La chronique à Papy #2
Après s’être pété les rotules sur un puzzle-platformer avec Deadcore, Picq nous revient pour une nouvelle session. Mais, cette fois-ci, fini les acrobaties parkinsonienne de papy ! Je dois tout de même avouer que je lui ai refourgué, non sans une certaine malice (… c’est une constante chez les loutres), le resmaster d’un point’n click : Grim Fandango. Bien qu’il n’y ait plus du tout de galipettes à effectuer pour avancer, ce jeu nécessite malgré tout une certaine souplesse mentale, puisqu’il faudra aller d’énigmes tordues en énigmes tordues pour le terminer…
… Faut-il que ma petite loutre me croit si vieux, qu’il me donne à faire la critique d’un jeu où je vais passer tout mon temps avec un sac d’os, à travers le bien dénommé Manny, un squelette qui va vous emmener dans un univers improbable ? Mais alors, accrochez vous les loulous ! Il vous faudra sans doute prendre des substances illicites pour trouver la solution à ses énigmes, beaucoup trop tordues à mon sens !
Manny, agent de voyage dans le pays des morts
Notre personnage doit trouver assez de clients pour pouvoir à son tour se payer le voyage dans le neuvième monde, en quatre minutes au lieu de quatre longues années. Il va vous falloir parcourir des kilomètres et des kilomètres avant d’enfin trouver les clés ! Parfois, et c’est là où le bât blesse, la maniabilité est improbable. On nage dans l’imprécision la plus totale, alors que les point’n click vous obligent à planter votre curseur juste là où il faut. Parkinson s’abstenir !
Et le jeu est d’un lent ! Les déplacements de votre personnage sont interminables, parfois même en courant, surtout lorsque vous refaites inlassablement le même trajet afin de trouver une solution. Cela peut s’avérer très rébarbatif pour les impatients… L’inventaire de la veste de Manny ressemble a s’y méprendre au sac de Mimi Mathy ange gardien ! Ouvrez votre veste, et vous y trouverez une faux, un extincteur, un os, une clé, un ballon, etc… En fait, tout ce que vous aurez pu mettre dedans. L’aspect visuel de ce dernier a par contre été plus que bâclé.
Quant aux dialogues, alors là, nous sommes dans le comique décalé, même si vous ne vous tordrez pas de rire à vous oublier dans votre pantalon. Vous aurez bien souvent un franc sourire, surtout si vous êtes curieux lors des différentes associations d’objets pour parvenir à vos fins. Le dialoguiste s’en est clairement donné à cœur joie ! Pour peu que vous accrochiez à cet univers, cliquez, cliquez partout, et découvrez un maximum d’associations pour de bons moments d’humour. Non-fumeurs s’abstenir ; Manny aura l’habitude, lorsque vous êtes trop long à réfléchir, de s’en griller une. Il faut dire qu’à part jaunir ses os, il ne se fera pas grand mal aux poumons ! Au passage, l’ambiance sonore est elle aussi très agréable.
L’œuvre est finalement comme un livre ; elle comporte plusieurs chapitres. Je trouve ce découpage formidable, puisque l’univers et l’ambiance y est tout autre d’une section à une autre. Par exemple, dans le chapitre deux, nous entrons dans les années 50, avec l’univers feutrée d’un Casino dont Manny est le proprio ! Petit aspect technique sur Mac, puisque c’est la version que j’ai testé. Un petit Control + Tab vous bascule directement sur la version originale. Cela vous montre la refonte graphique effectuée sur la version remastérisée, et l’on ne pourra que constater que le lifting est très léger !
Grim Fandango, «ça sert d’os», diront certains…
La sauvegarde c’est comme les antibiotiques, ce n’est pas automatique ! Donc, je vous conseille vivement de faire des sauvegardes régulièrement, et même très régulièrement, car le jeu n’est pas exempt de crashs, bien qu’ils soient peu fréquents. Mais avouez que se retaper deux heures de jeu parce qu’on a oublié de sauvegarder, c’est pour le moins rébarbatif ; j’ai horreur de refaire la même chose plusieurs fois ! Qui a dit au fond de la salle que, vu mon âge, mon temps était compté ?!
Si je m’attarde sur la différence entre la version originale et la version remastérisée, sur le plan purement graphique, je dirais que c’est davantage un lissage graphique qu’une refonte de la matrice originale. L’ambiance restant la même, l’univers lissé n’apporte rien de plus, si ce n’est un léger confort visuel qui, en 1990, était déjà bien suffisant. L’intérêt du jeu se trouve en effet davantage dans son déroulement et son ambiance que par sa qualité graphique. Mais si le but de la remasterisation a pour seul objectif de faire découvrir un titre incontournable de son époque, alors là, oui l’objectif est atteint !
Donner à ce chef d’œuvre la possibilité de tourner sur des machines récentes, voilà une bien noble action, d’autant que cela reste très accessible sur le plan financier (ndlr : surtout quand c’est la loutre qui paye, hein ?!). Mais franchement, avouez que c’est tout de même une remasterisation de grosses feignasses ! Imaginez un peu une refonte totale des décors, un personnage plus fluide se déplaçant dans toutes les directions, une possibilité de zoom, un inventaire repensé, etc… Enfin on aurait pu faire, d’un seul coup, d’un titre culte un chef d’œuvre ! Franchement cela valait le coup, et je hais la facilité qui gâche une occasion pareille !
Voilà en résumé un jeu qui, pour quelques euros (… pas trop quand même) mérite d’être revisité pour ceux qui ne l’ont pas fini, et découvert pour ceux qui ne le connaissent pas ! Mais n’oubliez pas, impatients s’abstenir ; vous n’allez pas finir Grim Fadango en une journée. Quoi qu’il en soit, je trouve que cette mode de faire du neuf avec du vieux en utilisant trois bouts de ficelle, ce n’est ni plus ni moins que du travail de saligot !
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