L.A. Noire
Dans la série des jeux atypiques, je demande LA Noire. Rares sont les jeux qui arrivent à m’accrocher à ce point-là, tant au niveau de l’histoire que du gameplay. Et autant le dire tout de suite, je l’ai relancé quelques années après ma première partie, et le plaisir était toujours intact. Loin d’un jeu action – aventure dont pourrait se parer GTA, L.A. Noire se dévoile davantage comme un film interactif. Alors, bien foutu ou pas ? C’est ce que nous allons voir ensemble. C’est parti !
Nous incarnons ici Cole Phelbs, un ancien officier marines revenu de la guerre, dans le Los Angeles des années 40. Il s’est fait embaucher dans la police et intègre une équipe de patrouilleur de la LAPD. Enfin, incarner est peut-être un bien grand mot, puisque pour l’essentiel, nous ne ferons que vivre ses péripéties ; qu’une enquête soit réussie ou pas, que la bonne personne soit inculpée ou pas, la trame scénaristique filera tout droit pour amener le joueur là il doit être. Le didacticiel vous met directement dans la situation qui va vous permettre de rentrer un cran au-dessus au sein de l’institution policière, à savoir le service des affaires de circulation. Bien que ce service soit au bas de l’échelle dans la hiérarchie policière, il s’agit tout de même du premier échelon lui permettant de s’occuper d’affaires plus prestigieuses et intéressantes ; celles qui font les gros titres de la presse.
Mais, comme le dit si bien la voix-off en introduction, il y a toujours une affaire qui vous permet de sortir du lot, mais il y a également toujours celle qui vous fait chuter. A travers des séries de flashbacks, nous pourrons suivre en parallèle plusieurs histoires ; celle de Cole et des autres élèves officiers, de leur engagement jusqu’à la fin de la guerre, et celles liées aux gros titres de la presse. Et notre nouvel enquêteur est du genre très propret ; une petite maison standard, et une femme avec laquelle il semble filer l’amour parfait, droit dans ses bottes et loyal ; le modèle type du premier de la classe un brin moralisateur, bourré de principes, qui s’avère être un collègue irritant, pas forcément tendre avec les victimes, mais sans pour autant être dénué de relief.
Tout cela amène finalement un degré de distance avec Phelbs qui n’est pas forcément malvenu ; la narration fait que, à travers par exemple des cutscenes glissées dans des journaux, le joueur en sait finalement davantage que son avatar. Largement inspiré du film L.A. Condifential datant de 1997, L.A. Noire nous livre un objet vidéo-ludique sortant des normes habituelles de gameplay, dans la veine des polars très noirs. Et en tant qu’enquêteur dans la police, vous serez exposé aux aspects les plus sombres de la nature humaine ; corruption, conspiration, trahison, meurtres… Faites votre choix !
Bien qu’étant un open-world se déroulant dans une ville relativement vaste, il n’est clairement pas un GTA-like ; l’intérêt de l’exploration est moindre, l’univers est moins animé et vivant, les interactions moins nombreuses, et la liberté amoindrie dans le sens où vous êtes du côté des gentils qui font des trucs de gentils. Mais l’important finalement se trouve au niveau de l’ambiance et de la narration. Car dès la première enquête, on est complètement dedans ! Une petite cinématique nous livre les circonstances approximatives du crime, puis le boss nous dit d’aller enquêter avec notre collègue, l’endroit est alors inspecté, pour ensuite diriger l’affaire vers une ou plusieurs personnes et lieux, et enfin arriver à la conclusion de l’affaire.
Lorsque vous arrivez sur le lieu de l’affaire, s’il s’agit d’un meurtre, tant que vos collègues patrouilleurs sécurisent la scène, le légiste vous attendra pour vous faire un debrief sur les causes probables de la mort. Puis, vous commencez à inspecter l’endroit afin de récolter des indices et des preuves. A vous de manipuler le cadavre pour trouver un portefeuille pouvant révéler l’identité, ou bien des objets ou documents importants. Puis vient le moment où vous passez la zone au peigne fin. Vos collègues ayant déjà repéré la zone et les indices, vous examinez le tout en notant les faits sur votre petit carnet, sur lequel vous pouvez revenir à tout moment.
Bien évidemment, tous les objets trouvés ne seront pas utiles, mais notre enquêteur s’en rendra vite compte et vous le signalera en parlant pour lui-même à haute voix. Dès que vous passerez à côté d’un indice non-découvert, important ou non, une succession de notes claires vous le signalera, tandis que la musique se fera plus discrète. Et une fois tous les indices trouvés, la musique s’arrête. Alors, certes, dit comme ça, notre progression semble guidée au possible. Mais, sachez que tous ces indicateurs peuvent être désactivés à l’envie. Ne cherchez pas pour autant de la difficulté à ce niveau-là ; tout ceci n’est qu’une étape nécessaire pour vous mettre dans le bain.
Une fois tous les indices examinés, une liste de suspects potentiels se dévoile, et nous n’avons alors plus qu’à les rencontrer / aller chercher / arrêter, afin de mener un interrogatoire. Et là, nous avons entre les mains la partie du gameplay qui transforme L.A. Noire en pépite vidéo-ludique. En fonction des indices trouvés, vous aurez des questions à soumettre à vos interlocuteurs. Votre suspect, pourra être sincère, évasif, ou tout simplement mentir de manière plus ou moins subtile. Face à cela, vous pourrez adopter trois types de posture : considérer qu’il vous dit la vérité, ou bien qu’il vous ment en lui mettant sous le nez la preuve le contredisant, ou mettre sa parole en doute car vous n’y croyez pas mais vous n’avez pas de preuve pour rattacher vos doutes.
A noter qu’on aura la possibilité de faire appel à l’intuition, glanée au fil de l’avancement des enquêtes, pour nous aider, et qui supprimera alors une mauvaise réponse et plusieurs indices à exploiter. Afin de rendre l’ensemble cohérent et réaliste, tous les visages sont d’un niveau de détail exceptionnel ; un regard nerveux, un mouvement des lèvres, un froncement de sourcil, un rictus, etc… A vous d’interpréter tous ces éléments en vous basant davantage sur votre instinct que sur la logique, afin de faire éclater au grand jour la vérité, ou simplement l’enterrer à cause de votre naïveté.
Encore que, je suis peut être mal placé pour parler de naïveté, car certains personnages sont de véritables machines à mentir, et trouver le bon levier de pression ne sera pas tâche aisée. Et c’est précisément cela qui est bluffant ; ces scènes d’interrogatoires sont foutrement réalistes, grâce au Motion Scan, et ne tombent jamais dans la caricature. Il y a quelques années, j’avais fait mon premier run sur ce jeu, et voilà qu’au moment de la rédaction de ce test, je l’ai relancé, ai oublié les bonnes ou mauvaises répliques, pour finir par retomber exactement dans les mêmes pièges.
En cela, trouver et deviner, pour chaque affaire, tous les tenants et aboutissants, peut prolonger une durée de vie déjà plus qu’honnête pour un jeu de ce genre, même si, il faut avouer, on en aurait aimé encore davantage tellement le plaisir de naviguer dans ces eaux troubles d’après-guerre est là. Malgré tout, chaque enquête sera, quoi qu’il en soit, menée à son terme afin de satisfaire les exigences du scénario, même si vous vous plantez dans les grandes largeurs. Mais, on y revient forcément plus tard, car vous n’aurez qu’envie de rejouer l’affaire pour faire craquer le salopard qui vous aura menti comme un effronté – et occasionné une soufflante par votre boss du moment.
A côté de ces enquêtes, vous restez malgré tout un flic, et ne serez dans la peau de Phelbs uniquement pendant ses horaires de travail. Nous avons donc à notre disposition tout le kit d’action du « good cop » ; stopper un cambriolage, appréhender des petits malfrats à travers des courses poursuites à pied ou en voiture. Alors certes, l’éditeur est Rockstar, mais ce jeu n’est pas GTA. Cet aspect du jeu est clairement un habillage permettant d’amener du rythme à des enquêtes ayant un déroulement relativement lent, mais il est vraiment dispensable car trop assisté et donc peu intéressant.
Il en va de même avec les gunfights, où l’IA fait le strict minimum. Encore une fois, l’intérêt de ce jeu très « film interactif » n’est vraiment pas à chercher dans cette partie du gameplay. Je vous disais tout à l’heure que l’exploration était également négligeable ; pour ma part, j’ai même pris le pli de ne faire conduire les véhicules que par mon coéquipier, ne touchant quasiment jamais au volant. Et pour cet aspect-là, encore une fois, cela ne gâche pas du tout le plaisir de jeu.
Après tout, plus on avance dans le jeu, plus on est immergé dans le véritable Los Angeles d’après-guerre, avec l’image préfabriquée des héros de guerre, des traumatismes mentaux consécutifs, et leur traitement. Mais également dans le fonctionnement même de la Police ; les résultats d’une enquête sont plus importants que la vérité en elle-même. J’ai en mémoire notamment une enquête laissant deux opportunités d’inculpation, tout en ayant notre boss qui nous glisse plus ou moins subtilement la « bonne » personne à arrêter. Je m’y suis laissé prendre à deux fois ! Et même à d’autres moments, vous saurez que vous n’avez pas inculpé la bonne personne, mais vous ne pourrez rien y changer, devrez vivre avec, et avancer.
N’aimant pas particulièrement les vieux polars, j’avais dans un premier temps regardé L.A. Noire d’un œil méfiant, restant sur des aprioris en le rabaissant à un GTA du pauvre. Bien mal m’en prit puisque j’ai été définitivement et instantanément happé par l’ambiance et l’atmosphère globale qui se dégage du titre, ainsi que par la qualité d’écriture, l’angle de la narration, et tout l’habillage sonore jazzy. Enfin, les scènes d’interrogatoires ont atteint un niveau que je n’ai pas encore recroisé dans un autre jeu. Une expérience à vivre au moins dans sa vie de gamer !
A propos de l'auteur : Toupilitou
Un commentaire sur “L.A. Noire”
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Un peu déçu de ce jeu pour ma part.
Oh, en tant que « jeu d’action aventure », il m’a fait passer un bon moment. Un GTA like mais avec une ambiance de ouf, et des interrogatoires marrants… marrants 5 mn.
En fait, ma grosse déception, c’est que ça sent le baclé. J’attendais un jeu d’enquête, j’ai eu un jeu casual. On ne cherche pas d’indices : on doit cliquer sur les indices. La bonne idée, ça restait quand même de regarder les traits du suspect lors des interrogatoires et les confronter à des preuves. Mais ça a été fait de manière répétitive, c’en devenait lassant.
Bref un bon jeu mais loin de mes attentes. Je suis toujours en recherche du graal du jeu d’enquête, vu que le dernier Sherlock Holmes m’a également laissé sur ma faim. Bon, je retourne à Maupiti Island faute de mieux !