre un an et demi pour avoir ce second opus, et dans l’hypothèse qu’il faudra attendre autant de temps pour en voir la conclusion génère chez moi pas mal de frustration. A noter que la traduction n’a pas encore été implémentée mais qu’elle est bien prévue. Pour les anglophobes ou les novices, le niveau d’anglais requis est toujours aussi relevé ; j’ai souvent joué avec le dico sur les genoux !
Toujours aussi immersif, et bien que j’avais quelques doutes sur sa capacité à me faire replonger dans cet univers, ces derniers ont volé en éclats devant ce petit bijou vidéoludique. Même s’il est plus simple que son aîné, The Banner Saga 2 a littéralement enfoncé mes barrières empathiques. Le seul gros reproche que j’ai à lui faire serait qu’il laisse le vilain goût d’une œuvre incomplète. Espérons simplement que Stoic réduise l’intervalle nécessaire à la conclusion de cette aventure qui a tout du conte épique !
A propos de l'auteur : Toupilitou
2 Commentaires sur “The Banner Saga 2”
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J’ai qu’une chose a dire craquage go m’acheter le premier Tu me donnes toujours autant envie de jouer en te lisant Mon portefeuille te dis pas merci mais bon en même temps on s’en fout !!
Tu diras à ta banquière que c’est de la faute d’une loutre ; en général, ils sont compréhensifs avec cet argument.
… Quoi ? Non ?! :P