Error System : The Vanishing Of Ethan Carter
Toi qui lis ce billet, attends-toi à être surpris, car si tu as regardé sur le net avant de venir de ce côté-ci, tu peux avoir un avis sur Ethan Carter qui est le suivant : c’est vachement bien, et c’est super intéressant ainsi que rafraîchissant. Partant de là, tu as donc une vision globalement très positive, comme les évaluations des joueurs sur Steam peuvent te le faire penser. Mais il s’avère que Marcheur, lui, il en a marre. Mais quand je dis marre, c’est un assez gros ras-le-bol que des choses comme Ethan Carter existent. Vois-tu, le Marcheur, il en a un peu assez d’être pris de haut par des jeux qui n’ont rien de ludique, lui présentant des histoires inspirées de bons écrivains qui sont sensés faire un bon jeu. Sauf que Ethan Carter, mon petit garçon, tu as un problème : tu n’es pas un excellent jeu, tu n’es pas un bon jeu, tu es un simulateur de marche, et comme tous les membres de ton espèce, je veux que tu disparaisses. Les branlettes pseudos intellectuelles et narratives, y en a marre. On est soit un jeu vidéo avec un game system, soit un benchmark avec un scénario.
Vous n’êtes pas le public pour ce « jeu «
Oui, toi, lecteur, je l’espère que si tu apprécies des jeux vidéos comme Mario, Sonic, Doom, Deus Ex, ou tout simplement des bons jeux, tu n’es pas friand des « expériences narratives » , parce que ces dernières, c’est avant tout l’histoire de game designer n’ayant pas de talent qui essayent de se faire passer pour des lumières. Ouais, ils vont éclairer ton jugement et enrichir ton esprit. La vérité, c’est que ces gens, ils font des environnements virtuels très jolis afin que le joueur PC qui a claqué beaucoup d’argent dans sa tour puisse se dire : « Ah bah voilà, elle est enfin exploitée ! » . En effet, Ethan Carter est magnifique. C’est un très beau diaporama de jolies images de cartes postales, que l’on observe avec une fascination pour le gâchis. Oui, parce que si on a le talent et l’imagination nécessaire pour perdre son temps à faire de si belles écorces aux arbres, on pourrait utiliser ses ressources et sa culture personnelle afin de faire, je sais pas moi, un jeu vidéo ? Ah oui, parce que cela reste encore le sujet : faire un jeu vidéo.
Parce que faire une « expérience narrative » où tu dois juste te balader en bougeant la caméra, et appuyer de temps en temps sur la touche action, en suivant consciencieusement les indices pour faire progresser l’histoire, ça n’en fait pas un game system, les gars. Parce qu’en plus, vous n’étiez pas si loin d’être agréables dans votre démarche en ne nous infligeant pas trop de cinématiques, mais comme y a pas de jeu, y a pas de rythme dans l’action. Comme y a pas de rythme, bah on se fait chier. Et comme on se fait chier, cela veut peut-être dire que vous auriez peut-être du faire un film ? Ah, mais non, parce que vous avez envie de surfer sur la vague de cette négation du média qui continue de progresser en « inspirant » des messieurs comme Grutolla, qui se gargarisent sur leur scénario efficace mais pas bien finaud, en prétextant faire « réfléchir et procurer des émotions » . En l’occurrence, c’est assez réussi. Vous avez une constance, vous, les créateurs de génie : vous m’emmerdez invariablement.
Mais vous me faites ressentir aussi une autre émotion : la colère, parce que vos blablas pseudos intellectuels. « Quelle est la place du joueur dans le jeu vidéo ? Quel est l’impact de la relation établie entre le protagoniste et le joueur ? Est-ce que la pseudo-liberté du média est là pour nous tromper sur sa nature profonde de loisir chronophage et stérile ? … » . Je vais y répondre en environ trois mots : je m’en branle. Littéralement. Arrêtez de me prendre pour un nourrisson sans éducation et sans recul sur le média. J’en ai assez de recevoir la leçon de pseudo-narrateurs qui eux aussi ont lu du H.P Lovecraft, et qui pensent que le média peut se passer du gameplay et du skill pour s’anoblir.
Parce que la vérité, mes petits potes, c’est que vous avez peut-être des idées qui sont viables, mais pas sous cette forme. Vous voulez parler de sujets graves ? Trouvez une idée de gameplay qui soutient votre idée de narration et, ô surprise, vous allez alors débloquer l’achievement « game designer compétent » . Un succès que je vous recommande d’afficher fièrement par la suite, et de respecter par la création de jeux vidéo intéressants, et non de « films, mais en fait c’est pas vraiment des films, parce que le spectateur il est aussi cameraman… » . Je ne suis pas cameraman. Vous n’êtes pas cinéastes. Respectez-vous bordel ! C’est quoi le problème ? On vous juge parce que vous êtes game designer, et que c’est moins reconnu qu’un autre média ? Alors répondez aux railleries par une maîtrise de votre art. Enfin, je ne sais pas, ça vous intéresse vraiment de faire du faux jeu vidéo, juste pour faire plaisir à des gens qui n’ont même pas conscience que c’est un média à part entière et non une foutue variante du cinéma ?
Je vous le dis : vos jeux, vos simulateurs de marche, ils sont nocifs, parce que, les gars, vous êtes des anciens de People Can Fly ! C’était bien Painkiller. C’était très sympa Bulletstorm. Pourquoi vous tournez-vous vers ça, alors que vous pourriez essayer d’autres genres dans le jeu vidéo ? C’est plus facile à faire ? Cela plaît aux journalistes qui ont envie de se faire passer pour des intellectuels ? Cela plaît aux joueurs qui tiennent ce genre de discours « non mais t’façon, les jeux vidéos sont trop répétitifs, les trucs narratifs ont un sens au moins » . Ah, parce que maintenant se balader dans des environnements semi-ouverts avec des scripts, c’est le nec plus ultra du renouvellement d’une expérience ? Première nouvelle !
J’ai ça sur le cœur depuis pas mal de temps, mais il est temps que ça sorte : toutes les expériences « interactives » sensées être « très subtiles » , « très intelligentes » n’arrivent même pas à la cheville de l’intérêt narratif et thématiques d’un Fallout. Voilà. On crève l’abcès : vos jeux narratifs se centrant sur l’écriture ne sont même pas capables de proposer mieux qu’une série de titres affichant à côté un game system ainsi qu’un environnement sur lequel le joueur a une incidence. Conclusion : vous allez chercher dans des expériences dont le seul intérêt est une écriture qui va du médiocre au réussi, ce que vous pouvez trouver dans certains vrais jeux vidéo avec un véritable game system. Si vous faites partie de cette catégorie de personnes qui me sortent des « Ouais mais moi j’aime pas les jeux où le gameplay est trop présent, je préfère me faire porter par l’histoire… » , je n’ai qu’une seule réponse en trois mots : regarde un film.
Mais vous allez finalement me dire : « Mais ce genre d’expérience plaît, donc pourquoi il ne pourrait pas exister en marge des jeux plus conventionnels ? » . Parce que ce n’est pas du jeu vidéo. C’est tout. Ce n’est même pas du point’n click, ni même de l’aventure. C’est un nouveau genre qui n’a ni sens ni intérêt ludique, et qui se nomme walking simulator. On en est là. La presse et les joueurs encensent des jeux linéaires (… Ethan Carter ne prend pas par la main, mais c’est très dirigiste malgré tout) et prétentieux, qui traitent de thématiques avec une vision cinématographique de la chose, tout en revendiquant être des jeux vidéo. Ça n’a juste aucun sens. Et j’en ai assez. Je ne veux plus jamais voir ça. Il y en a déjà une chiée sur Steam de ces expériences, et il y a toujours un public pour se masturber sur les réflexions stériles de ces titres, mais surtout sur la puissance de leurs tours ou de leurs consoles (… l’expérience est à subir sur PS4 aussi) qui affichent des beaux graphismes.
La différence entre une expérience comme celle-ci et un jeu narratif, c’est le gameplay, même aussi succinct d’un Journey. On a juste à gérer la vitesse et la durée de notre envol dans le titre de ThatGameCompany, mais ce simplissime système de jeu amène à une maîtrise et un intérêt ludique réel, qui fini sur une apothéose d’émotions, faisant de ce jeu un excellent jeu narratif, là où Ethan Carter est juste un benchmark avec une histoire. Je ne me suis certainement pas fait des amis aujourd’hui, mais je tiens à dire que si vous encouragez l’industrie à se tourner sérieusement vers ce genre de titre, ne soyez pas ceux qui critiqueront David Cage parce que pour le coup, ce serait vraiment hypocrite.
Voilà. C’était mon point de vue sur le beau, mais court, mais quand même interminable The Vanishing Of Ethan Carter, qui gagnera surement en intérêt en VR. Un voyage très joli dans un univers plat, qui ne propose ludiquement et narrativement pas grand chose de pertinent, mais qui a été vu comme un truc vachement bien parce que « s’il n’y a pas de jeux, c’est qu’il y a forcément autre chose » . Or, Ethan Carter est bien plus vide en intérêt qu’un jeu médiocre comme Ryse, parce qu’ils sont peut-être très jolis ces deux gaillards, mais là où il est possible de s’amuser dans le deuxième, c’est vraiment hautement improbable dans le premier.
Tags The Astronauts
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