Guacamelee

Dans la famille Drinkbox, je demande le plus social, le plus répandu et le plus connu. En effet, Guacamelee est surement le jeu dont vous avez entendu parler en bien en tant que jeu de plateforme / beat’em up / Metroid-Vania des plus corrects. Mais, il ne fait pas que cela ; il est aussi très coloré, propose un univers décalé et assez amusant qui saura vous faire sourire, mais pas plus. Pourquoi pas plus ? Parce que malgré son succès compréhensible, le titre n’est pas le meilleur du micro-studio canadien. Peut-être est-il temps de s’en rendre compte en prenant du recul, et en minimisant ses qualités qui n’ont pas grand chose à voir avec du génie, malheureusement.

 

Alors là, je suis sensé écrire mexicain pour faire une vanne vaseuse

J’aime bien les tapas. J’aime bien le chili con carne, et globalement je n’ai rien contre l’accent mexicain. Donc, l’univers de Guacamelee avec tous ses stéréotypes m’a fait sourire. En effet, c’est plutôt bien fichu et second degré. Cela tombe plutôt bien parce que j’ai tendance à penser qu’un jeu qui se prend grave au sérieux avec des dialogues « travaillés » et une trame « profonde » (… ce que 95% des jeux qui le prétendent n’ont absolument pas) sont juste des jeux surfant sur une tendance déprimante datant de la septième génération. Guacamelee, lui, il s’en tape avec son humour discutable et ses trois blagues sur dix qui font mouche (… un ratio convenable ma foi), ainsi qu’avec son design caricatural au possible.

Son scénario est un remake de Super Mario Bros (comme Super Meat Boy, Braid, Tomb Raider, Two Worlds, et j’en passe), et ne se prend pas du tout au sérieux. Vous devez sauver la fille d‘El Presidente des griffes du méchant maître du royaume des morts, Carlos (sérieusement ? Ok.), qui vous a tué. Mais, comme vous êtes l’Être Élu, vous trouvez un masque dans le royaume des morts qui vous transforment en puissant Luchador.

Normalement, quand vous lisez ce pitch, vous êtes déjà en train de vous cogner la tête contre le clavier. Ne le faites pas malheureux ; c’est plutôt une bonne chose que Guacamelee assume sa débilité et son côté Z jusqu’au bout, parce qu’en réalité, c’est son seul gimmick personnel. Cet univers un peu con-con et cliché lui offre une identité qui, même si elle reste limitée, permet au titre de se différencier un peu de la masse d’indépendants qui sortent chaque mois. C’est d’ailleurs ce qui lui a permis de percer. Ça, et les multiples références geeks disséminés dans des panneaux des villes devant lesquels vous repasserez à chaque aller-retour. Et croyez moi, il y en a des allers-retours, autant que les problèmes qui sabotent quelque peu le potentiel pourtant bien réel du titre. Expliquons tout cela.

 

Euh… El luchador està muy puissante ? Non, en fait, je déteste cette langue…

Premier bon point, le titre est intuitif, tout en répondant au doigt et à l’œil sur tous les supports. Soupir de soulagement ? Oui et non, parce que cela veut dire que, contrairement à Mutant Blob Attack, tout le monde peut en profiter sur un pied d’égalité, mais le jeu ne propose que peu de choses sur la PS Vita, ce qui est tout de même dommageable car c’est son support d’origine, bien qu’il soit sorti simultanément sur Playstation 3 aussi. Mais, trêves de regrets purement personnels, le titre est bien conçu et s’avère largement jouable. Mais.

Mais, il y a un problème dans les phases de plateformes du titre. En effet, plus on avance, plus les possibilités sont nombreuses, et plus on progresse dans le jeu, et plus on a de possibilités pour se mouvoir. L’ennui c’est que les mouvements complexes nécessaires à la progression du jeu rendent les séquences fouillis, complexes, voire très très mal fichues. Un exemple ? Pour atteindre une plateforme de l’autre côté d’un précipice, vous devrez préalablement maintenir « triangle », puis appuyer sur « croix », pour ensuite après un temps de chute lever le joystick en appuyant sur « rond », pour enfin appuyer sur « R1 », pour finalement faire un double saut en appuyant une fois sur « croix », puis une nouvelle fois sur « R1 », en finissant par « croix » en appuyant au bon moment.

Vous pensez que je vous décris un combo complexe d’un jeu de combat ? Non du tout, c’est juste une des phases de jeux de Guacamelee à environ mi parcours. Ce genre de choses, même dans un jeu exigeant (… dire difficile, c’est pour les nuls) comme Ori, cela n’arrive pas, et ce même à haut-niveau. Pourquoi le jeu a t-il fait cela ? Ça me dépasse, car avec ses mécaniques riches, il aurait sans doute largement pu éviter l’écueil du matraquage de techniques, au profit d’un usage plus intelligent de plateforme plus fréquentes, et de simple gestion de timing en demandant non pas un enchaînement de choses difficile à faire, mais juste user d’une simple manipulation ? Le résultat est difficilement lisible, dur à préparer, et très frustrant lorsqu’on loupe un enchaînement et que l’on vient à tomber. Heureusement, dans son erreur, Guacamelee est bon joueur et vous fait repartir peu avant votre échec.

D’autant que ce problème s’accompagne d’un level design mention « peut mieux faire », et ça, Drinkbox en faisait déjà quelques peu les frais sur Mutant Blob Attack,. Un constat d’autant plus dommageable que le genre traité ici est globalement basé sur la maîtrise de ses niveaux. Reste que le résultat n’est pas catastrophique et reste globalement fonctionnel. Non, ce qui me frustre le plus, c’est qu’avec son système de combats plutôt réussi et ses multiples mécaniques, le titre aurait pu proposer bien plus en n’essayant pas de faire ce que Super Meat Boy faisait (épurer son gameplay), là où Guacamelee le fait en complexifiant trop la chose. Mais si vous voulez en entendre plus à ce sujet, je vous invite à regarder et à écouter la pseudo-critique de Pseudoless au sujet du titre. Ce n’est pas de la pub, c’est juste rendre le mérite à la personne qui a trouvé les mots justes.

D’autant qu’avec son univers et sa profusion de mécaniques, Guacamelee aurait pu être un peu plus long et mieux diluer son aventure qui, globalement, propose beaucoup de choses en peu de temps ; une générosité en possibilités rare qui, pour une fois, confinent au gavage. Un Metroid-like comme Ori disséminait bien mieux ses nouveautés en durant une quinzaine d’heures, et non six comme le titre de Drinkbox Studio.

Mais… malgré tous les problèmes soulignés, la sauce prend plutôt bien avec son humour efficace, son univers rigolo, une certaine variété et un soin dans la plupart de ses mécaniques. Guacamelee arrive à être plus satisfaisant que frustrant, et est un jeu tout à fait recommandable si tant est que vous n’accordez pas trop d’importance à quelques séquences un peu trop mal fichues. Son inégalité ne gâchant pas ses qualités réelles, et son esthétique léchée qui rappelle que même si cela n’est fait que par trois personnes, ça reste dans le haut du panier de la scène indépendante Et ce sera toujours plus intéressant à jouer qu’un triple A. Voilà, la phrase a été lâchée.

 

Plus discutable que leur précédent titre, par excès d’ambitions et d’envie de proposer le plus de choses possibles, Guacamelee n’est pas un échec (… loin de là) et est un jeu amusant. Ses défauts bien réels sont, cela dit, à considérer lorsqu’on voit que la presse n’a semble t-il pas jugé bon de les souligner. Si vous cherchez un metroid-like efficace, qui propose un univers peu commun et une grande variété dans sa progression, vous trouverez aisément votre bonheur dans ce titre. Cela montre une nette avancée dans les ambitions de Drinkbox Studio. Des ambitions qui se concrétiseront plus tard, mais vous aurez l’occasion d’en lire plus dans peu de temps…

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A propos de l'auteur : Marcheur

Enfant attardé de Kreia et d’Alfred de Musset. Pense que tout est narration, et répète sans cesse qu’il donne tout en dansant comme un ouf

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