Journal de bord – Mordheim : City Of The Damned
J’avais fait la critique il y a peu de temps de Mordheim : City Of The Damned, un jeu se déroulant dans l’univers de Warhammer, développé par Rogue Factor et édité par Focus. Je suis littéralement tombé sous le charme de cet objet du Chaos, et cela m’a inspiré un petit récit roleplay, saupoudré d’une pincée de narrativium, qui pourra, je l’espère, vous donner un aperçu des différentes facettes de cet excellent tactical RPG. Vous pourrez suivre ci-dessous les pérégrinations d’un groupuscule du Culte des Possédés, mené par une démone adoratrice des dieux du Chaos, Loutrone de son petit nom. Mandatée par le Seigneur des Ombres, elle a la lourde tâche de faire main basse sur les Malepierres éparpillées dans la ville de Mordheim, et de porter haut et fort la voix du Chaos.
Attention : Ce récit comporte des spoilers sur la première moitié du premier acte (sur deux) de la campagne des Possédés. Fermez vite cette fenêtre si vous ne souhaitez pas prendre connaissance de ces éléments, bien que cela ne nuira en rien votre expérience sur ce jeu !
1 Pflugzeit 2000
L’Empereur Noir a été formel. C’est ma dernière chance de me rattraper ! Déjà deux échecs. Deux groupes réduits à l’état de charpie par ces garces de Soeurs de Sigmar. Me voilà donc avec mes maigres possessions : 300 couronnes d’or, et le magister du nom d’Urient que j’ai réussi à récupérer tant bien que mal de la précédente expédition. Même s’il n’a pas perdu ce qui fait la caractéristique principale de ces hommes-là, à savoir une soif inextinguible de pouvoir, il s’est retrouvé amnésique suite à un vilain coup sur la caboche. A peine sait-il encore lancer correctement un sort. Soit. Il n’en sera que plus malléable !
Première tâche : recruter au plus vite un mutant au rabais ainsi que trois larbins, les équiper, et les envoyer en maraude. Le temps presse si je veux ne serait-ce que rester en vie. Mais, cette fois-ci, il ne faut surtout pas que je grille les étapes : endurcir mes larbins, développer le groupe, et payer à temps ma dîme de Malepierres auprès du Seigneur des Ombres. C’est seulement ensuite que la mort, le désespoir, et la folie frapperont, aussi délicieusement qu’une liqueur de Tzeentch peut l’être. Je l’ai toujours affirmé : après le jour viendra toujours la nuit, les ténèbres éclipseront toujours la lumière, et le Chaos, ce magnifique Chaos, régnera à nouveau en maître !
Urient a fait du bon boulot. Il a trouvé Melius, un mutant sans mutation ne demandant qu’à muter ; il ne saura que trop trouver son bonheur à Mordheim au contact des Malepierres ! Il a également réussi à dénicher deux damnés, Magran et Faust ; des démons ont récemment quitté leur corps, et ils sont encore en état de choc. Il a su canaliser avec brio leur rage et leur folie, tout en leur fournissant les masques, armes et armures qui vont bien. Pour les accompagner, bien qu’il soit légèrement mutique, un initié du nom de Stian est prêt à mettre son arc au service du Chaos – je ne vais pas m’en plaindre tant qu’il fait son office… En attendant, je leur ai tous mis la pression, et ils ont obligation de résultat. Le chaos et des pierres magiques, ou une mort lente et douloureuse…
1 Sigmarzeit 2000
Cela faisait un mois que ma petite équipe ne ramassait que des Malepierres tout en semant la discorde dans les maraudes de ces saletés de Mercenaire de l’Empire, de ces nuisibles de Skavens, et de ces adoratrices du Sacré. Ma fine équipe s’est depuis vue étoffée par un maraudeur, Bjornstyrr, ainsi qu’un autre damné, Gereon. Et enfin ! Le Seigneur des Ombres, reconnaissant mon savoir-faire, a fini par me parler pendant mes rêves, à travers des visions. Il faisait enfin état de sa volonté : tous les esclaves de l’Empire ne font qu’être en adoration devant des idoles ridicules, afin de mendier des avantages auprès de divinités méprisables. Il convenait de détruire tous ces symboles, voire mieux : les corrompre !
Quoi de plus symbolique que cet affreux temple de Sigmar, trônant fièrement en périphérie de Mordheim ? Afin de garantir la réussite de cette mission, j’ai donc mis la main à la pâte en dirigeant directement le magister et son équipe. Le but de cette expédition ? Avec l’aide d’une relique impie, il nous fallait corrompre tous les symboles du sacré : les six autels du temple, ce satané marteau, et la cloche de Sigmar sise au sommet du bâtiment. De mon côté, je me chargeais du gros œuvre : corrompre les deux fontaines encerclant le temple, incendier cette hérésie que représente le livre du Deus Sigmar, tout en martelant autant que possible les cranes de ces garces.
J’ai donc répartis tout ce beau monde en deux groupes : le mien arrivant par l’arrière-cour, tandis que l’autre faisait diversion en attaquant frontalement le temple. J’ai entamé les choses sérieuses en faisant se tordre de douleur une sœur supérieure devant quelques novices. Au bruit des ultimes craquements d’os, leur moral en avait pris un sérieux coup. Cela se lisait sur leur visage, mais je loue au moins la folie de leur bravoure, car elles se sont jetées têtes baissées sur mon bâton, sur les lames de Melius et les flèches de Stian. Nous avons même eu droit à une petite distraction, en croisant la route d’une sœur opiniâtre qui, bien que déjà aveugle, était pourvue d’un moignon en guise de bras gauche, et d’une jambe de bois. Cette nonne s’est pourtant battue comme un beau diable, emportant tout de même un damné au passage. Mais cela ne dura pas bien longtemps, et elle s’en rendit compte lorsque son unique bras se détacha de son corps.
Autant le dire immédiatement : elles n’avaient pas l’ombre d’une chance. Ce fut rapide, brutal, et délicieusement chaotique, de bout en bout de cette mission. Nous ne laissâmes que du sang, des décombres, et des vagues de désespoir. Dans mes rêves, à notre retour, je sentais le Seigneur des Ombres ronronner de plaisir. Moi-même, j’avoue avoir pris énormément de plaisir à voir s’éteindre la lueur farouche qui brillait dans les regards de toutes ces fanatiques, ne laissant finalement plus entrapercevoir que le teint terne du désespoir. Elles avaient été vaincues par la brillante profanation de leurs espérances. Le chaos est à l’œuvre, et nous sommes sur la bonne voie !
1 Sommerzeit 2000
Notre bande a grossi a vue d’œil ! Outre un initié un peu fébrile répondant au nom de Bekenel, nous avons eu le plaisir d’accueillir notre premier Possédé ! Il était ma-gni-fi-que. J’ai eu l’opportunité de l’envoyer en mission de récupération de Malepierres, et il faut dire qu’il fait son petit effet. La première rencontre s’est faite avec un groupe de ces ridicules petits Skavens ; ils étaient comme hypnotisés par la bouche sertie de dents acérées présente sur le ventre de notre nouvel ami. Ce dernier a réduit en charpie le chef du groupe, déjà tétanisé par la terreur. Le reste des rongeurs a détalé en quelques instants, nous laissant le champ libre pour récolter toutes les pierres environnantes.
Au gré des missions, les deux mutants du groupe, Melius et Bjornstyrr, ont subis leurs premières mutations. Le premier s’est vu orné d’une couronne de cornes sur le sommet du crâne, d’un gigantesque œil maléfique sur le torse, tandis que son bras a fusionné avec sa lame. Ah ! Vous le verriez parader fièrement, tel le Duc du Changement, avec son gros œil scrutant attentivement tout ce qui se présentait devant lui. Quoi qu’il en soit, avec tout cela, tout son équipement était à jeter, car il ne pouvait plus les porter. Cela a tout de même permis d’équiper la piétaille en retour. Une chose était sûre : on le sentait clairement plus sûr de lui, indéniablement. Et cette nouvelle confiance me sera utile…
Le second a été quelque peu perturbé dans un premier temps ; il s’est réveillé un matin avec le visage complètement lisse, ne laissant plus paraître que sa vilaine bouche. Ses yeux et son nez avaient totalement disparus de sa tête, comme fondus dans un masque de cire immuable. Par une joyeuse farce du destin, après quelques missions, il se retrouva avec une myriade d’yeux sur tout le corps, autant criblé sur le dos que le torse. Lui aussi a également dû renoncer à son armure pour les mêmes raisons évidentes que son comparse. A eux de se débrouiller pour éviter les coups ! Enfin, à côté de cela, mon beau Possédé s’est vu doté de pattes griffues, le rendant plus agile et rapide, et son bras s’est transformé en une énorme pince. Aaaaah… Sentez-vous cette odeur qui flotte dans les airs ? Ce n’est que la peur qui a changé de camp, et son parfum est exquis. A moins que cela ne provienne des morceaux de la sœur ramenée récemment. J’ai comme un doute…
1 Vorgehein 2000
J’ai eu une autre vision ! J’y voyais un autre symbole sacré : la détestable épée sainte Griffon. Notre maître est satisfait de la tournure des derniers événements, et il m’invite à continuer dans cette voie. Après avoir mis à mal les folles de Sigmar, il était temps de s’attaquer à un autre gros morceau : les mercenaires de l’Empire. Ces derniers conservaient le relique dans un de leurs baraquements. Il était certes solidement gardé, mais il suffisait simplement de procéder avec méthode. Ce bâtiment était gardé par de nombreux sous-fifres plus ou moins bien armés, mais il y avait surtout une énorme brute : un Ogre. Cela tombe bien, puisque le sang d’une de ces créatures, grâce à un rituel effectué sur un autel de Khorne opportunément dissimulé dans la zone, pourrait me permettre de manipuler sans risques l’épée sainte, et ainsi de la subtiliser.
J’aurais beau eu faire de tout ce que je voulais, impossible de ne serait-ce que penser à effectuer une quelconque approche furtive ; la bouche ventrale du Possédé ruminait sans cesse dans l’attente du festin, le tout accompagné d’un joyeux et sonore claquement de pince. Tous les autres mutants, probablement à cause de l’excitation de cet instant historique, ne semblaient plus vraiment maîtriser leurs membres. Un boucan d’enfer, d’autant plus qu’il y avait toujours cette odeur obsédante qui s’échappait d’eux, mêlant sang et crasse, et qui imprégnait la zone alentour. Non, j’avais définitivement fait une croix sur l’approche furtive, d’autant que tous au baraquement étaient en alerte.
Toute la troupe rentra dans la cour sous une pluie de flèches et de poudre ; quelques dommages légers, mais rien que l’adrénaline du moment ne pouvait stopper. Tout le monde se mit à l’abri dans l’écurie, mais c’était sans compter sur l’ogre, qui déboula tel une furie. Armé de son énorme marteau, il tassa en deux coups bien placés les vertèbres de Gereon, dans un bruit sourd de métal brisant des os. Fort heureusement, nous avions réagis prestement, l’encerclant avec les membres de l’équipe les plus puissants, et le frappant sans relâche afin de ne pas lui laisser le temps de la riposte. Tandis que je prélevais le sang de la brute, tous infiltrèrent la bâtisse par l’entrée de l’écurie, manœuvrant des leviers pour ouvrir les lourdes grilles.
Le groupe se sépara alors en deux : l’un infiltrant les sous-sols afin de récupérer des éléments utiles pour le rituel, tandis que je prenais la tête d’un autre pour retrouver la relique dans les étages supérieurs. De mon côté, pas de soucis majeurs. Je trouvais l’épée sainte, rompais le charme ridicule qui la protégeait, et m’en emparais. Pourtant, j’entendais des bruits peu engageants en provenance du sous-sol, car cela ressemblait à leurs râles d’agonie. J’envoyais ceux qui m’entouraient en renfort, et ils revinrent quelques temps plus tard avec les éléments nécessaires au rituel. J’apprenais qu’ils avaient eu à faire, outre quelques mercenaires, avec des Sanguinaires, des démons mineurs de Khorne, de féroces adversaires s’il en est !
Les mercenaires avaient beau continuer d’affluer, nous avons continué notre chemin, déterminés que nous étions. L’autel était dissimulé sur le toit, et j’ai procédé au rituel ; j’ai déposé l’épée sur ce dernier, versé le sang de l’ogre afin qu’elle baigne dedans, puis procédé aux incantations. Ah… Si vous aviez pu être là ! L’atmosphère avait littéralement changé, la zone s’imprégnait de la noirceur et de la cruauté de Khorne. Alors que je montrais aux yeux de tous, à la lumière de la lune, le résultat de cette nouvelle profanation, j’aperçus au loin tous les mercenaires s’enfuyant la queue entre les jambes, poursuivis par ma bande, plus requinquée que jamais…
1 Nachegeheim 2000
Désopilant. Nous venons tout juste d’amputer le bras de Bekenel. Sa blessure, qu’il avait reçu suite à sa rencontre avec le Sanguinaire lors de la dernière mission, a eu quelques étonnantes réactions. Nous avions pensé de prime abord à une mutation inattendue, mais, l’odeur putrescente que cela laissait dans notre quartier général, espace confiné s’il en est, rendait nerveux tous les mutants à la ronde. J’ai donc tranché, au propre, comme au figuré. C’était assez cocasse de le voir essayer de manipuler son arc, mais il y mettait tellement de cœur à l’ouvrage qu’on n’allait pas le contrarier.
L’autre initié a mis fin à ce triste spectacle en rajoutant une énorme pique au bout de son moignon. Armé d’une épée avec son bras valide, tandis qu’il testait ses nouvelles possibilités d’attaque, il donnait ainsi une image absolument effrayante. Le Chaos lui avait trouvé une nouvelle vocation ! Il allait d’ailleurs pouvoir la mettre à l’épreuve sous peu, puisque j’ai été bénie d’une nouvelle vision… Une sombre histoire de brochettes de ratons. Mais cela, ce sont de futures péripéties à écrire en lettres de sang…
Même si les objectifs de ces deux missions des Possédés resteront les mêmes, il va de soi que les tournures des événements prendront probablement une toute autre direction avec votre équipe. La progression dans la dernière des missions peut d’ailleurs se faire par un tout autre chemin, et les ennemis réagiront alors différemment. Vous allez certes rager de frustration en jouant à Mordheim : City Of The Damned, mais je peux vous assurer que vous allez aussi prendre un plaisir énorme, en vous attachant à vos clampins, en les faisant évoluer, en les voyant se transformer… Non, vraiment, ce jeu est mon gros coup de cœur du moment !
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